Publié le 7 Jul 2020 - 23:02
PROPOS INJURIEUX

Moustapha Cissé Lo exclu de l’APR

 

Après Moustapha Diakhaté en janvier 2020, Moustapha Cissé Lô est le deuxième responsable politique à être exclu des rangs de l’Alliance pour la république, hier. Le président Macky Sall et les ‘’apéristes’’ reprochent au parlementaire ses propos injurieux contre certains responsables du parti.
 
 
La sentence est finalement tombée hier. Moins de 24 heures après sa démission du bureau de l’Assemblée nationale, Moustapha Cissé Lô a été exclu par ses camarades de parti. Le militant de la première heure de l’Alliance pour la république (APR) a été exclu du parti au pouvoir, après une réunion de la Commission de discipline des marron-beige. 
 
Dans le document signé par le président de la commission Abdoulaye Badji, il est reproché à l’ancien président du Parlement de la CEDEAO ses dernières sorties fracassantes à l’endroit de ses camarades de parti. Ainsi, la commission, composée d’Abdou Mbow, Awa Guèye, Abdoulaye Daouda Diallo, Abdourahmane Ndiaye et Benoit Sambou ont, à travers les textes du parti, constaté ‘’l’attitude du camarade Moustapha Cissé Lô, dont les propos empreints d’une indécence que récuse la morale et la bienséance sociale, ont fini de heurter la conscience des populations’’.  
 
Ainsi, ‘’constatant la propension des camarades du parti à s’épancher dans les médias par des propos injurieux ou calomnieux. Attendu que par ces faits, il entache gravement l’image du parti’’, la commission renseigne, après avoir délibéré à l’unanimité, avoir prononcé ‘’l’exclusion définitive de Moustapha Cissé Lô dans les rangs de l’Alliance pour la république’’. 
 
Le parti avertit ‘’fermement’’ tout camarade qui adopterait des comportements et des propos à même de ternir l’image du parti ou de jeter le discrédit sur les institutions de la République. 
Cette note met fin, ainsi, au chapitre Cissé Lô dans la vie du parti au pouvoir. 
 
Seulement, le parlementaire semble être un incompris dans sa propre formation politique, au vu de ses dernières sorties. En effet, Farba Ngom et Yakham Mbaye n’ont pas été ses seules cibles. En décembre dernier, lors du passage du ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural à l’Assemblée nationale, Moustapha Cissé Lô dénonçait sa mise à l’écart dans la distribution des intrants. Devant ses collègues députés, l’ancien responsable politique de Touba rappelait à qui voulait l’entendre son engagement auprès du chef de l’Etat. ‘’Je suis un membre fondateur de l’APR. Je me suis toujours battu pour l’accession du président Macky Sall au pouvoir. Je ne peux pas faire tous ces sacrifices, parcourir tout le pays avec lui et être relégué au second plan’’, tonnait-il. 
 
En fait, pour Cissé Lô, il est inacceptable qu’il soit considéré dans sa propre formation politique comme un ‘’fou’’, alors qu’il maitrise parfaitement la filière agricole, en particulier celle de l’arachide. ‘’Les semences sont injustement distribuées. Certains les revendent d’ailleurs. Moi, j’en demande en tant que membre du pouvoir et président de la Chambre de commerce et d’agriculture de Diourbel, et on me le refuse. Pendant ce temps, des gosses de rien du tout, qui sont au pouvoir grâce à Macky Sall, m’insultent. C’est inadmissible. Je n’accepterai pas que des bons soient attribués à n’importe qui. Je vais d’ailleurs informer tous les chefs religieux pour plus d’ordre dans la gestion des semences’’, assenait-il. Avant de mettre en garde ses détracteurs sur d’éventuels déballages. ‘’Si vous me poussez à faire des révélations, des ministres risquent d’être tabassés ici. Si ouvrir les yeux à Macky Sall n’est pas permis, alors j’accepte d’être un martyr’’, avait-il laissé entendre.  
 
Incompris
 
De ses diatribes, le président de l’Assemblée nationale en avait aussi pris pour son grade. En effet, lors de la réélection du Bureau du Parlement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), Moustapha Cissé Lô ne s’était pas gêné pour traiter Moustapha Niasse de jaloux. Face à la presse, il avait regretté le silence du leader de l’Alliance des forces de progrès (AFP) sur son bilan à la tête de l’institution communautaire.  ‘’Un audit interne a été réalisé par un cabinet allemand sur ma gestion. Aucune malversation n’a été constatée. Une autre commission a fait le même travail, en me décernant un satisfecit’’, relevait-il. Un ensemble d’éléments qui font que Moustapha Niasse devait, d’après lui, le féliciter et louer le travail abattu durant son magistère.   
 
Ce qui fait dire à son ancien collègue Thierno Bocoum, que vouloir conclure l’affaire Moustapha Cissé Lô sur son exclusion du parti au pouvoir suite aux graves insanités qu’il a récemment proférées est très ‘’simpliste’’ comme solution. Aux yeux du leader de l’Alliance générationnelle pour les intérêts de la république (Agir), faire croire que Cissé Lô a dépassé les bornes cette fois-ci relève d’une duperie. ‘’La vérité est qu’il n’y a jamais eu de borne à lui exigée tant qu’il s’agissait de défendre le président Macky Sall’’.
 
‘’Nous avons entendu Moustapha Cissé Lô, durant tout le règne de Macky Sall, insulter copieusement les opposants à son leader de parti. Et son ascension sur le plan politique et institutionnel n’a été que fulgurante’’, indique Thierno Bocoum. L’ancien membre du parti Rewmi pense toutefois que les révélations faites dans les messages audio de Moustapha Cissé Lo, en sa qualité de haute personnalité de l'Etat, sur la gestion du Ter et de la réfection du Building administratif, doivent être tirées au clair par le procureur de la République.  ‘’Si l’APR, le parti du président Macky Sall, veut en profiter pour régler des comptes, c’est du ressort de sa cuisine interne, mais que ce parti ne nous fasse pas croire à une forme de pudicité dans sa démarche’’. 

HABIBATOU TRAORE

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