Publié le 21 Oct 2020 - 21:34
REFORESTATION DES FORÊTS AFRICAINES

L’APGMV porte le combat

 

Pour restaurer à grande échelle les forêts et les terres arides et dégradées par l’homme et la nature elle-même, du fait des changements climatiques, l’Agence panafricaine de la grande muraille verte (APGMV) a décidé d’enclencher un ‘’vaste’’ programme dans les États membres. Cela permettra, en même temps, de réduire de façon drastique les émissions de gaz à effet de serre.

 

Chaque année, la menace d’une disparition des forêts devient de plus en plus accrue. Rien qu’en 2018, près de 13 millions de forêts ont disparu dans le monde. En Afrique de l’Ouest, des milliers d’hectares de forêts ont déjà été détruits soit par l’homme ou par le phénomène dû aux changements climatiques. L’avancée de la déforestation s’accélère d’année en année.

Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), les forêts d'Afrique de l'Ouest ont perdu près de 20 % de leurs surfaces, en seulement une décennie. Entre 2000 et 2010, 870 000 ha de forêts ont disparu chaque année. Pour mettre un terme à cette dégradation effrénée des forêts en Afrique subsaharienne, l’Agence panafricaine de la grande muraille verte, basée en Mauritanie, entend s’appuyer sur le projet multi-pays financé par la FAO pour une enveloppe de 100 milliards de F CFA et le Fonds vert pour le climat des Nations Unies, pour impulser une dynamique verte et collective au sein des États membres afin d’inverser la tendance. D’après la représentante du directeur exécutif de l’APGMV, le continent africain, et plus précisément les pays de l’Afrique de l’Ouest ne doivent plus continuer à subir les conséquences de la déforestation et dégradation des forêts.

C’est pourquoi appelle-t-elle les six États membres à initier un ‘’vaste’’ programme de restauration à grande échelle de toutes les surfaces abîmées. ‘’Des hectares de terres ont disparu. Le phénomène est toujours là. Mais il nous faut élaborer des stratégies efficaces pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et protéger, en même temps, tous les écosystèmes. La restauration des zones dégradées doit être l’une des priorités des États. Donc, il faut accroître les investissements pour mieux faire face aux changements climatiques qui menacent les pays du Nord et du Sud’’, a préconisé Aminata Preira.

Cette experte, qui travaille pour le compte de l’APGMV, participait hier à Thiès à l’atelier de réflexion et d’échanges sur le ‘’renforcement institutionnel de l’Agence panafricaine de la grande muraille verte et des structures nationales par la mise en œuvre d’initiatives climatiques et diffusion des enseignements de restauration réussies’’. Une rencontre qui, à terme, va aider à définir et ‘’renforcer la résilience dans la grande muraille verte d’Afrique’’.

Privilégier la diffusion d’infos d’alerte précoce

Pour sa part, le directeur de la Grande muraille verte au niveau de l’Agence sénégalaise de la reforestation et la grande muraille verte (ASERGMV) affirme que, dans ce contexte de changement climatique et de lutte contre la désertification, il urge, pour les États, de se doter d’un cadre institutionnel ‘’fort et efficace’’. Cela, rappelle le colonel Gora Diop, va aider à la diffusion d’informations ‘’d’alerte climatique précoce’’. Pour y arriver, ajoute-t-il, la restauration des terres inscrites dans la composante 3 dudit projet multi-pays est un élément clé ‘’à ne pas négliger’’. En 2017, le colonel Diop qui s’appuie sur le rapport de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD) révèle que 557 milliards de F CFA ont été perdus au Sénégal, à cause de la dégradation des terres. Il y a quelques années, le Sénégal était le premier exportateur de la gomme arabique. Mais, aujourd’hui, le directeur de la Grande muraille verte précise qu’à cause du rythme effréné de la déforestation, le ‘’pays de la Téranga’’ a perdu cette place de choix.

Le président du Conseil de surveillance de l’ASERGMV et représentant du directeur Ali Haidar a, quant à lui, invité les collectivités territoriales à s’approprier le projet. Pour Oumar Bâ, la construction de la grande muraille verte dans les États membres n’est pas seulement une question de reboisement. Elle va, au-delà, fait-il savoir. De plus, M. Bâ recommande à chaque collectivité territoriale d’adopter en son sein un programme de restauration des terres dégradées afin de réussir cette question de ‘’souveraineté qui tient à cœur les États membres’’.

A rappeler que ce projet multi-pays concerne le Sénégal, le Burkina, le Niger, le Nigeria, le Tchad et la Mauritanie.        

GAUSTIN DIATTA (THIES)

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