Publié le 31 Aug 2018 - 17:33
PROTECTION DE LA COUVERTURE MALADIE UNIVERSELLE

Le projet de loi présenté aux députés

 

''Une loi qui garantit à toute personne le droit de se soigner, quels que soient ses moyens, est un réel symbole de progrès'', estime le directeur général de l'Agence de la Couverture Maladie Universelle (Cmu), Dr Bocar Mamadou Daff. Ce dernier souligne que l'État, dans son souhait de garantir à toutes les personnes résidant au Sénégal une prise en charge de leurs dépenses de santé, a mis en place la Cmu. De ce fait, il faut une législation forte capable de la protéger et assurer sa pérennisation. C'est dans ce cadre qu'une Alliance en faveur de la loi sur la Cmu a été créée, pour agir en tant que cadre de rencontres et de dialogue permanents, en vue de contribuer à l'amélioration du texte de la loi sur la Cmu.

L'Alliance, selon son président, est composée de quinze organisations de la société civile. Elle a démarré une campagne de plaidoyer en faveur de la Cmu. Dès lors, une série de sessions d'échanges a été entamée. Elle a été clôturée par cette rencontre de trois jours qui regroupe 90 parlementaires à Saly. Les députés vont s'imprégner de l'avant-projet de loi.

Surtout méditer sur ces chiffres avancés par le Dr Bocar Mamadou Daff : ''Les comptes nationaux de la santé de 2013 ont révélé que les ménages supportaient 57,8% de la dépense nationale de santé, soit 237 milliards de francs en paiement direct.'' Des études, réalisées dans la même période, démontrent, par ailleurs, qu'en "2011, 38 056 ménages ont fait face à des ''dépenses catastrophiques de santé'', c'est-à-dire qu'elles ont consacré plus de 40% de leurs ressources annuelles aux frais de santé d'au moins un de leurs membres'', explique Dr Daff qui poursuit son plaidoyer en faisant remarquer que ''les paiements directs de frais médicaux ont deux inconvénients majeurs : ils constituent, en amont, un frein à l'accès aux services de santé et, en aval, ont des répercussions importantes sur la qualité de vie des ménages à faible capacité financière, en raison de leur part importante dans le revenu de ceux-ci''.

Problèmes financiers

Face aux parlementaires, le Dg de la Cmu a aussi évoqué les problèmes financiers auxquels la structure qu'il dirige fait face. Pour lui, c'est une compréhension incomplète de la réalité qui pousse à dire que la Cmu étouffe les structures de santé. ''Il y a des retards de paiement, c'est vrai ; des dettes de paiement, si vous préférez. Mais c'est le propre de tous les systèmes de couverture maladie qui se construisent ou qui sont développées d'avoir des déficits, des écarts entre les services offerts et le paiement des factures'', déclare le Dg. Il se félicite que le Sénégal soit loin des autres pays comme le Ghana... ''Nous sommes heureusement très loin des déficits d'autres pays, comme le Ghana, où l'on parle du milliard de dollars. De la France où, chaque année, le déficit est de près de 5 milliards d'euros. Même le Rwanda, que l'on cite en exemple en Afrique, fait face à la même situation. C'est le lot d'un système de Cmu de générer des écarts.''

KHADY NDOYE (MBOUR)

 

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