Publié le 15 May 2020 - 01:12

L’activiste va en prison pour 3 mois

 

Karim Xrum Xax, né Abdou Karim Guèye, a comparu hier devant la juridiction des flagrants délits, pour provocation d’un attroupement non armé non suivi et d’outrage à agent de la force publique. Il retourne en prison.
 
 
La fermeture des mosquées, afin d’éviter les rassemblements, faisait partie des dispositions prises par les décideurs pour freiner la propagation de la Covid-19. Cette mesure a irrité bon nombre de Sénégalais dont Abdou Karim Guèye alias ‘’Karim Xrum Xax’’ qui est allé jusqu’à défier les autorités et inciter la population à contourner cette décision, sur sa chaine YouTube. Il a également demandé d’incendier et de saccager les brigades et commissariats, et de tabasser les forces de l’ordre qu’il a traitées de francs-maçons, s’ils s’aventuraient à s’opposer à son appel à la prière.
 
Arrêté par les éléments de la section de recherches, samedi dernier, après avoir posté la vidéo, l’activiste a répondu hier de ses actes devant le tribunal des flagrants délits. Elargi en 2019, Abdou Karim s’est de nouveau retrouvé devant le prétoire. Il a partiellement reconnu les faits et déclaré : ‘’J’étais très en colère, quand j’ai eu vent qu’un imam à Kaolack a été convoqué, juste parce qu’il a ouvert la mosquée et dirigé une prière. Il n’était pas le seul. Pourtant, certains sont convoqués, d’autres pas.
 
Tout ceci m’a écœuré.’’Abdou Karim a ajouté avoir incité les gens à sortir prier, tout en respectant les gestes barrières et voulait faire savoir que c’était possible. Il a ajouté n’avoir jamais parlé d’incendier les commissariats ou brigades, parce qu’il a lui-même des frères et cousins dans le corps. Le prévenu a fait son mea culpa à la barre et a plaidé s’être excusé à la fin de sa vidéo. ‘’Les directs sont spontanés. On peut faire des erreurs, les regretter, alors qu’il est trop tard. J’ai parlé sous le coup de la colère et je m’en excuse’’.
 
Dans ses observations, le représentant du parquet lui a rappelé qu’il n’était pas un politicien, ni un religieux. Il n’a pas manqué de lui conseiller de se concentrer sur son art, sans quoi, il ne cesserait de faire des allers et retours en prison. Le ministère public a trouvé que le prévenu, qui n’en est pas à sa première comparution, était dans un état second, vue la violence de ses propos. Ainsi, il a été souple dans la qualification des infractions, puisqu’il a passé l’éponge sur les propos outrageants sur le chef de l’Etat et les confréries. Il a fini par demander de le retenir dans les liens de la prévention pour lui montrer qu’on est dans une République organisée et a requis une peine ferme de 3 mois.
 
Par contre, le conseil de l’activiste, Me Seyba Danfakha, a demandé au tribunal de contextualiser les propos de son client et expliqué que le seul état second dans lequel était son client, c’était celui de la colère. Maitre Danfakha a plaidé une application bienveillante de la loi. Car il trouve que son client a compris la leçon. Il a fini par demander une peine avec sursis.
 
Son confrère, Me François Senghor, a défendu leur client comme quelqu’un qui a voulu se frayer une liberté religieuse. Ayant reconnu la constance des faits, il a plaidé la nouveauté de cette restriction au Sénégal (celle de prier dans une mosquée). De ce fait, Me Senghor a demandé au tribunal de lui accorder une peine avec sursis ou de niveler la sanction à une peine qu’il a déjà purgée. 
 
Maitre Khouraychi Ba s’est lui dit fier d’avoir l’activiste comme client. Il a dit être entièrement content du fond, ‘’mais pas tout à fait de la forme de son message. Sur ce, il a présenté ses excuses dans le direct’’. Pour finir, Me Ba a évoqué la précarité de la santé de son client, avec ses interventions chirurgicales multiples, avant de demander de le renvoyer des fins de la poursuite sans peine ni dépens. 
 
Au final, le dirigeant du mouvement Nitou Deug restera au cachot encore pour 3 mois.
 
Fama Tall
 

 

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