Publié le 20 Jun 2013 - 18:23
POST-POINT par MOMAR DIENG

Macky Sall, Président sous influence

 

Le drame de Wade, c'est d'avoir été autocrate autoritaire et affectif qui finit par sombrer dans les limbes d'une folie de pouvoir jamais guérie. Le risque que court Macky Sall, à l'épreuve du pouvoir depuis quinze mois environ, c'est de finir en gentille marionnette, bouffé par des forces économiques contraires qui ceinturent les allées et la périphérie d'un pouvoir qu'il est censé exercer en toute indépendance au service des intérêts supérieurs des Sénégalais.

Alors que le pays va mal, «très mal même», précisent certains, le président de la République n'arrête pas de nous renvoyer l'image d'un homme à la puissance rognée de jour en jour par d'obscurs éléments de pouvoir décidés à lui imposer leur agenda et leur vision étriquée du Sénégal.

Il s'entoure de «conseillers» d'affaires et d'investissements présumés capables d'apporter de la valeur ajoutée à son «programme» de gouvernement. Mais, dans le même temps, ces derniers, militants originels intransigeants de leurs intérêts économiques, sont obligés d'affronter d'autres forces économiques peu désireuses de se laisser tuer sur le terrain de la concurrence ! Apparemment, ce conflit d'intérêt patent et flagrant, tiré d'une alchimie doctrinale sans équivalent au monde sauf dans les régimes autoritaires de droite conservatrice, ne dérange pas le chef de l'Etat. Mais par rapport à ce qu'il peut être tiré de l'Histoire comme enseignement, c'est un signe de capitulation rampante qui, à défaut d'abréger immédiatement l'exercice du pouvoir, inocule l'impuissance dans la durée. Il est peut-être temps que les Sénégalais le sachent ici et maintenant : le chef de l'Etat est un homme sous influence.

Rien ne bouge ? Disons que tout bouge à peine ! Le gouvernement ne peut plus s'arc-bouter sur le legs de Wade pour expliquer l'immobilisme actuel dans le fonctionnement normal du pays. L'argument est devenu un cash-sexe éculé tant la crise est globalisée dans notre pays. Observateurs et experts, ni politiciens ni nihilistes, constatent de concert l'existence de sérieux problèmes de compétences, de savoir-faire et de prise en charge des préoccupations essentielles de la population, car les incompétences se sont révélées concrètes dans l'équipe ministérielle, à commencer par le premier d'entre eux.

Or, le chef de l'Etat, attentiste, refuse d'agir, où ne peut pas agir, pris dans l'étau des lobbies qui peuplent et surveillent son palais, privilégiant de plus en plus les cérémonies protocolaires en quelques coins de la planète, recevant les honneurs d'ici et d'ailleurs, et trouvant même le temps d'aller décorer une sous-ministre de la République Française considérée comme un modèle pis-aller, jusque dans l'institution politique locale où elle siégeait.
La question d'il y a six mois que posait EnQuête est plus prégnante que jamais, faute de réponse opérationnelle : «Où va Macky Sall ?»

POST-POINT par MOMAR DIENG

 

 

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