Publié le 28 Jun 2017 - 14:13
RATIONALISATION DU JEU POLITIQUE

Les acteurs appellent à la concertation 

 

Les hommes politiques ne crachent pas sur la proposition du Président du parti Rewmi, Idrissa Seck, qui a appelé à une rationalisation du jeu. Mais pour les différents acteurs contactés par EnQuête, il faut d’abord des concertations.

 

Les 47 listes annoncées pour les Législatives du 30 juillet inquiètent de plus en plus la classe politique sénégalaise. C’est en ce sens que le président du parti Rewmi a tenté d’apporter une solution à cette équation. Idrissa Seck qui participait à la prière de la Korité lundi dernier à Thiès a invité à une rationalisation du jeu politique sénégalais. Selon lui, les partis qui n’ont jamais collecté un certain nombre de suffrages doivent être exclus de la scène politique. Une proposition qui a été accueillie à bras ouverts par certains acteurs du milieu.

 Le leader de la coalition Manko Yessal Senegaal estime que ce n’est pas sérieux pour un pays de 14 millions d’habitants de disposer de plus de 200 partis politiques. Modou Diagne Fada pense ainsi qu’il faut appeler à des concertations autour du ministère de l’Intérieur ou des structures étatiques en charge de cette question pour définir des critères consensuels en vue d’une rationalisation du nombre de partis politiques.

Parmi les critères, l’ancien ministre de l’Environnement cite d’abord ’’la participation aux différentes élections’’. D’après lui, il y a des partis qui n’ont jamais figuré sur une coalition électorale. Ensuite, le parlementaire pense que ceux qui n’arrivent pas à convaincre l’électorat lors  des différentes  élections doivent être également rayés du jeu politique. Enfin, Modou Diagne Fada est d’avis que c’est impératif pour une formation politique de se réunir régulièrement. ‘’Un parti qui ne tient pas de réunions d’instances, qui n’a jamais tenu de congrès, ne dispose pas de siège et ne participe pas à la vie politique doit aussi disparaître’’, propose le leader de la coalition Manko Yessal Senegaal.

Dans le même sillage, le porte-parole de la Ligue démocratique pense qu’il faut, au sortir des  Législatives, mettre en œuvre la disposition de la Constitution relative à la rationalisation de la vie politique. Pour Moussa Sarr, ce qui s’est passé aux dernières locales de 2014 et qui s’annoncent  pour le 30 juillet prochain n’est pas une bonne image de la démocratie sénégalaise. ’’Nous avons des listes farfelues et devons mettre un terme à cela. Il s’agira de convoquer des assises, des concertations de la classe politique pour que l’ensemble des acteurs puissent réfléchir sur la rationalisation de la vie politique et trouver un consensus’’, propose M. Sarr. Ce dernier suggère que l’autorité puisse demander au parti de rendre compte des entrées et  sorties financières.

Cependant, le Secrétaire général du Parti de l’indépendance et du travail (Pit) est d’avis qu’il faut éviter de prendre des décisions hâtives pour,  dit-il,   ne pas s’enfermer dans une logique qui pourrait être contreproductive. Samba Sy pense qu’il faut néanmoins essayer d’appliquer la réglementation à chaque parti politique. ‘’Ces règles permettent de  déterminer son existence et ses organes dirigeants ainsi que la réunion et leur renouvellement régulière. Les partis ont l’obligation de rendre compte chaque année par rapport à leurs ressources financières’’, explique le SG du Pit. Pour lui, l’application de ces principes pourrait aider à y voir plus clair. L’idéal, selon M. Sy, est de trouver des solutions sur lesquelles tout le monde s’accorderait. Il exhorte ainsi les différentes parties prenantes à débattre de la question pour trouver des solutions consensuelles.

 ‘’Groupements d’intérêt économique’’

Le Secrétaire général des jeunes de l’Alliance des forces de progrès souligne, pour sa part, que c’est la  Constitution qui consacre la liberté de créer des partis politiques. Ainsi, de son point de vue, toucher à cette disposition requiert un consensus de la classe politique. Zator Mbaye reconnaît néanmoins qu’il faut assainir le landerneau politique pour beaucoup plus de clarté et de sérieux. ‘’Aujourd’hui, les partis sont transformés en des groupements d’intérêt économique. A la veille des élections, on se rend compte que beaucoup de politiciens prennent les partis comme des fonds de commerce, ce qui est déplorable. Il va falloir poser l’idée dans un grand débat avec les acteurs politiques pour arriver à trouver une solution’’, préconise le parlementaire.

HABIBATOU TRAORE

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