Publié le 31 Mar 2017 - 20:48
QUATRIEME REVUE ANNUELLE PAQUET

La décentralisation de l’Education plaidée par les acteurs 

 

La question de la décentralisation de l’Education et sa qualité préoccupent les acteurs. Lors de la revue annuelle du Programme d’amélioration de la qualité de l’équité et de la transparence (PAQUET), ces deux aspects sont revenus le plus souvent dans les discours des intervenants.

 

Les partenaires de l’Education nationale et le ministère de tutelle ont procédé hier à la revue annuelle du Programme d’amélioration de la qualité de l’équité et de la transparence (PAQUET). Beaucoup d’entre eux ont plaidé pour une décentralisation de l’Education et la recherche de la qualité. Ils constatent que ces éléments constituent des défis majeurs à relever, malgré tout, des efforts sont consentis en termes d’infrastructures.

Le  secrétaire général de l’association des élus locaux, Abdoukhadre Ndiaye, rappelle que la décentralisation et la déconcentration sont les deux piliers de la territorialisation des politiques publiques. Dans cette veine, le coordonnateur de la Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’Education publique (Cosydep ajoute que de véritables changements ne peuvent s’opérer sans une décentralisation de l’Education. ‘’Les changements véritables, si nous voulons les obtenir, il faut les espérer au niveau local. Nous avons un système trop centralisé où le ministère a trop de pouvoir au niveau central. Nous ne pensons pas avoir véritablement des transformations sur la base de ce  système. C’est pour nous un élément fondamental qui peut nous amener à rendre effectif cela’’, déclare Cheikh Mbow.

Abordant, la question de la qualité, il a d’abord souhaité que les acteurs s’accordent sur sa définition. ‘’Quand nous parlons de qualité, pour nous, le premier élément, c’est déjà nous accorder sur ce qu’est la qualité. Tout le monde parle de qualité. Est-ce que la qualité veut dire seulement la réussite aux examens, la construction d’un Sénégalais qui soit capable d’avoir un pouvoir, partager, transférer tous ces apprentissages ? C’est déterminant, la qualité’’, dit-il. Abdoukhadre Ndiaye rajoute que leurs responsabilités doivent les engager à la recherche de la qualité pour doter le système de ressources humaines aptes à réaliser le développement économique, social et culturel auquel le pays aspire. Il invite ses collègues maires à s’approprier les politiques pour mieux répondre à leur vocation.

‘’70% des élèves n’atteignent pas le seuil suffisant’’

L’aspect apprentissage, pour le secrétaire général de l’association des élus locaux, demeure primordial et englobe tout, pour atteindre la qualité. ‘’Quand nous disons qualité, nous parlons des conditions pour avoir cette qualité. C’est l’environnement scolaire. Si vous êtes dans un environnement avec des abris provisoires, où il n’y a pas suffisamment de supports, de livres, manuels… Il y a encore des écoles qui sont en situation de multigrade, classe spéciale, l’enseignant n’est pas motivé. Nous pensons que l’on ne fera pas de la qualité’’, constate Cheikh Mbow.

En ce qui concerne la réussite des apprentissages, la représentante de l’Unicef, chef de file partenaire technique et financier, Laylee Moshiri, annonce que les performances restent peu satisfaisantes. Pour l’élémentaire, dit-elle, les seuils de maîtrise observés corroborent les performances constatées avec les évaluations du PASEC 2014 qui notent qu’au Sénégal, chez les enfants en début primaire, environ 70% des élèves n’atteignent pas le seuil suffisant de compétences en langue, quand environ 40% des élèves ont atteint ce seuil en mathématiques.

‘’Le taux brut de scolarisation passe de 86,1% à 88,1%’’

Parlant des performances, les partenaires se félicitent des efforts réalisés par le gouvernement dans l’amélioration de la qualité, de l’accès des filles à l’école ainsi que la gouvernance transparente. En effet, Laylee Moshiri souligne que, si le Taux brut de scolarisation (Tbs) au primaire a connu une légère hausse, passant de 86,1% à 88,1%, entre 2015 et 2016 au niveau national, le taux de préscolarisation a gagné un point, passant de 16,8% à 17,8%. Que l’indice de parité au préscolaire, au primaire et au moyen reste en faveur des filles, depuis 2008. ‘’C’est le lieu d’en féliciter le gouvernement’’, dit-elle. Selon toujours la représentante de l’Unicef, malgré cette tendance, des disparités régionales significatives continuent à subsister en termes d’accès et de couverture géographique (rural/urbain).

‘’47 % des enfants sont en dehors du système’’

Elle fait savoir qu’en matière d’accès, les capacités d’accueil du système ne progressent pas au rythme de la demande et de l’allongement de l’obligation scolaire. Environ 47% des enfants d’âge scolaire, en particulier ceux des zones rurales, des couches urbaines pauvres et à besoins éducatifs spéciaux restent en dehors du système. Ils se retrouvent en grande majorité dans les régions les moins scolarisées (Kaffrine, Diourbel, Tamba, Louga et Matam). Cheikh Mbow de renchérir : ‘’Si vous avez 1 500 000 enfants qui sont hors du système, c’est inquiétant. Le premier parent de tous ces enfants, c’est l’Etat. Donc, il faut prêter une attention particulière à tous ces enfants’’.

Cheikh Mbow souhaite que l’on ait un système qui respecte plus l’enseignant, le valorise davantage. Des recommandations et suggestions sont attendues durant les deux jours de la revue pour une meilleure prise en charge des questions de l’Education.

AIDA DIENE

 

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