Publié le 19 May 2015 - 15:46
PROCÈS DE HISSEIN HABRÉ, LE 20 JUILLET 2015

Les victimes dénoncent son refus annoncé d’assister aux audiences

 

Hissein Habré a bien l’intention de poursuivre son boycott de la procédure judiciaire enclenchée contre lui, en ne participant pas aux audiences, lors de son procès prévu le 20 juillet prochain. Les victimes y voient un mépris et une fuite en avant.

 

Au moment où l’on s’achemine vers le procès de Hissein Habré, prévu le 20 juillet prochain, l’association des victimes de crimes du régime de Hissein Habré (AVCRHH) monte au créneau pour dénoncer le refus annoncé de l’ex-homme fort tchadien d’assister aux audiences. ‘’Le mutisme affligeant de Hissein Habré ne nous arrêtera pas dans notre détermination’’, souligne l’AVCRHH dans une note parvenue à EnQuête. D’ailleurs, les victimes considèrent cette décision de ne pas participer aux débats comme une insulte aux survivants et aux 40 000 personnes qui ont péri dans son système de mise à mort.

A leurs yeux, Hissein Habré conteste les Chambres africaines extraordinaires créées par le Sénégal et l’Union africaine, parce qu’il veut simplement échapper à ses victimes et à la justice. ‘’Les victimes ont eu le courage de demander justice et de se battre jusqu’à l’obtenir. Hissein Habré, qui a régné comme un dieu sur le Tchad, a-t-il maintenant peur de nous regarder en face, d’écouter nos témoignages, alors qu’il a l’opportunité de répondre de ses actes dans le cadre d’un procès juste et équitable ?’’ se demandent-elles, tout en rappelant que le chemin a été long, depuis le dépôt de la première plainte, il y a 15 ans.

D’ailleurs, Clément Abaifouta, Président de l’AVCRHH, estime aujourd’hui qu’ils ont eu raison d’emprunter le chemin de la justice pour recouvrer leur dignité, plutôt que celui de la vengeance. ‘’Malgré les innombrables obstacles, malgré les menaces et les blocages, nous avons su montrer au monde que notre combat était juste, légitime et noble. La patience, la persévérance et la ténacité ont eu raison du mépris, du mensonge, et de la récupération de la part de ceux qui ont tenté d’enterrer la procédure’’, souligne-t-il. Autre motif de satisfaction : la cour criminelle de N’Djaména a condamné les anciens complices de Habré et l’Etat tchadien à leur verser 75 milliards de francs CFA en réparation. Aussi, prévient le Président de l’AVCRHH : ‘’Nous restons mobilisés tant que l’Etat tchadien ne se sera pas acquitté de ses obligations’’.

Clément Abaifouta termine sur une note d’espoir : ‘’Nous voulons que l’affaire Habré devienne un véritable précédent qui inspire d’autres victimes dans le monde à lutter pour la justice et contre l’oppression et pour que plus jamais dans notre pays – ou dans aucun pays - une telle barbarie ne se répète.’’

Gaston COLY

 

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