Publié le 11 Jul 2019 - 18:24
RAID MEURTRIER CAMP DETENTION DE TAJOURA

L’ambassade libyenne charge Haftar et s’engage à protéger les migrants

 

Après le raid aérien meurtrier au centre de détention de Tajoura, la représentation diplomatique libyenne au Sénégal pointe du doigt le leader de l’Armée nationale libyenne (Anl), Khalifa Haftar, et annonce que ces centres seront mieux protégés.

 

L’ambassade libyenne de Dakar condamne fermement le raid aérien sur le centre de détention des migrants à Tajoura, il y a neuf jours. La représentation libyenne, qui présente ses condoléances aux familles des victimes, accuse les forces du général Khalifa Haftar, qui est en opposition armée contre le gouvernement d’union nationale de Fayez El Sarraj. Les qualificatifs utilisés sont durs pour une diplomatie habituée à faire dans la langue de bois. ‘‘Agression et raid aérien perfide opérés délibérément par les forces de Khalifa Haftar’’ ; ‘‘carnage abominable’’ sont, entre autres expressions, celle qui ont été utilisées par les représentants à Dakar, du gouvernement de réconciliation nationale de l’Etat de Libye. ‘‘Le ministère des Affaires étrangères du gouvernement de réconciliation nationale les condamne avec la plus grande fermeté et la plus grande vigueur et exige de la communauté internationale et de l’Union africaine de réagir immédiatement et de façon urgente pour déterminer l’identité de l’aviation qui dépend des forces de Haftar’’, avance l’ambassade libyenne.

 Au moins 53 personnes sur les 660 présentes ont été tuées, d’après les chiffres les plus récents des Nations Unies et plus de 130 personnes blessées, il y a une semaine, le mardi 2 juillet, dans une frappe aérienne contre le centre de détention de migrants de Tajoura, situé à proximité d'un camp militaire, en banlieue de Tripoli.

Si les victimes de l’attaque du camp de Tajoura sont pour la plupart de l’Afrique subsaharienne, leurs nationalités n’ont pas été révélées ainsi que le bilan par pays d’origine. Le ministère des Affaires étrangères libyennes dit avoir entrepris des pourparlers avec la communauté internationale et les organisations internationales comme le Conseil de sécurité de l’Onu, l’Organisation internationale pour les migrations (Oim), le Haut-Commissariat des Droits de l’homme, la Cpi, pour faire la lumière sur ce raid.

Pour le moment, ‘‘le gouvernement de réconciliation nationale assume toutes ses responsabilités pour assurer la sécurité et la tranquillité des immigrés clandestins qui se trouvent dans les centres de détention sous son contrôle et affirme que ces centres bénéficient de toute l’attention de ce gouvernement dont des responsables, à tous les niveaux, s’y rendent et les visitent continuellement’’, d’après l’ambassade libyenne au Sénégal qui reprend un communiqué des Affaires étrangères.

Les migrants ont payé un lourd tribut à la belligérance qui oppose le gouvernement de réconciliation nationale dirigé par Fayez El Sarraj et l’Armée nationale de Libye dirigée par le maréchal Khalifa Haftar. En 2016, un accord politique libyen a été conclu, mais il est entravé par les multiples conflits entre les protagonistes de la crise libyenne. En dépit de l’appui de la communauté internationale (principalement les États occidentaux et le Conseil de sécurité de l’Onu) à cet accord et du succès remporté dans la lutte contre l’organisation de l’État islamique, avec la reprise de la ville de Syrte, les tensions politiques sont toujours aussi vives.

En fait, le gouvernement reconnu de Tripoli dépend militairement des milices qui le soutiennent et la situation sécuritaire est toujours aussi critique. Les avancées de l’Armée nationale libyenne (Anl) du général Haftar, qui contrôle l’est du pays, font de lui un acteur de plus en plus incontournable dans l’éventuelle résolution de la crise libyenne. Le 4 avril dernier, son appel à marcher sur Tripoli déclenche une offensive débouchant sur l’arrivée de ‘‘son’’ armée aux portes de la capitale. Une situation qui n’est pas étrangère au drame que vivent les migrants irréguliers.

OUSMANE LAYE DIOP

 

Section: