Publié le 8 Aug 2014 - 12:02
REFUS D’EVACUATION DE BIBO BOURGI

Les avocats de Karim Wade font volte-face 

 

Après s’être opposés catégoriquement à l’évacuation sanitaire d’Ibrahim Aboukhalil dit Bibo Bourgi, les avocats de Karim Wade sont revenus sur leur position. Le collectif des avocats de Karim sollicite désormais l’évacuation immédiate du présumé complice de leur client.

 

Il n’y a presque plus d’obstacles à l’évacuation sanitaire d’Ibrahim Aboukhalil dit Bibo Bourgi en France, au cas où les résultats de la contre-expertise médicale irait dans ce sens. Car après avoir opposé leur veto mardi dernier, devant la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI), les conseils de Karim Wade ont fait volte-face hier. Dans un communiqué parvenu à EnQuête, le collectif des avocats de Karim demande ‘’aux autorités sénégalaises de prendre toutes les dispositions afin que cette évacuation se fasse immédiatement’’.

D’ailleurs, les robes noires se disent ‘’particulièrement préoccupés par l’état de santé extrêmement grave’’ de Bibo  Bourgi. Et regrettent maintenant que ‘’depuis 18 mois,  la Cour  de Répression  de  l’Enrichissement  Illicite  (CREI) ait refusé à de nombreuses  reprises  sa  demande  d’évacuation  sanitaire’’. Les avocats du fils de l’ex-président Wade renseignent qu’ils ne s’opposent pas à l’évacuation sanitaire du présumé complice de leur client. ‘’Contrairement  à  ce  qui  a  été  rapporté  dans  la  presse,  nous  ne  nous   opposons  pas  à  son  évacuation  sanitaire  à  l’étranger  pour  qu’il   puisse  se  soigner  au  plus  vite  et  recouvrer  sa  santé,  ce  qui  prime   sur  tout’’, lit-on dans le communiqué des avocats. ‘’Les  tentatives  de  manipulation  de  l’opinion  publique  pour  faire  croire   que   nous  nous   opposons   à   son   évacuation   sanitaire  resteront  vaines’’, écrivent les avocats.

Rappel

Seulement cette nouvelle position affirmée par les conseils prend le contrepied de celle affichée mardi dernier devant la barre de la CREI. Ce jour-là, le président Henry Grégoire Diop avait demandé aux avocats de soulever une bonne fois pour toutes leurs exceptions pour que l’interrogatoire d’audience démarre rapidement avec Bibo Bourgi. Le président de la Cour avait justifié sa demande par des raisons humanitaires. Mais, la défense, particulièrement les avocats de Karim Wade, tout comme les conseils de l’Etat, avaient rejeté  catégoriquement la requête du juge.   

‘’C’est à partir de Bibo qu’on a mis en place toute une stratégie de prête-noms ! C’est à partir de Bibo qu’on a mis en place toute l’accusation, l’inculpation’’, avait lancé Me Madické Niang. A sa suite, Me Demba Ciré Bathily déclarait avec persistance : ‘’sa présence est exigée par les règles d’un procès équitable. Si on le fait sans sa présence, on violerait les droits de ses co-prévenus’’. Me Olivier Sur avait abondé dans le même sens en martelant : ‘’en ce qui nous concerne, il ne nous paraît pas intellectuellement et judiciairement possible que le procès se tienne sans que chacun des chefs d’inculpation ne fasse l’objet de débat’’.

Ce refus des robes noires avait poussé le président à revenir à la charge, en évoquant les dispositions de l’article 403 du code de procédure pénal. Lequel stipule : ‘’Si le prévenu ne peut, en raison de son état de santé, comparaître devant le tribunal et s’il existe des raisons graves de ne point différer le jugement de l’affaire, le tribunal ordonne, par décision spéciale et motivée, que le prévenu, éventuellement assisté de son conseil, sera entendu à son domicile ou à la maison d’arrêt dans laquelle il se trouve détenu par un magistrat commis à cet effet, accompagné d’un greffier…’’.

Le juge avait également avancé l’argument que le prévenu avait été entendu à l’instruction par la CREI. Mais Me Souleymane Ndéné Ndiaye n’avait pas voulu en démordre. ‘’C’est vrai qu’il a été entendu devant la CREI, mais le fait est que vous ne pourriez fonder votre conviction que sur ce qui est discuté à la barre’’, avait soutenu l’ancien PM. Ainsi, compte tenu du refus des avocats d’adhérer à sa proposition, le président avait fini par lâcher, avec dépit : ‘’si les avocats n’en veulent pas, il n’y a pas de problème. C’est pour des raisons humanitaires que je vous l’ai demandé’’.

Les explications de Me Ciré Clédor Ly

Interpellé sur cette nouvelle posture qui jure avec la position affichée à la barre de la Crei, Me Ciré Clédor Ly a répondu au téléphone d’EnQuête qu’il ne s’agit pas d’une volte-face. ‘’Il n’est pas contesté que Bibo est malade et si sa vie s’arrêtait, le procès s’arrête’’, a soutenu l’avocat. Non sans ajouter que ce sont les raisons avancées par le juge qui ont été rejetées. ‘’Comment peut-on admettre qu’il soit entendu à la clinique, alors qu’il y a 50 avocats, deux procureurs, le greffier ?… Et les témoins, est-ce qu’ils seront à la clinique pour être confrontés avec le prévenu ?’’ s’est interrogé l’avocat. Aussi a-t-il tenté de rassurer par rapport à la garantie de représentation de Bourgi. ‘’S’il avait envie de se soustraire à l’action de la justice, il ne serait pas revenu au Sénégal. Tout comme Karim Wade, au début de l’enquête, il était en Europe’’, rappelle Me Ly.     

FATOU SY  

 

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