Publié le 3 Jun 2017 - 19:02
PROCES DES CHINOISES ACCUSEES DE PROSTITUTION CLANDESTINE

Le ministre de l’Agriculture accusé d’être derrière l’arrestation ‘’illégale’’ des prévenues

 

Les neuf Chinoises arrêtées pour proxénétisme et prostitution illégale à la Cité Isra 1 aux Maristes risquent entre 3 mois et 2 ans de prison ferme. Au cours de leur procès qui s’est tenu hier, devant le tribunal des flagrants délits de Dakar, le ministre de l’Agriculture et son épouse ont été accusés d’être derrière leur arrestation qui, selon la défense, ne se justifie pas.

 

L’affaire des Chinoises arrêtées à la Cité Isra 1 aux Maristes pour prostitution clandestine a été enrôlée hier, devant le tribunal de grande instance de Dakar statuant en matière de flagrants délits. Tout au long de leurs plaidoiries, les avocats des prévenus ont mis en cause le ministre de l’Agriculture, bailleur de leurs clients. Ils ont accusé Dr Pape Abdoulaye Seck et son épouse d’être à l’origine de l’arrestation des 9 Chinoises et du Sénégalais Massamba Bâ. D’après leurs explications, dans cette affaire, il s’agit d’une expulsion forcée et que les prévenues sont victimes de leur refus de quitter la villa qu’elles occupaient. Celle-ci avait été louée par Mme Li Jiling moyennant un coût mensuel de 1,8 million F CFA. Elle avait versé une caution, soit une somme globale de 3,6 millions F CFA.

Mais, au bout de 15 jours, ont renseigné les conseils de la défense, Mme Seck a voulu expulser les locataires, mais ces dernières ont refusé. A en croire la défense, c’est ainsi que leurs clientes ont été taxées de prostituées.  D’après les mentions du procès-verbal de la brigade des mœurs du Commissariat central de Dakar, il y avait d’incessants va-et-vient et de nombreux préservatifs ont été découverts dans la maison. Ainsi Jiling est accusée d’avoir fait convoyer huit de ses compatriotes au Sénégal pour qu’elles exercent la prostitution.

L’opératrice économique chinoise a contesté catégoriquement cette accusation hier, à la barre du Tribunal de grande instance de Dakar où elle comparaissait pour proxénétisme et traite de personnes. Elle a affirmé avoir fait venir ses compatriotes, qui répondaient des délits de séjour irrégulier et prostitution clandestine, pour un travail décent. ‘’Je les ai recrutées par le biais d’une agence chinoise. Elles doivent travailler comme serveuses dans un bar-restaurant moyennant un salaire mensuel de 500 dollars’’, s’est défendue Mme Ji Lijing. Elle a fait savoir qu’elle a également payé le voyage de ses ‘’futures’’ employées venues au Sénégal, entre avril et mai.  ‘’Comment expliquez-vous que vous payez des gens pour des prestations qui n'ont pas démarré ? Ensuite, vous payez 3,8 millions en guise de location. Vous n’êtes pas la Croix-Rouge, même si c'est votre argent !’’, lui a fait remarquer le président Seck Diouf.

Sur la découverte des préservatifs, Li Jiling a expliqué qu’ils ont été utilisés par les deux célibataires du groupe. Un argument qui n’a pas convaincu la représentante du parquet qui trouve cela curieux. Pour la répression, elle a requis 5 ans dont 2 ans ferme contre la proxénète et 3 mois ferme contre les présumées filles de joie. En revanche, elle a demandé qu’elles soient relaxées pour les délits de séjour irrégulier. La parquetière a aussi demandé que Massamba Bâ soit relaxé des chefs de proxénétisme.  Comme à l’enquête, lors de l’interrogatoire d’audience, ce dernier a laissé entendre qu’il n’est qu’un simple interprète souvent recruté par des Chinois pour un travail bien défini.

La défense a plaidé la relaxe, après s’être bien défoulée sur le ministre. Me Ousseynou Gaye estime que le parquet devait se scandaliser de l’attitude du ministre. Par rapport aux faits, il a souligné qu’aucune bouteille n’a été retrouvée, alors que les policiers ont mentionné dans leur procès-verbal que l’alcool coulait à flot dans la maison. ‘’S'il y avait des va-et-vient incessants, la police aurait pu avoir accès à la maison’’, a lancé Me Gaye tout en minimisant le nombre de préservatifs découverts. ‘’On parle d’un nombre important, or il n’y a que 38. Allez dans n'importe quelle chambre de jeunes, vous y trouverez beaucoup de préservatifs’’, a fulminé Me Gaye qui s’est désolé que son client Massamba Bâ ait été ‘’utilisé’’ par les policiers.

Délibéré le 8 juin prochain. 

FATOU SY

Section: