Publié le 25 Nov 2020 - 22:41
PRET BANCAIRE

Au moins 90 % des clients déplorent le niveau du taux débiteur

 

Au Sénégal, au moins 90 % des clients des banques déplorent le niveau du taux d’intérêt débiteur appliqué par ces institutions, au moment du remboursement des prêts contractés. C’est ce qu’a révélé, hier, l’expert financier de l’Observatoire de la qualité des services financiers (OQSF), Aliou Diop, lors d’un atelier de sensibilisation des associations sénégalaises de consommateurs sur cette question.

 

Les taux d’intérêt débiteur sont souvent source de ‘’beaucoup de problèmes’’, en termes d’information, de composante et de niveau, selon l’expert financier de l’Observatoire de la qualité des services financiers (OQSF). Aliou Diop, qui présentait la situation hier, à l’occasion d’un atelier de sensibilisation des associations de consommateurs sur la question, a informé qu’’’il y a, au moins, 90 % des clients des banques qui déplorent le niveau du taux débiteur’’.

En ce qui concerne ‘’l’appréciation des clients par rapport au niveau des taux débiteurs des SFD, elle est également très négative, même s’ils appliquent un taux d’intérêt débiteur relativement plus faible que les banques. Environ 78 % des clients des SFD considèrent que les taux d’intérêt sont élevés, voire très élevés. Au niveau des SFD, on se retrouve avec un taux de récrimination de près de 22 % par rapport au niveau d’information sur les conditions de prêts’’, dit-il.

Pour ce qui est de l’information préalable sur le taux effectif global (TEG), l’expert financier indique qu’une proportion de 17,9 % des clients bénéficiaires d’un prêt auprès des banques déclare ‘’n’en avoir pas été informée’’ avant la signature de leur convention de prêt. ‘’De même, 22,9 % des clients interrogés ignorent les taux d’intérêt débiteurs qui sont appliqués sur leurs prêts. Pour les clients des systèmes financiers décentralisés (SFD) 14,3 % n’ont pas reçu des informations sur le TEG, lors de l’octroi du prêt par les SFD. De même, il ressort que 32,1 % déclarent que le TEG leur a été communiqué ‘en un seul chiffre non détaillé’.

Par ailleurs, la mauvaise qualité de l’information fournie sur le TEG est déplorée par 27,5 % des sociétaires qui estiment les informations fournies incomplètes’’, rapporte M. Diop.

Il convient de noter que la transparence en matière de tarification des services financiers recouvre généralement deux dimensions : la teneur de l’information fournie aux clients et les canaux de transmission de cette information. A ce titre, l’exploitation des résultats de la dernière enquête de 2018 par l’OQSF sur les services bancaires, montre que la qualité de l’information fournie à la clientèle est diversement appréciée, avec une proportion de 32 % des clients ‘’personnes physiques’’ qui déclare ‘’ne pas être informée’’ des conditions tarifaires au moment de l’ouverture de leur compte. Le ‘’constat prend davantage de relief eu égard à la complexité de l’information tarifaire qui, très souvent, fait obstacle à sa bonne compréhension par les catégories socioprofessionnelles notamment les plus vulnérables. Ainsi, 40,6 % des clients estiment n’avoir pas reçu d’informations préalables sur les conditions tarifaires de leur banque, au moment de l’entrée en relation’’, lit-on dans le document transmis à la presse à cette occasion.

A ce propos, le secrétaire exécutif de l’OQSF a relevé que la rencontre avec les consuméristes vise à ‘’renforcer’’ la capacité des associations de consommateurs en les dotant de ‘’connaissances nécessaires’’, en instaurant la relation de confiance entre usagers et opérateurs de services financiers. ‘’L’observatoire se donne comme objectif de stimuler un mouvement qui va permettre aux acteurs de l’écosystème de se parler, de se comprendre, d’essayer de lever les équivoques, de jeter ainsi les bases d’une relation mutuellement avantageuse. C’est le meilleur moyen de protéger les intérêts des usagers, dans une relation transparente, non passionnelle et non conflictogène. Je rêve d’un dépérissement progressif des contentieux financiers, d’un accès plus facile au crédit, à une tarification raisonnable et un remboursement plus régulier des crédits octroyés, pour un secteur financier robuste’’, fait savoir Habib Ndao.

Pour sa part, le représentant du ministre des Finances et du Budget, Momar Diop, par ailleurs Président du Conseil d’orientation de l’OQSF, trouve que le renforcement de la qualité des informations contractuelles et tarifaires susceptibles d’intéresser l’usager pendant la relation commerciale avec la Banque ou le SFD, ‘’reste encore un défi à relever’’. ‘’Les organisations consuméristes, compte tenu de leurs diversités, constituent une cible privilégiée, du fait de leurs capacités de se nouer en relais pour assurer la dissémination des outils d’éducation financière à leurs membres et, au-delà, à tous les segments de la population.

Par ailleurs, l’éducation financière constitue l’un des trois piliers de la protection des clients, à côté de l’inclusion financière et de la régulation du secteur qui apparaissent plus que nécessaires pour promouvoir à tous les segments de la population l’apprentissage des rudiments financiers et la diffusion de connaissances minimales permettant à tout usager, client, à gérer au mieux un budget, un crédit et des moyens de paiement’’, témoigne-t-il.  

Aujourd’hui, pour contribuer à l’allégement des coûts de financement et d’exploitation des institutions financières, la représentante du directeur national de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), Astou Diop Ndiaye, a noté que leur institution a pris des mesures et engagé des chantiers. Parmi ces chantiers, la baisse régulière des taux directeurs, l’adoption du pilier 3 de la norme Bale II dans le secteur bancaire, la participation des institutions financières au système de partage des données sur le crédit au Bureau d’informations et de crédits, etc.

MARIAMA DIEME

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