Publié le 5 Feb 2013 - 16:30
POST-POINT Par MOMAR DIENG

Rewmi/Apr, un conflit bienvenu !

 

Compter les coups, s'en délecter et en espérer tant d'autres aussi longtemps que la situation politique au Sénégal ne se sera pas normalisée. C'est tout le bien que l'on peut souhaiter à la démocratie sénégalaise à l'orée de cette bataille de nerfs qui oppose Rewmi à l'Alliance pour la République. L'opinion publique nationale a pu comprendre que, face à Abdoulaye Wade, les partis et organisations membres de l'ancienne opposition d'avant le 26 février 2012 aient uni leurs forces pour terrasser le Parti démocratique sénégalais. L'opinion a pu accepter que ces mêmes forces aient été contraintes de prendre leurs précautions pour «sécuriser» et «consolider» l'alternance du 25 mars 2012.

 

Mais, il faut le reconnaître, les méthodes utilisées pour parvenir à ces objectifs stratégiques ont été mises en œuvre au prix d'un musellement stratifié de l'activité démocratique dans l'espace public. Dans l'euphorie de la victoire, gagnés par un début d'arrogance, des secteurs de la mouvance présidentielle incarnée par Benno Bokk Yaakaar ont confisqué les débats démocratiques et d'orientation en disparaissant des écrans – et le stratagème perdure jusqu'à présent. Leur candidat Macky Sall devenu président de la République, ils ont abandonné la Politique pour jouir des dividendes de leur engagement décennal contre l'ancien régime.

 

Alors, quand Idrissa Seck sort du bois, remet en cause la sacralité de la gouvernance en vigueur, identifie ses manquements et en appelle au respect de certains principes élémentaires, il fait revenir la Politique dans l'espace public. On l'applaudit ! Le maire de Thiès n'est pas à proprement un saint à vénérer, ni un modèle inattaquable, mais en prenant des risques conflictuels avec un allié puissant, détenteur de tous les pouvoirs, il accomplit une œuvre de salubrité publique qui échoirait pourtant à ces franges du pouvoir qui, pendant douze ans, et avec une belle constance, ont affronté Abdoulaye Wade et son régime, et résisté à leurs coups de boutoir.

 

Dans une posture qui n'a d'issue que dans une implosion à venir, les initiateurs de Benno Siggil Senegaal (BBS) ont fait le choix de vendanger à prix coûtant tout le bénéfice d'une stratégie de combat qui aura eu raison des Libéraux. Le sabordage de BSS, à la veille de la présidentielle de l'année dernière, leur avait déjà obstrué le chemin du Palais de la République. L'aveuglement incompréhensible, qu'ils cultivent depuis la victoire de Sall, risque de les renvoyer dans une autre opposition. Durablement.

 

Après Macky Sall et son mandat en cours – qui pourrait être suivi d'un second – Idrissa Seck dévoile courageusement ses ambitions, tente d'en assumer la difficulté dans un contexte d'alliance, aidé en cela par la situation «compliquée» des autres ténors de la mouvance présidentielle : le Parti socialiste (PS) qui serait en phase de transition vers un nouveau leadership et l'Alliance des forces de progrès (AFP) dont le déclin électoral ne semble pas vouloir s'arrêter. On ne le dira jamais assez, la nature a horreur du vide !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Section: