Publié le 28 Jun 2016 - 01:49

Pour solde de tout compte 

 

Coïncidences ? Ou la main de Dieu ? Le destin, le simple hasard ? Je n’en sais rien du tout ! Mais le fait est cependant bien là, curieux, étonnant et stupéfiant même : c’est le jour du ‘’Brexit’’ que Karim Meissa Wade a reçu son exeat c’est-à-dire sa grâce et la levée d’écrou qui s’en est suivie. Ainsi il est sorti de prison, de Rebeuss donc, au moment même où la Grande Bretagne, sa patrie d’adoption (il en était résident permanent) sortait elle de l’Europe dont elle était membre depuis 1973 !

Une autre coïncidence, pour faire simple, c’est que cette libération s’est faite un 23 juin, date importante et symbolique s’il en fût jamais. Il y faut méditer aussi. En attendant, la situation objective de Karim est la suivante : il est sorti après avoir ‘’négocié’’, toute chose qu’il avait juré de ne jamais faire. Il n’a pas été amnistié, bien sûr, et ne le sera probablement jamais. Lui et ses amis se retrouvent déjà ‘’pauvres’’ de plus de 50 milliards Cfa, ce qui n’est pas rien quoique que certains puissent penser ou en dire !

Dans cette affaire, il fallait et il faut, plus que jamais, garder l’esprit clair et le sang-froid. Personne, en fait, de responsable je veux dire, ne voulait dans ce pays la mort du ‘’petit cheval’’, du pécheur au sens littéral et physique s’entend. Bien sûr que les pratiques de Karim Wade étaient détestables, ses buts inavouables et son modèle haïssable ! On ne l’a qu’assez dit ici comme ailleurs ! La très grande majorité des Sénégalais étaient aussi de cet avis qui ont refusé à son père le troisième mandat qui lui aurait permis de réaliser le rêve qui était le sien : à savoir de pouvoir se perpétuer au pouvoir à travers son propre rejeton ! Exit ainsi le projet de dévolution monarchique et c’est un 23 juin que cela est arrivé. Il y a cinq ans de cela, jour pour jour ? Pour l’anniversaire de cette défaite à jamais historique de son père et de lui-même, Karim Wade a été libéré lui qui, entre-temps, avait été arrêté, jugé et définitivement condamné à séjourner bien à l’ombre aux cent mètres carrés de Rebeuss ! Etait-ce hasard aussi que le choix de cette date, de cette nuit ?

J’y vois, pour ma part, une forme d’humour, assez féroce sinon noir franchement qu’il faut savoir, lire et apprécier telle qu’il est : au second degré. C’est qu’en l’espace de cinq années, Karim Meissa Wade est passé du statut de tout-puissant héritier présomptif à celui, non pas de délinquant, mais de détenu de droit commun bénéficiant d’une grâce présidentielle ! C’est une très grande leçon de vie qui montre, presque et jusqu’à la caricature, combien ainsi que je le rappelais encore l’autre fois, combien donc le Sommet ‘’peut-être proche du gouffre et des abysses et le Capitole d’où l’on régnait de la Roche Tarpéienne sur laquelle l’on venait se fracasser une fois qu’on y avait été jeté !

Quid maintenant de Karim donc ? Le voici libre après trois ans, plus ou moins, de prison et il est parti sans un mot, sans un regard pour personne ou quiconque et convoyé, nuitamment et par avion privé, vers le Qatar ! Certains ont trouvé cela cavalier moi pas parce que cela m’a semblé devoir aller sans dire : on ne peut pas accepter le bénéfice d’une grâce présidentielle et se livrer le même jour à des troubles de l’ordre public ! Et c’est ce qui se serait immanquablement passé si Karim qui a passé ses trois années de cachot à chauffer ses adhérents s’était amusé à s’organiser une ‘’marche bleue’’ pour ‘’fêter’’ sa libération.  D’où son ‘’exfiltration’’ en mode ‘’express’’.

Si les gens, ses adeptes je veux dire, voulaient réfléchir un peu à tout cela, peut-être comprendraient-ils jusqu’à quel point ils sont et manipulables et manipulés !

Plein de personnes ont subi des pertes, des désagréments, des ennuis ou des blessures de toutes sortes du fait de l’attachement, sincère pour certains, qu’ils avaient pour Karim Wade, qu’en est-il aujourd’hui ? Elles sont, ces personnes, en plein veuvage car s’il est bien vrai que Karim soit dehors, ce n’est pas seulement de Rebeuss mais du Sénégal aussi ! Il serait encore au Qatar où il a encore quelques bons amis à ce qu’il semble.

Il risque, cependant, d’y rester longtemps car pour ce qui est de Londres, l’onde du Brexit ne fait que commencer et Karim qui y était employé et résident va devoir dire bientôt adieu aussi bien à son ‘’job’’ qu’à son titre de séjour ! Le Français, qu’il est, ne devant plus avoir droit de cité automatique à la City de Londres. Sombre perspective et d’autant plus que toute épargne libellée en livres sterling va subir la dépréciation violente que va connaître la devise britannique qui fut pendant longtemps pourtant l’une des mieux cotées au monde ! Ce Brexit concomitant de sa levée d’écrou, c’est une vraie tempête sur la tête de Karim Meissa Wade puisque tous les paradis fiscaux qu’il connaissait ou pratiquait -Monaco excepté- depuis sa City de Londres naviguaient dans le sillage de la livre Sterling laquelle, désormais va trembler sur ses bases.

‘’Libre mais pauvre’’, je ne sais plus qui s’interrogeait ainsi l’autre semaine à propos de l’avenir qui attendrait maintenant Karim Wade. Il n’avait pas envisagé ou pensé au Brexit, mais était-ce seulement possible ? C’est comme si c’était Dieu lui-même qui s’acharnerait sur le fils de Wade qui n’aura été libéré de prison que le jour même où son monde s’effondrait ! Il ne faudrait toutefois pas trop dramatiser : il n’est pas fauché ‘’et il ne le sera pas ! Ses amis qataris seront là pour lui : ce ne sont pas des ingrats et il leur avait rendu bien des services signalés. Ils seront là pour lui, je crois du moins tant qu’il aura la sagesse de se résigner à ne rester, désormais, que dans la sphère privée. L’intelligence en politique comme dans la vie ou les affaires d’ailleurs, c’est de savoir qu’au bout du bout et, pour tout dire, du compte, certains comptes justement doivent être soldés et gagnent à l’être une bonne fois pour toutes ! Définitivement ! 

 

Section: