Publié le 27 Jan 2017 - 01:48
PRESIDENCE DE LA COMMISSION DE L’UA

Pr Abdoulaye Bathily veut une ‘’Union proche’’ des peuples

 

Candidat à l’élection de la présidence de la Commission de l’Union africaine (Ua) prévue le 30 janvier prochain à Addis Abeba, le professeur Abdoulaye Bathily plaide pour une ‘’Union’’ à l’écoute des peuples africains. Hier, lors de la présentation de son programme à l’Ucad II, l’historien de formation a invité les Africains à affirmer leur identité.  

 

‘’Je voudrais, à la tête de la Commission de l’Union africaine, établir, de manière plus systématique, un mécanisme de concertation, de consultation, avec les acteurs africains, les mouvements sociaux…’’, ambitionne le professeur Abdoulaye Bathily, candidat à l’élection de la présidence de la Commission de l’Union africaine (Ua). A travers cette vision déclinée hier à l’Ucad II, l’ancien leader de la Ld/Mpt, fait état de son programme pour la succession de la Sud-Africaine, Nkosazana Dlamini Zuma, prévue le 30 janvier prochain à Addis Abeba. L’historien de formation, qui milite pour une UA inspirée par les préoccupations des peuples du continent, souhaite qu’elle soit aussi, entre autres considérations, une sorte de ‘’relais’’ avec la diaspora africaine.

‘’Aujourd’hui, les peuples du continent sont entendus par l’UA. Présentement, tout ce que nous faisons est destiné aux jeunes Africains. L’Union africaine doit prendre en compte toutes les préoccupations liées à l’industrialisation du continent, à l’insécurité, etc. Il s’y ajoute le problème de la libre circulation des personnes à l’intérieur du continent. Parce que nous sommes parqués dans nos propres aéroports. Nous nous humilions nous-mêmes. Et on nous parle de souveraineté’’, déplore-t-il. Avant d’inviter les Etats africains à aller vers une ‘’Union des peuples du continent’’.

 Pour Abdoulaye Bathily, il y a une prise de conscience qui se développe en Afrique avec les mouvements sociaux. Ces derniers, remarque-t-il, poussent les gouvernants à aller au dialogue dans le cadre de la gestion des ressources du continent, de la gouvernance. M. Bathily d’ajouter que le contexte actuel est marqué par une ‘’tourmente’’, des ‘’difficultés’’, où de nombreux défis ‘’nous accablent’’. ‘’On ne peut pas trouver de solutions à l’intérieur des Etats-nations forgés par la logique de Berlin. Cette dernière a abouti à ce qu’on a appelé le ‘’partage du continent africain’’. Après les indépendances, elle s’est poursuivie sur le plan politique, économique, etc. Elle doit être remplacée par un nouveau paradigme. Parce que les interpellations du monde d’aujourd’hui nous poussent inévitablement, si nous voulons survivre et compter dans ce monde en pleine tourmente, à l’unité’’, suggère-t-il.

Selon le professeur Bathily, actuellement, tous les acteurs qui comptent, dans ce monde, sont dans cette position qui consiste à former de grands ensembles économiques, politiques, identitaires… ‘’Nous devons engager une nouvelle approche autour des conflits africains avec tous les acteurs de la vie socioéconomique pour faire face aux canaux sur le continent. Ce n’est pas une question individuelle. Il s’agit, pour nous, de mobiliser toutes les ressources humaines africaines pour les arrêter, et que la gestion de ces crises sorte des salles de diplomates pour que tout le monde s’y engage’’, invite-t-il.

 ‘’L’UA connaît d’énormes problèmes’’

 Aux yeux d’Abdoulaye Bathily, les questions économiques sont ‘’fondamentales’’ parce que l’Afrique,  pourvoyeuse de matières non transformées, doit sortir de cette logique. Et, poursuit-il, il faut que les Etats africains, avec une volonté politique, s’engagent à aiguillonner davantage pour relever ce défi.  ‘’Il faut que ces espaces soient créés à travers des projets d’intégration pour que l’économie africaine démarre dans une perspective d’indépendance. Cette perspective d’intégration ne peut être couronnée de succès que si une véritable industrialisation s’engage. Aussi, elle ne peut pas se faire dans le cadre uniquement des espaces territoriaux actuels de nos Etats’’, reconnaît M. Bathily. Au-delà des programmes spécifiques à chaque pays, relève-t-il, il y a nécessité de se mettre ensemble pour traiter les questions de l’énergie, que les matières premières soient transformées sur place. Suffisant pour lui d’assimiler cette question liée à l’intégration en un ‘’vaste chantier’’ autour duquel les chefs d’Etat africains méritent d’être sensibilisés.

De l’Organisation de l’unité africaine (OUA), jusqu’à l’UA, le Pr Bathily estime que les organisations continentales connaissent ‘’d’énormes problèmes’’ d’organisation à revoir. ‘’Il faut que les Etats, les gouvernements…fassent preuve de plus de réactivité, d’unité, dans leurs décisions’’, préconise-t-il.

 Ils sont cinq candidats à la présidence de la Commission de l'Union africaine. Il s’agit d’Amina Mohamed Jibril, 55 ans, ministre des Affaires étrangères du Kenya, par ailleurs diplomate de carrière et juriste de formation ; Pelonomi Venson Moitoi (65 ans), elle aussi, ministre, plus précisément celui des Affaires étrangères et de la Coopération internationale du Botswana. Agapito Mba Mokuy, 51 ans, ministre des Affaires étrangères de la Guinée Equatoriale, est le plus jeune des cinq postulants. Homme politique sénégalais et diplomate, Abdoulaye Bathily est le candidat du Sénégal et de la Cedeao dont les 15 pays ont promis de voter pour lui comme un seul homme. Moussa Faki Mahamat, 56 ans, est,  quant à lui, juriste de formation. Tchadien, il est le ministre des Affaires étrangères de son pays depuis 2008.

PAPE NOUHA SOUANE 

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