Publié le 24 Mar 2020 - 16:58
PROPAGATION DU CORONAVIRUS AU SÉNÉGAL

Macky Sall déclare l’état d’urgence

 

Face à la propagation de la Covid-19 au Sénégal, le président Macky Sall a déclaré, hier, l’état d’urgence à partir d’aujourd’hui. Les autorités administratives prendront toutes les dispositions pour son application sans délai. À ce jour, 79 cas ont été déclarés positifs dont 8 guéris et 71 encore sous traitement.

 

Après le confinement de l’Italie, de la France et de l’Espagne, le président de la République du Sénégal a déclaré, hier, l’état d’urgence sur toute l’étendue du territoire national. Cette décision a pris effet depuis la nuit d’hier à minuit. Macky Sall s’est adressé à la nation, pour montrer la gravité de la situation. Depuis l’apparition du premier cas, le 2 mars dernier, le gouvernement, souligne le chef de l’Etat, a mis en place un plan de contingentement en cours pour endiguer la progression de la maladie. Mais, de toute évidence, le pays n’y est pas encore parvenu. Au contraire, d’un premier cas déclaré, le Sénégal est aujourd’hui à 71 malades sous traitement dans les 4 arrondissements de Dakar, ainsi qu’à Mbao, Yeumbeul, Guédiawaye, Rufisque, Touba, Mbour, Thiès, Popenguine, Saint-Louis et Ziguinchor.

Ainsi, 1 561 personnes en contact avec la maladie sont présentement suivies et seront désormais confinées dans des réceptifs hôteliers par le ministère de la Santé et de l’Action sociale. ‘’L’épidémie, qui était confinée à un seul foyer, s’est étendue à d’autres localités du pays. C’est dire que le virus gagne du terrain. J’ajoute qu’à ce jour, il n’y a ni vaccin ni médicament homologué contre la Covid-19. L’heure est grave’’, prévient le chef de l’Etat.

Pour le chef de la magistrature suprême, la vitesse de progression de la maladie impose de relever le niveau de la riposte. A défaut, on court un sérieux risque de calamité publique. En conséquence, en vertu de l’article 69 de la Constitution et de la loi 69-29 du 29 avril 1969, à compter de ce soir à minuit, l’état d’urgence est déclaré. ‘’Le gouvernement, les autorités administratives et l’ensemble des services de l’Etat concernés prendront toutes les dispositions nécessaires à l’application sans délai du décret sur l’état d’urgence’’, dit-il. Avant d’ordonner aux forces de défense et de sécurité de se tenir prêtes en vue de l’exécution immédiate et stricte des mesures édictées sur l’étendue du territoire national.

Par ailleurs, il a précisé que l’état d’urgence n’est pas une fin en soi. Il ne s’agit pas également d’arrêter l’activité économique. Mais répond à un péril imminent, si on ne redouble pas d’efforts. ‘’Face au péril, l’état d’urgence nous donne les moyens de renforcer nos rangs et d’intensifier nos efforts de lutte pour vaincre notre ennemi commun’’.

Selon le président Macky Sall, cette maladie, apparue en décembre 2019, est devenue une pandémie. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Car à la date d’hier, la Covid-19 a envahi plus de 140 pays dont le Sénégal. Le nombre de personnes infectées s’élève à plus de 340 mille. ‘’A ce jour, le virus a tué plus de 15 mille personnes, plongeant des familles entières dans le deuil et le désarroi. Ce moment est inédit dans l’histoire de l’humanité. Voilà que l’infiniment petit fait trembler le monde entier de façon véritable, rapide et massive. Ignorant les frontières, frappant sans distinction pays riches comme pays pauvres et sans égard pour le statut social des uns et des autres. Gouvernants et gouvernés, riches ou pauvres, personne n’est à l’abri de la Covid-19. Depuis trois mois, une véritable guerre mondiale s’est déclenchée contre cet ennemi commun’’.

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NON RESPECT DES MESURES

Un couvre-feu de 20 h à 6 h du matin décrété

Il est difficile, pour les Sénégalais, de respecter les mesures prises par le gouvernement. Ce qui a poussé hier le chef de l’Etat à décréter un couvre-feu de 20 h à 6 h du matin, à partir d’aujourd’hui. Il en appelle à une prise de conscience nationale sur la gravité de la situation.

L’état d’urgence déclaré par le président Macky Sall ne sera pas sans effet. Il est accompagné de mesures dont les autorités administratives compétentes ont pouvoir de dérouler. Il s’agira de réglementer ou d’interdire la circulation des personnes, des véhicules ou des    biens dans certains lieux et à certaines heures. Il faut également, dit-il, interdire, à titre général ou particulier, tous cortèges, défilés, rassemblements et manifestations sur la voie publique, en lieux publics et lieux de réunion. Mais aussi interdire, à titre général ou particulier, les réunions publiques ou privées de quelque nature qu’elles soient, susceptibles de provoquer ou d’entretenir le désordre.

Ces mesures, ‘’non exhaustives’’, a dit le chef de l’Etat, pourraient évoluer en fonction des circonstances. Car elles sont assorties d’un couvre-feu sur l’étendue du territoire national, de 20 h à 6 h. Une limitation et au besoin une interdiction sera imposée au transport de voyageurs de région à région. De l’avis du président, le ministre en charge des Transports, en rapport avec le ministre de l’Intérieur et des Forces armées, prendra les dispositions nécessaires à l’application de cette mesure, y compris en milieu urbain.

‘’Ne laissons au virus ni la vie ni nos vies’’

Par ailleurs, il a rappelé que le virus porteur de la maladie ne se déplace pas de lui-même. Il circule à travers les personnes qui le portent, qui le déposent dans différents endroits et qui le transmettent ainsi à d’autres. Par conséquent, dit-il, en limitant les déplacements et les rassemblements, on arrête la circulation du virus. ‘’Si nous le faisons, nous avons la chance de gagner le combat contre la Covid-19. Par contre, et je vous le dis avec franchise, si nous continuons de faire comme si de rien n’était, le virus va se propager de façon encore plus massive et plus agressive. Et malgré leur dévouement, nos personnels de santé seront alors débordés et ne pourront plus contenir la situation. C’est le pire des scénarios. Nous ne le souhaitons pas’’.

Sur ce, il en appelle à une prise de conscience nationale sur la gravité de la situation, mais également à la responsabilité de chacun et de chacune, à l’esprit citoyen et patriotique de toutes et de tous. ‘’Limitons nos déplacements. Évitons les rassemblements de quelque nature qu’ils soient. Il y va de notre propre santé et de notre propre vie. Il y va de la santé et de la vie de nos familles et de nos communautés. Mobilisons-nous. Ne laissons au virus ni la vie ni nos vies. Il y va de notre salut. Il y va du salut de la nation’’.

VIVIANE DIATTA

 

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