Publié le 29 Jun 2020 - 17:59
PROCES DU MEURTRE DU COMMANDANT TAMSIR SANE

La bande à Peul bou rafet risque la perpétuité 

 

Les verdicts des 3 grandes affaires jugées, lors de cette session de la chambre criminelle de Tambacounda, qui ont été jugés du 24 au 26 juin 2020, seront connus le 2 juillet 2020.

 

La deuxième affaire jugée lors de cette session de la chambre criminelle de Tambacounda, concerne le meurtre du commandant de la brigade de Koumpentoum, lors d’un braquage. Elle a battu tous les records de durée. Débuté le jeudi 25 juillet à 10 h, le procès s’est achevé le vendredi 26 juillet à 7 h. Dans cette affaire, les chefs d'inculpation retenus sont les suivants : association de malfaiteurs, tentative de vol en réunion avec usage de véhicule, effraction, port et usage d'arme et violences ayant entraîné la mort et des blessures, vol en réunion avec effraction contre Idrissa Sow alias Peulh bou rafet, Kékoroba Ba, Doudou Ba dit Demba Sirèye, Moussa Diao et Sidy Diallo, recel de malfaiteurs contre Pathé Ba et détention illégale d'une arme à feu.

Lors des réquisitoires, la défense a tout simplement sollicité l'acquittement pour les sept accusés ou la relaxe au bénéfice du doute. En effet, les avocats de la défense se sont appuyés sur plusieurs éléments qui, à leurs yeux, fragilisent le dossier. D'abord, l'arrestation du présumé chef de bande Idrissa Sow alias Peulh bou rafet. Selon son avocat, Me Siré Clédor Ly, celui-ci a été arrêté chez lui, sur la base d'un signalement. Quelqu'un aurait dit aux gendarmes que son client fait partie des braqueurs. L’avocat de poursuivre qu’avant de suivre cette piste qui a abouti à l'arrestation d'Idrissa Sow, les gendarmes avaient misé sur les appels téléphoniques, entre 00 h et 3 h du matin. Cette piste n'ayant pas donné les résultats escomptés, les gendarmes l’ont abandonnée.

À la suite de son arrestation, la perquisition du domicile de Sow a permis la découverte d’un couteau, un coupe-coupe et une arme de fabrication artisanale appartenant à son père. Selon son avocat, il n’y a rien d'étrange à trouver ces instruments dans une maison. Car ce sont des instruments qu’on utilise pratiquement dans les maisons. Idem pour la moto retrouvée chez son client. Le conseil a aussi réfuté les aveux d'Idrissa Sow. Il a déclaré qu’ils ne sont pas valables, parce qu’obtenus sous la torture. "On est devant la plus grande arnaque judiciaire", a lancé Me Siré Clédor Ly. Pour qui, nous sommes en présence d'"un dossier partisan, parce que la gendarmerie n'a pas été loyale face aux accusés, mais aussi face à la cour". Il fallait juste un coupable.

A croire Me Ly, il n'y a aucun élément d'imputabilité direct ou indirect qui peut rattacher ces accusés aux faits. Et la seule déclaration d'un coaccusé ne peut servir à condamner un accusé.

Le parquet est lui convaincu que les prévenus sont coupables des faits. Il fonde cette thèse sur les résultats de la géolocalisation et des relevés téléphoniques des accusés. Par la géolocalisation, il a été prouvé que, bien que les accusés aient éteint leurs téléphones, au moment des faits, ils étaient localisés, avant le cambriolage à Koumpentoum et ses alentours. Les relevés téléphoniques aussi montrent que les prévenus ont beaucoup échangé entre eux avant les faits. Ensuite, il y a les aveux d'Idrissa Sow et de Kékoroba Ba qui étayent cette thèse. Le modus operandi ne souffre également d'aucune ambiguïté, selon le maitre des poursuites.

Au-delà des armes retrouvées dont un 12 mm, le même calibre que celui qui a tué le commandant Tamsir Sané, il y a aussi les motos retrouvées au domicile des présumés braqueurs. Tous ces éléments portent à croire que cette bande est à l'origine du cambriolage manqué ayant occasionné la mort du commandant.

C'est ainsi que le procureur a requis la réclusion criminelle à perpétuité pour Idrissa Sow alias Peulh bou rafet, Kékoroba Ba, Doudou Ba dit Demba Sirèye, Moussa Diao et Sidy Diallo ; 6 mois avec sursis pour Khoureyssi Diallo et l’acquittement pour Pathé Ba.

Maître Khassimou Touré, avocat de la partie civile, s’est désolé que la défense ait essayé de "souiller la mémoire de Tamsir Sané, en faisant passer ses criminels pour victimes". Il estime que la gendarmerie est compétente pour enquêter sur la mort du commandant, car les faits se sont déroulés dans une zone rurale. Il précise que dans cette recherche de la vérité, la gendarmerie a été appuyée par la brigade de recherches de Tambacounda, mais aussi la section de recherches de Dakar. Donc, en l'espèce, le doute n'a pas sa place.

Dès lors, Me Touré a requis pour dommages et intérêts 300 millions pour la famille du commandant Sané, 30 millions pour les 2 gendarmes blessés au moment des faits dont 15 millions chacun.

Le juge, après avoir écouté les différentes parties, a fixé le délibéré au 2 juillet 2020.

BOUBACAR AGNA CAMARA (TAMBA)

 

Section: