Publié le 20 May 2020 - 11:48
REUNION DU CONSEIL SUPERIEUR DE LA MAGISTRATURE

Cheikh Tidiane Coulibaly prend le pouvoir à la Cour suprême 

 

Attendue depuis un an et demi, la réunion du Conseil supérieur de la magistrature s’est tenue hier et a permis un gros chamboulement dans l’organisation des juges. Si le juge Mamadou Badio Camara va bénéficier d’une retraite dorée, ses collègues Demba Kandji et Henri Grégoire Diop quittent les salles d’audience, entre autres nominations. 

 

Une profonde réorganisation s’est opérée dans le secteur de la justice. La réunion du Conseil supérieur de la magistrature tenue hier, a permis d’officialiser plus d’une centaine de nominations individuelles concrétisant une valse des postes entre les différents cours et tribunaux du pays. La première a été la nomination de Cheikh Tidiane Coulibaly au poste de Premier président de la Cour suprême, la plus haute instance du pouvoir Judiciaire au Sénégal, en remplacement du juge Mamadou Badio Camara qui a atteint la limite d’âge de 68 ans pour les magistrats occupant les fonctions de Premier président, de Procureur général et de Président de chambre à la Cour suprême. 

A 66 ans, Cheikh Tidiane Coulibaly compte 40 années de carrière dont 16 passées à la Cour suprême. Il est même présenté comme le plus ancien de la cour et le plus gradé des magistrats y siégeant.
 
Le juge Camara est nommé en qualité de Premier président honoraire de la Cour suprême. Il accède ainsi au statut d’honorariat, une reconnaissance pour la carrière accomplie. Une sorte de retraite dorée, puisqu’il va conserver beaucoup d’avantages acquis pendant la carrière. 
 
Toujours à la Cour suprême, Mahamadou Mansour Mbaye est nommé Premier président de la Cour suprême.
 
Le turnover concerne aussi le juge Malick Lamotte, précédemment Président par intérim du Tribunal de grande instance hors classe de Dakar, qui se retrouve nommé Président du Tribunal de commerce hors classe de Dakar. Une poste stratégique pour celui qui a beaucoup travaillé dans les questions d’attractivité, de compétitivité à travers le Doing Business. Il quitte un poste stratégique pour un autre, car l’attractivité d’un pays peut se mesurer à travers le tribunal de commerce. Connu du grand public pour avoir dirigé les procès de l’ancien maire de Dakar Khalifa Ababacar Sall, dans l’affaire dite de la caisse d’avance de la ville de Dakar, il a jugé d'autres grandes personnalités comme Abdou Latif Coulibaly, Barthélémy Dias et Luc Nicolaï. Il avait remplacé le juge Maguette Diop en janvier 2018, dans l’affaire Khalifa Sall, pour prononcer sa condamnation en mars de la même année. 
 
Si le juge Lamotte reste au sein les juridictions, d’autres grands noms n’écouteront plus de plaidoirie pour quelque temps. C’est cas de celui qui l’avait ‘’succédé’’ pour juger en appel l’affaire de la caisse d’avance et qui s’est aussi trouvé un nouveau point de chute. Le juge Demba Kandji, précédemment Premier président de la Cour d’appel de Dakar, a été détaché auprès de la présidence de la République. Pourtant, il était pressenti pour remplacer le juge Coulibaly au poste de Procureur général de la Cour suprême. Conseiller du président de la République ? Ses nouvelles fonctions n’ont pas encore été précisées. 
 
Aly Ciré Ba, précédemment Procureur général à la Cour d’appel de Saint-Louis, lui succède et devient le Premier président de la Cour d’appel de Dakar.
 
Comme le juge Kandji, Henri Grégoire Diop, précédemment Premier président de la Cour d’appel de Thiès, quitte aussi les salles d’audience pour un poste administratif au ministère des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur. L’on se souviendra de lui comme le président de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei), lors de la condamnation de Karim Wade, en 2015, pour enrichissement illicite.
 
Toutes ces nominations commenceront à prendre effet dans environ deux mois. 
 
Lamine Diouf

 

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