Publié le 16 Oct 2020 - 21:04
PROCES HÉRITIERS DE SERIGNE KHADIR MBACKÉ VS DANGOTE

La valse des milliards  

 

 
L'affaire opposant les héritiers de Serigne Khadir Mbacké à Dangote a été plaidée hier.  Lucas Erik Haelterman, Astou Mbaye, El Hadj Aliko Dangote et Roger Gold Smith sont poursuivis par les héritiers pour association de malfaiteurs, vol, escroquerie, faux et usage de faux et entrave aux droits d'associés à participer aux assemblées générales.
 
 
Hier, à l’occasion du procès opposant les héritiers de Serigne Abdou Khadir Mbacké au riche homme d’affaires nigérian El Hadj Aliko Dangote, c’était la valse des milliards. Tandis que les parties civiles ont réclamé la somme de 5 milliards de francs CFA pour dédommagement, les conseils de la défense ont sollicité la somme de 1,5 milliard de F CFA, soit 750 millions de F CFA pour chacun des deux prévenus ayant comparu, en l’occurrence Lucas Erik Haelterman et la secrétaire Astou Mbaye. Visés par une citation directe, ces derniers, avec Roger Gold Smith, ancien administrateur général de la société, et El Hadj Aliko Dangote, sont poursuivis pour association de malfaiteurs, vol, escroquerie, faux et usage de faux et d'entrave aux droits d'associés à participer aux assemblées générales.
 
Toutefois, seuls Lucas Erik Haelterman et Astou Mbaye ont comparu. Il leur est reproché le fait d'avoir illégalement sorti Serigne Khadir Mbacké, décédé le 10 septembre 2010, de l'actionnariat de la société. Alors qu’il disposait, selon ses avocats, de 10 % des parts. En sus de ces accusations, il est reproché à Dangote et Cie d’avoir changé la forme sociale de Dangote Industrie Senegal, passée d'une société anonyme avec administrateur général, à une société anonyme avec conseil d'administration.
 
Il ressort des éléments du dossier qu’au cours d’une assemblée générale tenue le 2 mars 2012, l’entreprise a été renommée Dangote Cement Senegal. 
 
Interrogée sur son implication dans cette affaire, Mme Mbaye, qui a contesté les faits, a déclaré qu’elle a été convoquée exceptionnellement pour prendre le procès-verbal de l’AG. En ce qui le concerne, Lucas a déclaré que les héritiers avaient été informés de l'augmentation du capital qui s'est justifiée par une perte de 110 milliards de F CFA. Mais l’ex-administrateur séquestre, Abdoulaye Diouf, l'a réfuté, en révélant qu'au début, les responsables de Dangote ne le reconnaissaient pas comme mandataire, puisqu'ils lui avaient fait comprendre qu'ils ne connaissaient pas Khadir Mbacké. Il a ajouté qu'il n’a été convoqué que lorsqu'ils ont décidé de ratifier le protocole de 2012 qui consacrait une géographie du capital. ‘’Je n'ai pas vu d’injection de fonds, ni distribution de dividendes aux héritiers’’, souligne-t-il.
 
Selon Me Mbaye Dieng, ‘’l’escroquerie a commencé par changement de nom’’. A en croire l’avocat, la fraude réside dans l'AG de l'augmentation du capital. Maitre Ousmane Sèye, qui a qualifié cette affaire de ‘’mafia’’, a soutenu que ’’les prévenus sont des malfaiteurs à col blanc, puisqu’ils ont augmenté le capital social et réduit le capital des héritiers’’. Estimant que les héritiers sont lésés, Me Baboucar Cissé a réclamé une provision de 5 milliards. En outre, il a demandé au tribunal d'ordonner une expertise pour l'évaluation de la gestion de Dangote Cement Senegal, de 2010 à 2017, et celle du patrimoine de la société.  Le représentant du ministère public a requis l’application de la loi pénale. 
 
Pour leur part, les conseils de la défense ont estimé que la procédure est abusive, ce qui justifierait leur demande reconventionnelle de 1,5 milliard de F CFA à payer à leurs deux clients. 
 
Au terme des plaidoiries, le tribunal a mis l’affaire en délibéré. La décision sera rendue le 19 novembre prochain. 
 
 CHEIKH THIAM

 

Section: