Publié le 3 Oct 2014 - 16:27
PREPARATIFS DE LA FETE DE TABASKI A KOLDA

La cherté du prix du mouton et des condiments plombe l’ambiance

 

A quelques jours de la fête de Tabaski, des tailleurs déplorent la rareté des clients, tandis que les prix du précieux mouton pour le sacrifice et des denrées de première nécessité ne cessent de flamber sur les marchés de la capitale du Fouladou. REPORTAGE.

 

A l’approche de la fête de l’Aïd el Kébir, la capitale du Fouladou grouille de monde. Les va-et-vient des vendeurs, revendeurs et clients sont incessants au niveau des points de vente de moutons. Les prix varient selon la provenance et la taille de l’animal. Les béliers importés de Koumpentoum, Kidira (Tambacounda), Coumbacara, Médina Yoro Foula, Salikégné entre autres, coûtent plus cher. Amadou Diagne, vendeur de bétail venu de Touba Boyène dans le département de Médina Yoro Foula, explique que ses moutons se vendent entre 700 000 et 100 000, voire 80 000 F CFA. 

Les moutons dits ordinaires sont vendus entre 30 000 et 80 000 F CFA. Madé Dème, vendeur de moutons et habitant de Koumpentoum à Tambacounda, justifie ces prix que beaucoup de clients jugent "exorbitants". "J'achète mes béliers au Mali. Je paie des bergers qui les acheminent jusqu'ici. Il y a également les taxes que nous sommes tenus de payer chaque jour etc., Ce sont tous ces facteurs qui déterminent le prix d'un mouton», explique-t-il.

Du côté des chefs de famille, on est résigné. « Qu'importe le prix du mouton, nous n'avons pas le choix. L'Aïd- el-Kébir arrive une fois par an et le fidèle musulman doit s'acquitter du sacrifice d'Abraham, signe de sa soumission à Allah », estime Moutarou Mballo.

A ces prix élevés du mouton, il faut ajouter ceux des denrées alimentaires. « Tout est cher. Les commerçants augmentent d'un simple coup de tête les prix des produits. Tu peux venir au marché et rentrer bredouille », se plaint Madame Kadiatou Diao, avant d’ajouter qu’au « marché central, le litre d’huile coûte 1 250 francs CFA. Le sac de maïs est vendu depuis trois mois à 12 000 F CFA, alors qu'en temps normal, on pouvait l'acquérir à 8 000 francs. Mais aussi, les commerçants véreux créent des pénuries artificielles en constituant des stocks, puis imposent des prix exorbitants, au grand dam des consommateurs ».

Le mouton sur fond de cherté

Un tissu à la main, Boris Diallo, la quarantaine, se tient devant son atelier de couture. A l’intérieur, ses collaborateurs s’activent, le regard rivé sur leurs machines. «Pour le moment, on ne voit pratiquement  pas de clients. L’année dernière à la même période, je ne prenais plus de  tissus, car j’avais énormément de commandes », renseigne le tailleur qui peut compter sur les femmes. « Mais pour les  hommes, dit-il, j’ai quelques rares commandes et  je suis très inquiet, vu  la situation ».

Les mêmes appréhensions n’habitent pas Boubacar Baldé, un tailleur installé en plein cœur du marché central de Kolda. «Les clients viennent petit à petit. Là, je rends grâce à Dieu. Les femmes préfèrent, pour l’essentiel, des tissus panachés,  notamment le « ganyla » et le brodé coton. Il y a aussi  les tailles basses  et les robes à petit ou gros fil. Pour le moment, ça va», se félicite-t-il. Sur les retards notés dans la livraison des commandes, Baldé rejette la faute sur les clients. « Je pense pouvoir terminer d’ici la veille de la Tabaski. Mais les clients attendent  le dernier moment pour amener leurs commandes, ce qui est source de désaccords et de malentendus».

EMMANUEL BOUBA YANGA (KOLDA)

 

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