Publié le 13 Jun 2016 - 21:27
PROFIL CHEIKH FODE LAMINE NDONG

Le saint homme méconnu du Saloum

 

‘‘Les œuvres  de Cheikh Lamine Ndong dans le processus d’islamisation au Sénégal’’. C’est le thème d’une conférence religieuse sur cet érudit du Saloum dont le parcours est encore méconnu et mérite d’être connu, selon ses petits-fils.

 

Cheikh Fodé Lamine Ndong est ce combattant de l’Islam qui a prophétisé un jour, qu’on ne commencerait à parler de lui et à connaître ses œuvres qu’un siècle après sa mort. Né en 1821 à Diogane (Fatick), il est décédé en 1914. Ses petits-fils lui ont rendu hommage, ce samedi. ‘‘Cheikh Fodé Lamine Ndong  a eu à faire la guerre sainte dans les îles du Saloum et même jusqu’en Gambie. C’est grâce à lui qu’on y prononce la chahada (profession de foi) aujourd’hui’’. Le secrétaire général de l’association des petits-fils de cet érudit, Mouhamadou Lamine Ndong, ne tarit pas d’éloges sur son aïeul.

En effet, malgré ses réussites, ce propagateur de l’Islam au Sénégal souffre encore d’un manque de notoriété. Cheikh Fodé Mouhamad Lamine Ndong a été initié au Coran assez tardivement par son oncle, à l’âge de 21 ans, après un voyage en Gambie. C’est après avoir fait ses humanités qu’il engage le combat derechef, explique le président de l’association.

‘‘En 7 ans, il n’avait pas réussi à fédérer 7 adeptes’’. A force de persévérance et ‘’après des années de négociations, quand sa communauté a refusé de répondre à ses appels, il s’est décidé à livrer une guerre sainte’’, explique-t-il. Après un second séjour en Gambie, il réussit une grande offensive victorieuse dans les îles de Niodior, Dionewar, Bassoul et une trentaine d’îles dans le Saloum. La bataille eut lieu en 1879, après le décès de Maba Diakhou en 1867.

En 1900, il se rendit à Nimzatt, en Mauritanie pendant 10 ans auprès de Cheikhna Cheikh Saad Bouh, pour renforcer ses connaissances en Tassawouf (mystique musulmane). C’est durant ce séjour qu’il réussit l’exploit de forer un puits dans la localité aride de Touweyziqt, et reçut du marabout mauritanien ‘‘un chapelet qui laissait perler de l’eau à chaque prière exaucée’’, Djibril Ndong dixit. 

La conférence religieuse de samedi est un prélude à la ziarra de Diogane pour alerter et inviter la population dakaroise à venir s’imprégner de l’histoire de cet érudit. Mais l’accès difficile dans ce village pose problème ‘‘Il faut faire trois heures de route et trois heures de pirogue. C’est ce qui fait que le message ne passe pas aussi bien qu’on l’aurait voulu’’, regrette Djibril Ndong. La portée des actes de Cheikh Fodé Lamine a été impactée, amoindrie par l’éloignement et les nombreux biais introduits par l’administration coloniale, selon ses descendants.

Malgré ces écueils, les petits-fils comptent bien vulgariser ses hauts faits. ‘‘Ce n’est ni une partition ou une contribution, mais une grande œuvre qui mérite d’être magnifiée’’, conclut Mouhamadou Lamine Ndong. 

OUSMANE LAYE DIOP

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