Publié le 6 Sep 2014 - 04:11
POUR SAUVER SES RELATIONS AVEC LA CHINE

L'Afrique du Sud refuse le visa au Dalaï Lama

 

Soucieuse de ne pas compromettre ses bonnes relations politiques et économiques avec la Chine l'Afrique du Sud s'apprête à refuser de nouveau un visa au Dalaï Lama, invité à un sommet des prix Nobel de la paix au Cap en octobre.

Une porte-parole du Dalaï Lama a affirmé à l'AFP avoir été informée par téléphone, par le gouvernement sud-africain, que le pays "ne serait pas en mesure d'accorder ce visa parce que cela perturberait les relations entre la Chine et l'Afrique du Sud".

Tout comme en 2011, lorsque le Dalaï Lama avait été empêché de participer aux festivités du 80e anniversaire de Desmond Tutu, le gouvernement sud-africain n'a pas formellement signifié son refus. "La demande de visa sera traitée conformément à la procédure normale. Les autorités compétentes communiqueront ensuite avec le demandeur", a laconiquement commenté jeudi le ministère sud-africain des Affaires étrangères.

A l'époque, les autorités sud-africaines avaient simplement omis de répondre à la demande de visa, empêchant de facto la visite du Dalaï Lama à son ami Tutu, ex-archevêque anglican du Cap.

Desmond Tutu avait fait une violente colère, accusant le gouvernement d'être "pire que celui de l'apartheid. Et à l'issue d'une action en justice intentée par l'opposition, la Cour suprême sud-africaine avait déclaré "illégal" le refus d'accorder un visa au religieux tibétain.

A l'époque, le pouvoir s'était justifié en arguant de l'intérêt national. La Chine, omniprésente presque partout en Afrique, est le plus important partenaire commercial de l'Afrique du Sud, avec des échanges qui s'élevaient à plus de 21 milliards de dollars en 2012.

L'Afrique du Sud fait en outre partie avec la Chine du groupe des Brics, (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) les pays émergents les plus influents.

"Dangereux séparatiste"

Le leader spirituel tibétain, prix Nobel de la paix 1989, est considéré par les dirigeants chinois comme un dangereux séparatiste. Et la Chine fait pression, sur tous les pays du monde, pour qu'ils n'accueillent pas sur leur sol le chef spirituel bouddhiste, âgé de 79 ans.

Le Dalaï Lama devait participer en octobre au Cap à un sommet mondial des prix Nobel de la paix, organisé par les fondations de quatre prix Nobel de la paix sud-africains: Desmond Tutu (1984 - pour son opposition à l'apartheid), Nelson Mandéla (1993 - pour avoir négocié le retour à la démocratie), FW de Klerk (1993 - dernier président blanc, pour avoir négocié avec Mandela) et Albert Luthuli (1960 - président de l'ANC, pour sa lutte non-violente contre l'apartheid).

Ce sommet doit célébrer les 20 ans de la démocratie sud-africaine, depuis l'élection de Nelson Mandela à la présidence en 1994.

Treize personnes et huit organisations lauréates du prix ont déjà confirmé leur présence, dont l'ancien président soviétique Mikhail Gorbatchev, en plus des deux Nobel sud-africains encore en vie, Desmond Tutu et Frederick de Klerk. Selon le directeur exécutif de la fondation de Klerk, contacté par l'AFP, refuser de nouveau un visa au Dalaï Lama serait "l'antithèse des valeurs de notre Constitution".

Opposé à l'idée d'un boycott des festivités par les prix Nobel, il estime en revanche que "la meilleure méthode serait de venir au sommet, de célébrer le 20e anniversaire de notre démocratie, et là, de profiter du sommet pour exprimer clairement toutes leurs opinions" à propos du traitement réservé au Dalaï Lama.

AFP

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