Publié le 12 May 2020 - 03:28
REPRISE OU ARRET DEFINITIF DE LA SAISON

Matar Ba renvoie la balle à la Fédération de football

 

L’annulation du championnat national de football du Sénégal ne relève pas du ministère des Sports, selon Matar Ba. Il l’a précisé avant-hier, à l’occasion d’un entretien qu’il a accordé au forum de l’Association nationale de la presse sportive du Sénégal (ANPS). Ce premier numéro du club de la presse a été une aubaine, pour le patron des sports, de faire le point sur la situation actuelle des travaux de construction et de réhabilitation des stades, la gestion dans certaines disciplines comme la lutte et le basket, l’organisation des Jeux olympiques de la jeunesse de 2022, etc.

 

Comment le ministre des Sports gère la suspension des activités imposée par la pandémie Covid-19 ?

Je le gère normalement et les fédérations ont eu à le constater. Il est difficile d’être dans un pays où il n’y a pas d’activité sportive. Mais il faut noter que les acteurs sont aussi engagés dans la lutte contre la pandémie et ça nous permet d’être au service de notre pays. 

Le sport va-t-il bénéficier des fonds destinés à la Covid-19 ?

Le sport n’a jamais été oublié. Notre département est toujours soutenu, depuis que le président Macky Sall est là. Il y a eu beaucoup d’efforts pour accompagner le sport, même si toutes nos ambitions ne sont pas satisfaites. Je suis de ceux qui pensent que la pandémie est une parenthèse qui mérite une attention et une bonne analyse. C’est pourquoi, au département des Sports, nous sommes en train de travailler avec les moyens qui sont mis à notre disposition. Il y a beaucoup de choses qui ont été programmées, budgétisées et qui ne se feront pas. Nous sommes en train de travailler avec les finances pour accompagner efficacement le sport. Nous sommes toujours engagés à rendre performant le sport dans son ensemble et bien avant même cette pandémie. Je n’ai pas d’inquiétude là-dessus. Nous savons que tout le monde souffre de ça, soit le football professionnel, le basket, les arts martiaux ou même ceux qui travaillent dans les infrastructures sportives de l’Etat. C’est une question globale et parmi ces gens-là, certains vont recevoir l’aide alimentaire, d’autres vont bénéficier d’une aide multiforme. Je rassure tout le monde sportif. Il y a eu des fédérations qui ont eu le réflexe d’analyser et d’avoir un document attestant l’impact du coronavirus sur leur fonctionnement. Tout cela nous permettra d’agir efficacement et d’éviter les polémiques. J’y travaille tous les jours pour trouver les voies et moyens pour être aux côtés du monde sportif.

N’est-il pas opportun pour le Sénégal de mettre fin aux championnats nationaux, comme la France l’a fait récemment, pour cause de Covid-19 ?

Le Sénégal ne doit pas suivre tout le temps l’exemple de la France. J’ai bien dit que les fédérations doivent faire des propositions en direction d’une reprise. L’école se prépare pour une reprise des cours et nous devons aussi voir les possibilités avec la Direction des activités physiques et sportives (Daps). L’Etat peut ordonner l’arrêt définitif des compétitions, mais on n’aimerait pas avoir cette politique. On aimerait discuter avec tous les acteurs du sport pour prendre la meilleure décision. Si le football devait arrêter, c’est à la fédération d’en décider. Je peux vous dire qu’il a des réunions sur ce sujet et c’est pareil pour les autres disciplines.  Je pense qu’il manque beaucoup de choses dans la vie des Sénégalais, sans activité sportive. Donc, nous pensons a une reprise, mais nous sommes assez responsables pour ne pas faire n’importe quoi. C’est pourquoi je demande aux fédérations de réfléchir aussi à leur niveau pour qu’on ne soit pas surpris. Elles feront des propositions et l’Etat sera là pour les accompagner. Les autorités sanitaires sont en train de faire leur travail. Si nous devrions reprendre aussi, nous préférerions que les solutions viennent des fédérations sportives, et l’Etat apportera les compléments nécessaires. 

Pour l’instant, il n’y a pas encore d’éclaircie pour se prononcer sur une date de reprise des activités.

Est-ce que le ministère des Sports a adopté une politique pour soutenir les joueurs locaux et les staffs techniques des clubs, après deux mois de cessation d’activités ?

La pause imposée par la pandémie a forcément un impact négatif sur le football local. C’est pourquoi, au niveau du ministère des Sports, nous sommes en train de travailler avec les différents responsables du football professionnel ou amateur. Nous étudions les voies et moyens pour les appuyer dans cette période de crise. Cette pandémie touche tous les secteurs et il faudra y aller avec beaucoup d’intelligence pour faire face. La Fédération sénégalaise de football et les autres structures déconcentrées travaillent sur un document de sortie de crise.

Les travaux de construction du stade du Sénégal de Diamniadio ont-ils démarré, après la pose de la première pierre ?

Non ! Il y avait quelques petits régalages à cause de la maladie du coronavirus. Je peux vous dire, aujourd’hui, qu’à la fin du mois de mai, les travaux vont démarrer. C’est un stade qui sera construit très rapidement et qui pourra accompagner l’organisation des Jeux olympiques de la jeunesse de 2022.

A quand la réfection des stades  Léopold Sédar Senghor et Demba Diop ?

Le processus est bouclé au niveau de la Chine. Mais avec tout ce qui se passe avec la fermeture des frontières, on ne peut pas démarrer les travaux. C’est ce qui retarde le démarrage de LSS. La question sur Demba diop revient tout le temps, mais je vous dis que nous avons remis cette infrastructure à la Fédération de football. Elle est sur le coup avec un groupe d’experts pour proposer les plans et aller trouver les fonds au niveau de la Fifa.

Et qu’en est-il des autres stades régionaux ?

Les chantiers entamés seront poursuivis, comme les stades Ely Manel Fall de Diourbel, Me Babacar Sèye de Saint-Louis et Lamine Guèye de Kaolack, entre autres… Il n’y a aucun problème et nous travaillons avec le ministère des Finances pour que ces chantiers ne soient pas touchés. Je prends l’exemple du stade de Mbacké dont les travaux ont démarré. Ce sont les commandes de matériel qui pourraient retarder l’avancée des travaux. Mais les frets fonctionnent et il n’y a pas de difficultés majeures. Si ce sont des techniciens étrangers qui doivent finir quelques travaux. On attendra l’ouverture des frontières pour ça. Il ne faut pas oublier que nous avons en face les Jeux olympiques de la jeunesse, et les conséquences de cette pandémie ne devraient pas freiner notre élan.

Est-ce que la pandémie de Covid-19 ne va pas retarder les travaux des Jeux olympiques de la jeunesse Dakar-2022 et compromettre éventuellement la tenue de l’organisation à la période prévue ?  

Il n’y a pas d’impact, pour le moment. Le président du Comité international olympique (CIO) a déjà parlé au chef de l’Etat, pour dire qu’il n’y a pas de changement par rapport aux JOJ. Le Sénégal continue à travailler dans ce sens avec le Comité national olympique et sportif sénégalais (Cnoss) pour une parfaite organisation. Le comité d’organisation, dirigé par Ibrahima Wade, est à fond sur le dossier. On fait des visioconférences avec le CIO et tout se déroule normalement. Il n’y a pas encore de conséquence sur l’organisation des JoJ. Bientôt, il y aura le démarrage des travaux du stade Iba Mar Diop et de la piscine olympique nationale.  Les Jeux olympiques, initialement prévus cette année, sont certes renvoyés en 2021, mais les athlètes qualifiés auront le soutien de l’Etat et du Cnoss. On leur offre des bourses olympiques pour leur préparation. On fera de notre mieux pour mettre tout le monde dans des conditions de performance. 

Le basket est secoué par le différend opposant Baba Tandian à Maitre Babacar Ndiaye.  Que comptez-vous faire pour apaiser le climat et réunir cette famille de la balle orange ?

Je pense que par rapport à ce qui se passe au niveau du basket, j’avais dit que je n’en parlerai pas, parce que le moment n’est pas fait pour la polémique. Le monde entier est secoué par une pandémie et je pense que tout le monde devrait tirer dans le même sens. Nous l’avions commencé en étant solidaire et notre posture devait pousser tout le monde à être mobilisé pour accompagner l’Etat, les autorités sanitaires et les populations à faire face à cette pandémie.

Il y a eu une évolution par rapport à ce différend dont vous faites allusion. Car de bonnes volontés se sont levées pour réconcilier les protagonistes. Cette crise ne sert pas le basket et j’espère qu’on va dépasser cette étape. Nous travaillerons pour le renforcement du basket et son développement.

La Fédération sénégalaise de basket ne dispose pas de secrétaire général depuis près de 2 ans. Qu’est-ce qui explique cela ?  

L’ancien SG a été nommé directeur des Activités physiques et sportives du ministère des Sports. Cette mutation, combinée aux problèmes d’effectifs et les départs à la retraite compliquent la tâche au ministère. Il est difficile de trouver des hommes à mettre à la disposition des fédérations. Mais il faut comprendre que la Fiba (Fédération internationale de basket) compte  accompagner financièrement les fédérations nationales pour le recrutement de cadres administratifs. Je pense que c’est du ressort du président de la FSBB, Me Babacar Ndiaye, de prendre en charge cette question. Une fédération doit être en mesure de gérer certaines questions sans l’implication de la tutelle. J’ai instruit le directeur des Activités physiques et sportives de prendre en charge cette question avec le président de la FSBB.

Quelle analyse faites-vous de la crise notée au sein de la lutte avec le départ d’Alioune Sarr réclamé par certains acteurs, lutteurs, anciennes gloires, arbitres… ? 

J’ai dit que je ne veux pas entrer dans une polémique. Le Dr Alioune Sarr doit être occupé à 100 % pour accompagner les Sénégalais à lutter contre cette maladie. Je ne peux pas parler de limogeage ou autre chose. Ce que je peux vous assurer, c’est qu’il n’y aura pas de lutte sans le règlement de ces problèmes.

Peut-on s’attendre à une prolongation de la saison de lutte, pour éviter une année banche ?

Vous savez qu’on n’organise pas de combat de lutte durant l’hivernage. Mais si on devait recommencer à la fin de la pandémie au mois de juillet, on devra discuter avec le Cng et les acteurs de la lutte sur une solution appropriée. C’est pourquoi je veux être clair sur les modalités d’une probable reprise. On écoutera tout le monde. D’ailleurs, je vais entamer des consultations pour prendre en charge les questions techniques ou les obstacles d’une reprise des activités sportives. Je ne vais pas me précipiter pour parler de saison blanche. Il y a des décisions qui ne devront pas venir du ministre. La question de la reprise des activités sportives concerne aussi le ministère de la Santé, car c’est une affaire de santé publique. Toutes les décisions seront basées sur l’avis des autorités sanitaires.

OUMAR BAYO BA

 

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