Publié le 20 Nov 2019 - 03:21
PR. LUC SARR, CONSEILLER-POLITIQUE DU PRESIDENT

‘’Jamais de la vie le régime ne va protéger Bougazelli’’

 

L’Alliance pour la République est-il en train de lâcher le député Seydina Fall Bougazelli ? Tout porte à le croire, même si, jusqu’ici, le responsable ‘’apériste’’, empêtré dans une histoire de faux billets de banque, circule librement. Selon le conseiller politique du président de la République, Luc Sarr, étant donné que cette affaire relève du domaine privé, l’Apr n’a rien à y voir. Entretien.  

 

L’actualité reste dominée, ces temps-ci, par cette affaire de faux billets qui implique votre camarade de parti, le député Seydina Fall alias ‘’Bougazelli’’. Quel est votre avis sur la question ?

C’est triste de voir cette situation, mais j’avoue que je n’en sais pas beaucoup. Il y a beaucoup de choses qui sont dites. Ce que je sais, c’est que la justice s’en est emparée. Je fais confiance en la justice du Sénégal et je sais qu’elle fera tout ce que de droit. Et comme cette affaire est pendante, en parler ne serait pas juste. Les décisions qui seront prises feront l’objet de commentaires.

Entendu dans un premier temps, l’accusé n’a pas déféré à la deuxième convocation des gendarmes en charge de l’enquête. Serait-il protégé par le pouvoir ?

Jamais de la vie ! Est-ce que vous êtes sûr qu’ils refusent de déférer à la convocation ? Dès lors que je ne sais pas, je ne maitrise pas cette question, il ne me semble pas juste d’en parler. Pour quelle raison n’est-il pas venu et qu’est-ce que la justice prévoit en de telles circonstances ? Je ne sais pas.

Qu’est-ce qui est prévu par votre parti, en de telles circonstances ?

Le parti ne se prononce pas sur cela, car ce sont deux questions différentes. Le parti s’intéresse aux questions politiques et aux questions liées au développement du Sénégal. Pour les questions d’ordre privé, je crois que ce ne sont pas les affaires du parti.  

La Convergence des cadres républicains (Ccr) a profité de son panel organisé le week-end passé pour lancer un mensuel dénommé ‘’Idées et perspectives républicains’’. Quelle sera son utilité ?

Nous sommes dans un contexte très particulier, sur le plan mondial comme national, où l’information est la clé de voûte, non seulement du pouvoir, mais également le principal vecteur d’accès aux populations quelles qu’elles soient.  Nous pensons que nous sommes dans l’ère du temps et épousons les principes fondamentaux de la réalité, d’une part, et d’autre part, nous avons un journal qui a beaucoup de vocations.

Lesquelles, par exemple ?

Il faut un journal qui explique ce que nous faisons, qui clarifie nos différentes positions liées aux idées que nous défendons et des lignes que nous proposons aux Sénégalais dans la gouvernance. Il faut que les Sénégalais sachent exactement ce que nous voulons, où voulons-nous les mener.  En quels termes et sur la base de quel agenda.  C’est également un journal qui est dans le combat politique, dans un contexte politique pluriel, qui est capable de montrer au grand jour la capacité collective des éléments structurant du pouvoir. 

Est-ce un média qui sert à encadrer la communication du gouvernement et du parti au pouvoir ?

Nous avons pour objectif de prolonger et non d’encadrer ce qui se fait et de l’approfondir au besoin. C’est un élément complémentaire versé dans la corbeille de la communication globale de l’espace politique.

Avant ce médium, il y avait une cellule de communication de la coalition Benno Bokk Yaakaar et d’autres structures. Qu’est-ce qui va changer avec ce mensuel et à quoi peut-on s’attendre ?

D’abords, il faut préciser que ce mensuel est un instrument de l’Alliance pour la République (Apr) et non de la coalition.  Nous sommes dans les frontières de l’Apr, pour éviter toute forme de confusion. Nous sommes un organe complémentaire. Vous avez tout à fait raison, nous avons des difficultés dans les communications. Si nous avons trouvé utile de mettre en service cet organe-là, c’est parce que justement, les canaux que nous avons utilisés au niveau de la communication ne nous paraissent pas suffisamment clairs et crédibles pour porter de manière significative le discours politique qui accompagne ce que nous faisons.

Où se situe le problème exactement ?

Je crois que le problème se situe, entre autres, dans l’utilisation d’organes propres. Nous utilisons, la plupart du temps, les canaux traditionnels de communication que nous avons en partage avec toutes les forces politiques. Ces moyens de communication ne traitent pas uniquement des questions propres à l’Alliance pour la République. A cette information plurielle, nous voulons une information singulière. Quand la clameur collective est là, il nous est très difficile d’être audible.  

La Convergence des cadres républicains a, pendant longtemps, été en retrait de l’actualité. Qu’est-ce qui explique ce besoin immédiat de sortir de sa torpeur ?

Cette situation nouvelle est liée à plusieurs choses. D’abord, il y a la nécessaire reconfiguration des personnels dirigeants des différentes structures du parti. Le Mouvement des femmes a changé de main ; il est aujourd’hui dirigé par le ministre de la Femme Ndèye Saly Diop Dieng. La Convergence des jeunesses républicaines (Cojer) n’est plus dirigée par Thérèse Faye, mais plutôt par Moussa Sow… C’est le cas pour d’autres structures comme la Ccr. Ce sont ces éléments qui montrent qu’il y a un nouvel élan qui est lié à la volonté politique du président de la République d’intensifier des réformes. Nous sommes dans une quête de réussite du quinquennat qui exige la mobilisation de toutes les forces de communication.  

La Ccr peine à s’implanter dans toutes les localités du pays. Qu’est-ce qui bloque, selon vous ? 

C’est l’une des failles, des faiblesses majeures de la Convergence des cadres républicains (Ccr) qui est née depuis décembre 2009. Et depuis sa création, jamais il n’a réussi à s’implanter de manière durable, visible et opérationnelle dans les différentes localités. C’est vrai qu’il y a des tentatives qui existent, des cadres et des structures qui existent dans les régions. Il faut avouer que ces structures, malgré toute la bonne volonté de leurs dirigeants, ne sont pas aujourd’hui suffisamment opérationnelles pour peser sur la vie des localités et sur l’ensemble des structures.

Aujourd’hui, cette phase de rectification est en cours pour rendre opérationnelles les structures locales. C’est dans le sens de partager au niveau national les réalisations, en articulation avec ce que nous voulons faire au plan national. C’est l’une des tâches dévolues à la convergence.

Le président Macky Sall a profité de votre panel pour revenir sur les raisons de l’endettement du Sénégal. Qu’est-ce qui explique, selon vous, ces précisions qu’il a données ?

Je crois que l’une des principales ‘’critiques’’ faites à notre pouvoir est de dire que le Sénégal a un niveau d’endettement élevé sur un ton alarmiste, à la base du discours de l’opposition.  Le président de la République a montré que le niveau d’endettement du Sénégal est en deçà du niveau exigible dans l’espace Umoa (Union monétaire ouest-africaine). C’est une preuve de la soutenabilité de la dette qui est concrète. En plus, c’est une dette utile, parce que nous sommes un pays sous-développé, tous les secteurs comme l’agriculture, l’élevage sont défaillants. Nous avons l’ambition de développer le pays et nous n’avons pas les moyens de le faire en termes de mobilisation des ressources. Alors, il faut aller les chercher ailleurs, si nous voulons que les maternités ou l’école fonctionnent. Nous allons emprunter pour aller dans le sens de développer.

HABIBATOU TRAORE

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