Publié le 30 Oct 2012 - 22:35
POST-POINT

Apr, un bébé prématuré

 

 

L'Alliance pour la République (APR) a-t-elle mal grandi avec la victoire inattendue de Macky Sall à l'élection présidentielle du 26 février 2012 ? Est-elle arrivée au pouvoir un peu trop vite ? Serait-elle un bébé prématuré ? L'humiliation qu'elle vient de subir à travers le large remaniement ministériel du 29 octobre tendrait à donner accréditer toutes ces interrogations. En perdant Mbaye Ndiaye (Intérieur) et Alioune Badara Cissé (Affaires étrangères), le parti présidentiel subit un échec retentissant avec l'élimination politique (momentanée) de deux de ses (rares) éminences grises qui ont participé à l'éclosion de Macky Sall.

 

Ce double limogeage ne préfigure pas forcément une crise politique interne, mais il met en lumière plus fondamentalement la pénurie de cadres politiques qualifiés et ayant assez d'épaisseur pour accompagner les projets du président de la République. Le slogan «La patrie avant le parti» est sans doute propice comme argument de communication politique pour donner un visage rassembleur au chef de l'Etat. Mais ne serait-il pas plus simplement l'expression d'un réalisme primaire qui tient d'abord compte des rapports de forces politiques entre le pré-carré du président de la République stricto sensu et l'ensemble des autre forces vainqueurs d'Abdoulaye Wade susceptibles de se muer en une très forte opposition ?

 

L'histoire a montré qu'un parti politique crédible, puissant, sérieux et attractif peut se construire suivant trois modèles et avec des leaders charismatiques : dans la durée (exemple du Parti socialiste au Sénégal ou en France), dans l'épreuve de la guerre ou des révolutions (anciens partis communistes du bloc soviétique ou Parti communiste chinois), et dans la mutation (Union pour une majorité populaire – UMP – en France, une transformation du vieux Rassemblement pour la République – RPR – de Jacques Chirac).

 

Avec un peu plus de trois ans d'existence, l'Alliance pour la République n'est pas en mesure de gouverner seule le Sénégal. Sa jeunesse, son inexpérience de l'Etat et son manque de bagout, y sont certes pour quelque chose, mais il y a aussi et surtout en amont la personnalité de son fondateur dont le manque d'explosivité et de charisme constituera longtemps encore un frein perturbateur à son ascension. Sous cet angle, il est peut-être temps pour Macky Sall de prospecter sur le champ politique aux fins de mettre en branle un système de fusions-acquisitions avec des partis politiques lilliputiens... Ce qui ne réglerait pas pour autant la maladie infantile dont souffre l'Apr.

 

 

Par MOMAR DIENG

 

 

 

 

 

 

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