Publié le 17 Jun 2015 - 13:07
RETARD SUR LE PAIEMENT DES BOURSES

Lassana Konaté se décharge sur les facultés

 

En conférence de presse hier, le directeur des Bourses a accusé les services de la scolarité des différentes facultés d’être les principaux responsables du retard noté dans le paiement des bourses. Lassana Konaté est aussi revenu sur le cas des étudiants en Egypte.

 

Face à la presse, le directeur des Bourses Lassana Konaté est entouré de son staff. L’objectif de la rencontre est double : apporter un certain nombre d’éclairages sur des points précis et surtout dégager toute responsabilité de l’institution sur le retard du paiement des allocations d’études. Premier point : le paiement des bourses des étudiants en master à la faculté des Sciences à l’Ucad. Actualité oblige, car au moment même où M. Konaté s’adressait aux journalistes, les étudiants concernés avaient barré l’avenue Cheikh Anta Diop pour réclamer le paiement de leurs bourses d’études.

Mais si l’on en croit le conférencier, les manifestants devraient plutôt chercher les coupables du côté de la scolarité de leur faculté. ‘’Pour pouvoir payer, il faut que les listes nous arrivent des facultés. Or, jusqu’à la date limite, les listes n’étaient pas arrivées. Elles ont donc été frappées de forclusion par la faute de la faculté’’, déplore-t-il, précisant au passage que la date limite était le jeudi 11 juin à 12h, alors que les listes sont arrivées le même jour à 15h. M. Konaté affirme s’être rendu lui-même à la fac le mercredi 10 à 17h, sans pour autant disposer des listes.

Et son incompréhension semble d’autant plus grande que les étudiants lui ont dit que les cours ont démarré le 5 mai passé. Il se demande alors comment la faculté peut connaître la situation de chacun des étudiants pour démarrer les cours et ne pas envoyer les listes. Lassana Konaté rappelle que, prenant en compte la situation dans les facultés, il a été décidé que l’inscription n’est plus une condition obligatoire pour avoir la bourse. Il suffit juste d’envoyer les listes. Ce qui n’arrive pas à résoudre le problème. Il a accusé les facultés de se réfugier derrière les effectifs pléthoriques pour ne pas faire le travail. De la même manière, il trouve incompréhensible l’attitude des étudiants qui barrent l’Avenue Cheikh Anta Diop tout en sachant, selon lui, que la direction n’est pas responsable de la situation actuelle.

Malgré tout, Lassana Konaté reconnaît qu’il est difficile de rester 9 mois sans bourse, vu les conditions de vie et de travail à l’Ucad. De ce fait, en dépit de tout ce qui précède, il révèle être à la recherche de solution. ‘’La direction des Bourses travaille pour que les retardataires puissent percevoir leurs bourses dans les meilleurs délais. Nous sommes en discussion avec les partenaires pour payer ces étudiants  à la fin du mois si possible. Au cas contraire, ce sera peut-être pour le début du mois prochain’’, renseigne M. Konaté.

Etudiants en Egypte : plus droit à la bourse

A propos des étudiants en Egypte qui ont bloqué l’accès à l’ambassade du Sénégal au Caire, M. Konaté a fait savoir qu’en principe, à ce jour, aucun d’eux n’a plus droit à la bourse. Mais certains vont bénéficier d’une dérogation. En effet, dans ce lot de 50 personnes, il y en a 20 pour qui il est plus judicieux de parler d’élèves plutôt que d’étudiants. ‘’Il s’agit d’élèves en classe secondaire envoyés par l’Etat après l’admission à un concours. Ils sont donc réguliers par rapport à l’Etat et avaient jusqu’ici droit à la bourse. Sauf qu’une nouvelle donne est intervenue. En effet, un décret présidentiel  daté du 12 août 2014 redéfinit les critères d’attribution. Et sont exclus de ces critères tous ceux qui ne sont pas bacheliers. D’ailleurs, le concours qui permettait d’envoyer des élèves arabes à l’étranger avant le bac a été arrêté. La raison est simple : le Sénégal dispose désormais d’un bac arabe national. Cependant, pour les élèves déjà sur place, le ministre a décidé ‘’à titre exceptionnel’’ que l’Etat va les accompagner en payant les bourses jusqu’à la fin de leurs études.

L’autre groupe est constitué d’une vingtaine d’élèves, partis par leurs propres moyens et qui, une fois sur place, ont fait une demande de bourse sociale. ‘’Puisqu’on a décidé de ne plus payer de bourse pour les élèves, vous comprenez donc que cette demande ne peut connaître une suite favorable.’’ Il reste alors le troisième groupe composé d’étudiants qui ont terminé leurs études et qui demandent une dérogation d’un an. ‘’Une requête qui peut être acceptée comme elle peut être rejetée’’, déclare le directeur des Bourses. En réalité, la demande a été rejetée. Et ce, d’autant plus que ces étudiants ont déjà reçu leur billet retour pour rentrer au Sénégal. ‘’Vous ne pouvez pas recevoir votre billet retour puis demander une dérogation’’, croit savoir Lansana Konaté. 

Paiement des bourses : Ecobank garde le monopole

Devant les guichets d’Ecobank situé sur l’avenue Cheikh Anta Diop, les files interminables et regroupements anarchiques sont devenus presque anodins. C’est pourtant très éprouvant pour les étudiants et le directeur des bourses le sait parfaitement quand il déclare qu’il observe très souvent la scène lorsqu’il est de passage. Malgré tout, les étudiants vont devoir se soumettre encore à cette rigueur. Lassana Konaté a fait savoir que le monopole pour Ecobank va durer jusqu’à la fin du contrat en cours.  La question de la diversification des banques a été à l’étude. Mais M. Konaté a fait savoir que cela ne dépend pas du ministère de l’Enseignement supérieur, mais plutôt du département de l’Economie et des Finances. Ce qui les rend peut-être impuissants sur cette question.

BABACAR WILLANE

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