Publié le 4 Sep 2015 - 01:36
REFUS DE L’ETAT DE PAYER SES IMPENSES

Cheikh Ahmet Mbacké court derrière ses 198 millions.

 

Sur la base effective de ces chiffres, le paiement devait se faire avant le déplacement des PAP. « Les personnes affectées par le projet doivent êtres indemnisées au coût de remplacement sans dépréciation avant le déplacement effectif des personnes affectées au moment de l’appréciation des terres et des biens qui s’y trouvent  avant le démarrage des travaux du projet», stipule l’article 5 du chapitre 12 (indemnisation) du PAR (le document rédigé par AECOM tescult, intitulé projet de construction de l’AIDB plan de réinstallation). A la différence des PAP vulnérables, le marabout Mbacké-Mbacké, Cheikh Ahmed Mbacké, attend toujours de rentrer dans ses fonds (198 499 421 F restants).

Parce que les autorités de l’AIBD lui opposent un niet catégorique, sous le prétexte que le marabout continue à exploiter son champ ; alors que les PAP vulnérables continuent d’exploiter leurs champs aux alentours de l’aéroport. D’ailleurs, l’ancien médiateur de la République Serigne Diop, dans une correspondance adressée au ministre du Tourisme Abdoulaye Diouf Sarr, en date du 5 mars 2015, sous le n°000075MR/SG/CM8, écrit : « Si le sieur Mbacké réclame ce reliquat de 198 499 421 F, c’est que tout simplement des expropriés se trouvant dans la même situation ont déjà reçu les indemnisations complémentaires qui leur sont dues et sur la base du document établi par l’ONG MSA».

En effet, le marabout dispose d’un terrain de 30 ha dans le village de Tiambokh (voir les tableaux ci-dessus). Selon Dr Khaly Niang, représentant de l’AIBD,  «Ahmet a reçu un premier paiement de plus de 188 millions et pourtant, il continue à exploiter son champ. Donc la révision ne le concerne pas». Bref, il lui reproche de vouloir le beurre et l’argent du beurre. Mais selon une voix très autorisée de l’ONG MSA, «ce marabout est victime de l’acharnement de l’AIBD ». « C’est par un décret qu’on lui a pris son champ et on a enlevé le barbelé qui l’entourait. Nous avons fait une étude et comme toutes les personnes affectées par le projet, il devait bénéficier d’une augmentation. Je tiens à rappeler que même si l’Etat lui a restitué son terrain, il devait quand même lui payer le dédommagement et cela pourrait atteindre plus de 100 millions, compte tenu des investissements qu’il y a faits. Malheureusement, nous sommes en Afrique, c’est la loi du plus fort qui existe », déclare ce responsable de l’ONG qui requiert l’anonymat.

« Mes droits sont violés dans cette affaire »

Dans l’article 3 du document fait par le bureau d’étude canadien, AECOM tescult, il est dit : « Toute personne affectée doit être indemnisée sans discrimination d’appartenance ethnique, culturelle, de religion ou sociale ou de genre.» Et dans l’alinéa 5 : « Les personnes affectées doivent être indemnisées au coût de leur remplacement sans dépréciation avant le déplacement effectif des personnes affectées au moment de l’expropriation des terres et des biens qui s’y trouvent ou de dédommagement des travaux du projet».  Or, concernant le montant de 198 499 421, le directeur de l’AIBD Abdoulaye Mbodj, souligne dans une lettre adressée au marabout, en guise de réponse en date du 31 juillet 2014 : « Ce montant de 198 499 421 F CFA qui figure dans le décret n°2002-775 vous a été payé en totalité par le receveur des domaines de Thiès. »

Mais, selon un responsable du Domaine, «c’est une erreur de dire que la marabout a reçu 198 499 421. A ma connaissance, ajoute-t-il, il n’a reçu que 188 millions qui est la première tranche de l’étude faite par le CDREI ». Pour entrer dans ses fonds, le marabout dit être prêt à tout. « Mes droits sont violés dans cette affaire, c’est comme s’il y a deux types de Sénégalais. Mais j’irai jusqu’au bout, quoi que cela me coûte. »

A. BAKHOUM

 

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