Publié le 28 Feb 2020 - 00:54
PROGRAMME D’APPUI A LA MODERNISATION DE L’ADMINISTRATION (PAMA)

Pour une Administration moderne et plus efficace

 

Réduire la lourdeur des procédures administratives et fiscales et renforcer la gouvernance et la promotion d’une Administration publique moderne et efficace. C’est tout l’enjeu du Programme d’appui à la modernisation de l’Administration (Pama) qui devra permettre une nette amélioration de la qualité des services aux usagers et une meilleure gestion des agents de l’État. Fondé sur la co-construction, le Pama a aussi pour rôle de faire un audit organisationnel au sein de chaque ministère sectoriel des procédures et des étapes d’élaboration des actes administratifs. La finalité étant de simplifier et de dématérialiser les procédures pour que les citoyens soient satisfaits de la délivrance des actes au sein des services publics. Les fruits commencent à tenir la promesse des fleurs…

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E-SOLDE

Un modèle de modernisation du service public

Sourire au visage, Abdoulaye témoigne : “J’étais venu m’inscrire sur la plateforme E-solde. Cela s’est très bien passé et en un temps record. Désormais, je n’aurai plus besoin de venir jusqu’à Dakar ou de faire la queue devant ma banque de domiciliation, pour disposer de mon bulletin de sa­laire”, déclare l’enseignant. Dans un passé récent, cette procé­dure relevait d’un véritable parcours du combattant. “Les op­tions qui s’offraient à nous étaient minimes. On venait à Dakar - à la Direction de la solde - pour disposer, avec beaucoup de difficultés, d’un bulletin de solde annuel. Ou alors, on perdait du temps et de l’énergie dans les différentes banques où étaient domiciliés nos salaires. Nous recevions nos bulletins avec des retards de plusieurs mois”, se souvient l’enseignant.

Aujourd’hui, les choses ont changé, grâce à la réforme de modernisation de la Direction de la solde. A terme, une nou­velle gestion de la gouvernance publique pour plus de perfor­mance sera mise sur pied, informe Mamadou Dia, responsable Front-office de la Direction de la solde.

La plateforme E-solde permet aux agents de l’État d’accéder à l’information, concernant leur salaire à distance, par le biais d’un terminal connecté (ordinateur, smartphone, tablette, etc.). Dé­sormais, les agents inscrits disposent d’un compte sécurisé leur permettant, d’une part, de visualiser et d’éditer leurs bulletins de salaire, et bientôt d’interagir avec la Di­rection de la solde aux fins de soumettre des requêtes qui seront prises en charge.

La mise en place de la plateforme E-solde est une révolution majeure de l’Administration sénégalaise qui ne cesse de faire sa mue à travers le Programme d’appui à la modernisation de l’Adminis­tration (Pama).

E-solde est en train de migrer progres­sivement vers une plateforme de commu­nication avec les usagers. Par souci de transparence, il est régulièrement publié tous les rappels de salaire payés aux en­seignants.

C’est une vieille revendication des syn­dicats d’enseignants qui est ainsi satis­faite. El Cantara Sarr, Secrétaire général du Syndicat des inspectrices et inspec­teurs de l’éducation nationale du Sénégal (Siens) reconnaît que “la plateforme permet, en un clic, d’avoir des informations sur les rappels d’avancement et cela traduit concrètement un dispositif dématérialisé”.

Toutefois, il liste quelques défis à relever, pour plus de performance : “Il faudra étendre cette plateforme à toute l’Administration, rendre acces­sible la connexion et mettre l’accent sur la communication afin que tous les collègues se l’approprient.” Dans la même perspec­tive, le responsable Front-office de la Direction de la solde a informé que dans un futur proche, les banques et les ambassades accéderont sans difficulté aux services d’E-solde de façon à authentifier les bulletins de salaire qu’on leur présente.

La plateforme est aussi un outil de vulgarisation des actions du gouvernement. Potentiellement, l’E-solde touche 154 997 usa­gers. En décembre 2019, des inscriptions au nombre de 22 174 ont été enregistrées et 111 419 bulletins ont été générés.

L’E-solde a un impact sur le pouvoir d’achat des bénéficiaires et les dépenses publiques. Les enseignants et les fonctionnaires, de manière générale, ne sont plus obligés de se déplacer moyennant des frais jusqu’à Dakar pour des questions liées au salaire. Des économies sont également faites sur les dépenses de l’Etat en termes de consommables et de mobilisation des ressources.

TROIS QUESTION A

AMADOU DIALLO (DIRECTEUR RENOUVEAU DU SERVICE PUBLIC & COORDONNATEUR DU PAMA)

“Les lenteurs administratives seront bientôt de vieux souvenirs”

Un rapport de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), publié en novembre 2018, a révélé que l’Administration centrale du Sénégal est efficace et compétente, mais que son fonctionnement est lent et freine l’effectivité des réformes initiées. Qu’est-ce qui est en train d’être fait, en ce sens, pour relever le défi ?

Il y a un nouveau paradigme qui se dessine, avec la dématéria­lisation des procédures. Après le forum du mois d’avril 2016, le président de la République avait instruit le ministre en charge du Renouveau du Service public de procéder à la dématérialisation de 50 procédures. Aujourd’hui, nous sommes à 55 procédures allégées et dématérialisées. Dans le cadre de la deuxième phase du PSE (2019-2023), en collaboration avec l’Agence de l’in­formatique de l’Etat (ADIE), il est prévu d’alléger et de déma­térialiser 750 procédures. Au niveau de chaque ministère, nous ciblons et identifions les procédures à alléger et à dématérialiser. Avec l’atteinte de ces objectifs, les lenteurs administratives se­ront bientôt de vieux souvenirs, parce que les délais d’exécution seront réduits et les usagers satisfaits des conditions des ser­vices offerts.

A côté de ce processus de dématérialisation, la dynamique de modernisation est axée sur l’organisation même de l’Admi­nistration. On repense et redéfinit l’organisation des structures de celle-ci. Ce volet, qui constitue la première composante du Pama, est confié au Bureau organisation et méthode (Bom).

L’une des recommandations du Forum national de l’Administration, en 2016, était l’élaboration d’une charte qualité du gouvernement. Où en est-on dans le processus de mise en place de cette charte ?

Sur instruction du chef de l’Etat, nous avons enclenché un processus de mise en place de chartes de qualité sectorielles au sein de chaque ministère. Un pacte de confiance qui lie l’Admi­nistration à l’usager en fonction des attentes de l’un par rapport à l’autre. La fusion de ces différentes chartes sectorielles per­mettra d’avoir une charte qualité globale qui va servir de via­tique à l’Administration.

Après le forum de 2016, il a été recommandé que chaque ministère ait sa charte qualité. Le ministère de la Fonction pu­blique et du Renouveau du Service public et celui des Finances et du Budget ont fini d’élaborer les leurs. Nous espérons que d’ici à 2020, tous les ministères disposeront de leur charte quali­té afin d’élaborer la charte qualité nationale.

Pour plus de performance dans la distribution des services de l’Administration, nous avons également lancé un processus de mise en place des centres de services partagés (CSP) dans chaque département du Sénégal. Ce sont des centres qui vont regrouper beaucoup d’offres de services administratifs. Le ci­toyen n’aura plus besoin de faire le tour de la ville pour se faire délivrer un seul acte administratif. Tout se fera à guichet unique, dans un seul centre.

Quels sont les obstacles auxquels fait face le Pama, dans le cadre de sa mission ?

Chaque processus de réforme rencontre des difficultés, car les habitudes sont tenaces, d’autant qu’il s’agit, pour l’essentiel, d’un changement de comportement. Cependant, nous sommes déterminés à donner corps à la vision du chef de l’Etat. Un tra­vail de synergie est indispensable. D’où l’importance du rôle du Bos, en ce sens qu’il sert de relais, en assurant le reporting des projets liés au PSE auprès de l’autorité, pour que tout le monde adhère à la politique initiée par le chef de l’Etat.

(Source : ‘’Echos-BOS’’ n°3)

 

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