Publié le 11 Jan 2021 - 17:14
REPORT DES ELECTIONS, AUDIT DU FICHIER ELECTORAL

L’analyse du constitutionnaliste Pape Demba Sy 

 

La rencontre entre les experts proposés par le cabinet Era et la Commission politique du dialogue national, dans le cadre de l’audit du fichier électoral, est prévue aujourd’hui, sauf changement de dernière minute. Toutefois, pour le constitutionnaliste Pape Demba Sy et membre de la mouvance présidentielle, ce débat sur l’audit du fichier est infantile.  

 

Les choses se précisent de plus en plus. Les Locales fixées au plus tard en mars 2021, risquent de connaitre un nouveau report, à cause de l’audit du fichier exigé par l’opposition, dont le démarrage est prévu prochainement pour une durée de trois mois.

Invité de l’émission dominicale ‘’Grand jury’’, le constitutionnaliste Pape Demba Sy, par ailleurs membre de la coalition Benno Bokk Yaakaar, reconnait d’ailleurs que le pouvoir n’était pas très emballé pour organiser les élections et l’opposition leur donne l’occasion de les reporter. Le secrétaire général de l’UDF/Mboloo-mi rappelle que la première condition posée pour l’organisation des Locales a été la conclusion des travaux de la Commission du dialogue politique et maintenant, il se pose le problème de la fiabilité du fichier.

‘’Cela veut dire qu’on ne peut pas organiser les élections à date échue en mars. Il faut encore les renvoyer. Je crois que pour l’opposition aussi, c’est une condition qui leur permet d’aller à des élections en étant rassurée qu’on a un bon fichier’’, laisse-t-il entendre. 

Pape Demba Sy estime toutefois que le débat sur la fiabilité du fichier est infantile. Alors que la Commission politique du dialogue national procède aujourd’hui à la validation des experts proposés, le constitutionnaliste trouve que le Sénégal n’a pas un problème de fichier. ‘’On a eu un fichier qui a permis l’alternance en 2000 et en 2012, qu’on a revu en 2017… Je me demande où est le problème ? Le fichier, si on le comprend bien, c’est l’ensemble des électeurs dispatchés dans les bureaux de vote… Ce qu’il peut y avoir, c’est de dire qu’on utilise le fichier électoral pour faire des doublons ou faire voter des morts, mais avec le système digital numérique, ces questions sont limitées’’, indique Pape Demba Sy. D’après le constitutionnaliste, en matière électorale, il y a ce qu’on appelle l’influence déterminante.

Ainsi, relève-t-il, même s’il y a quelques fraudes qui ne sont pas susceptibles de remettre en cause les résultats des élections, on n'en tient pas compte, et c’est ce qui se passe.

Aux yeux de M. Sy, le fichier est un faux problème, car il est fiable, même si ce n’est pas à 100 %. D’ailleurs, dit-il, sa dernière revue, il y a quelques années, a démontré qu’il était fiable à 98 %, ce qu’il considère largement suffisant.  

Pour le constitutionnaliste, l’essentiel est d’établir un fichier et de garantir sa transparence, afin que tout le monde puisse y accéder. ‘’Ce que je veux préconiser simplement, c’est que ce fichier puisse être accessible à tout le monde, pas seulement aux candidats et bien avant les élections. Cela permettra à chacun de faire les vérifications qu’il faut dans la transparence. En ce moment-là, il n’y aura plus de problèmes. Il faut qu’on laisse de côté cette question-là et qu’on avance vers des questions importantes, sinon on n’avancera pas. A chaque élection, on dit que le fichier n’est pas fiable et pourtant, quand on gagne, on ne soulève pas de problème. C’est valable pour ceux qui sont dans la majorité comme dans l’opposition. Je pense qu’il y a un jeu d’enfants dans cette affaire-là’’.

Selon Pape Demba Sy, dans une démocratie consolidée, on ne discute plus de fichier électoral, mais d’autres choses, alors que le Sénégal s’immobilise sur cette question.  

Par ailleurs, il s’est prononcé sur la recomposition de la classe politique sénégalaise, avec le gouvernement élargi à une partie de l’opposition. A ce propos, Pape Demba Sy a une double analyse. Il pense qu’il y a, d’une part, la volonté du président de renforcer sa majorité pour pouvoir continuer à contrôler le pays et, d’autre part, son ambition de faire en sorte que les organisations libérales puissent se retrouver autour de lui. ‘’C’est une analyse objective que nous faisons et disons : tant que les objectifs, programmes et actions sur lesquels nous sommes tombés d’accord pour être dans la coalition sont respectés, on est dans la coalition. Si ce n’est plus le cas, on est plus dans la coalition’’.  

HABIBATOU TRAORE 

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