Publié le 14 Nov 2018 - 20:22

Les limites d’une coopération

 

Le Sénégal a encore beaucoup d’efforts à faire pour absorber les fonds mis à sa disposition par la Banque mondiale.

 

La revue conjointe entre le Sénégal et la Banque mondiale a eu lieu hier à Dakar. Louise Cord comme Amadou Ba se sont félicités de l’augmentation conséquente et  diversifiée des apports de la Banque mondiale (Bm). Ce qui la place parmi les premiers partenaires du Sénégal. Cependant, malgré la mobilisation des fonds, les partenaires restent confrontés à la difficulté de la mise en œuvre des projets, imputable essentiellement à la partie sénégalaise.

C’est du moins ce qu’affirme Mme Cord. Elle reproche au Sénégal les retards de paiement des fournisseurs et entreprises, le non-respect des politiques de sauvegarde environnementales et sociales, ainsi que les tensions de trésorerie qui limitent la possibilité de mobilisation de la contrepartie nécessaire à la réalisation des projets. Il s’y ajoute la difficulté d’obtenir les contrats d’approbations entre le ministère des Finances et les autres départements sectoriels. ‘’Cela limite le potentiel de notre programme pour produire l'ensemble des résultats complets et des impacts attendus, créant des demandes de prolongation - qu'il sera difficile de satisfaire -  et des retards dans l’exécution des projets’’, regrette-t-elle. La Banque mondiale n’apprécie pas ‘’l’appropriation insuffisante’’ des ministères de tutelle. De même, elle regrette ‘’la conception trop ambitieuse de certains projets’’.

Compte tenu des niveaux d’exécution, la Bm a décidé de se concentrer désormais sur quelques projets dans les secteurs clés où elle peut avoir une plus grande valeur ajoutée. L’institution internationale compte aider le gouvernement à renforcer ses capacités en la matière, afin de faciliter les décaissements. Elle n’a pas d’ailleurs manqué d’inciter le gouvernement à traduire en actes concrets les conclusions des travaux sous forme de solutions aux contraintes afin de rendre excellent le portefeuille de la Banque mondiale au Sénégal.

30 projets actifs dont 9 communautaires

Amadou Ba, lui, voit plutôt un verre à moitié plein. ‘’Les différents projets du portefeuille enregistrent des taux d’exécution satisfaisants, ces dernières années. (…) De même, les retards déplorés il y a quelques années dans l’instruction des dossiers de marché ont connu une sensible amélioration…’’. Le ministre des Finances dit avoir ajouté 6,5 milliards de plus au montant initial et a donné des instructions pour que la mobilisation des contreparties se fasse dans les délais. L’enveloppe de la banque comprend 30 projets actifs dont 9 communautaires. L’institution intervient dans l’éducation, la santé, l’emploi, l’énergie, le transport, entre autres secteurs.

Par ailleurs, le ministre Amadou Ba s’est félicité de la contribution de la banque dans la croissance du Pib au Sénégal projetée à 7,0 % en 2018 contre 6,9 % en 2019.

Mais, selon Mme Cord, ce qui compte, c’est plus l’impact des projets dans la population, c’est-à-dire la lutte contre la pauvreté. ‘’Les études suggèrent que le pays a besoin d’une croissance soutenue - pas nécessairement des pics de croissance élevés - pour réduire la pauvreté. Nous accompagnons le Sénégal à mettre en place des réformes structurelles nécessaires pour renforcer sa compétitivité et une croissance inclusive’’, indique Mme Cord.

Persuadés que la croissance n’a pas d’avenir si elle est portée par l’Etat, Mme Cord et Cie veulent soutenir davantage le secteur privé. C’est ce qui fait qu’elle accorde une importance capitale aux projets qui nécessitent un apport de financement de la part des entreprises adjudicataires. C’est le cas du Bus rapide de transit où la Bm met 150 milliards de francs Cfa et le privé apporte 30 à 35 milliards de francs Cfa.

Différence de chiffres

La revue conjointe entre le Sénégal et la Banque mondiale a révélé que les deux parties n’ont pas forcément les mêmes chiffres. Hier, alors que le ministre des Finances a parlé de 1 710 millions de dollars Us, soit environ 977 milliards de francs Cfa, le directeur des Opérations de la Banque mondiale, Louise Cord, elle, soutient que l’enveloppe s’élève à 2,13 milliards de dollars en 2018, soit environ 1 065 milliards de francs Cfa. Ce qui fait une différence de 88 milliards. Il n’est pas certain que le taux de change du dollar suffit à expliquer cet écart.

BABACAR WILLANE

 

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