Publié le 17 Jan 2019 - 04:07
ROYAUME UNI

Les députés rejettent l’accord de Brexit, Theresa May désavouée

 

Les députés britanniques ont massivement rejeté hier l’accord négocié par la Première ministre, plongeant le pays dans l’incertitude. Jeremy Corbyn a déposé une motion de censure contre le gouvernement.

 

C’est donc confirmé, et ce n’est pas une surprise, les députés du parlement britannique n’aiment pas l’accord de retrait de l’Union européenne. Ils l’ont rejeté à la Chambre des communes par une énorme majorité de 432 voix contre et 202 voix pour. La marge est de 230 voix, un résultat inédit. Pour la Première ministre britannique, Theresa May, c’est une défaite cuisante et un record historique. En 1924, le gouvernement de Ramsay MacDonald avait été défait par 166 votes, mais depuis, les archives ne semblent pas avoir enregistré une claque d’une telle ampleur. L’avenir politique de Theresa May est une nouvelle fois remis en question.

Dans des circonstances normales, un tel résultat aurait entraîné la démission immédiate de la Première ministre. Mais, depuis plus de deux ans et demi, depuis le 23 juin 2016 et le référendum sur le Brexit, le Royaume-Uni ne vit plus dans des circonstances normales mais traverse une période extraordinaire et absolument inédite. Juste après l’annonce du résultat du vote, Theresa May a cependant reconnu l’ampleur de sa défaite en se disant prête à affronter dès jeudi une motion de défiance de l’opposition travailliste si celle-ci souhaitait remettre en question son gouvernement. Le chef du Labour, Jeremy Corbyn, a répliqué en confirmant le dépôt immédiat de cette motion de défiance et en indiquant que la Chambre des communes aura ainsi l’occasion de «délivrer son verdict sur la confondante incompétence de son gouvernement».

Bruxelles

Theresa May pourrait donc ne plus être Première ministre dès demain soir. Mais même cela n’est pas garanti. Si une lourde majorité des députés conservateurs a voté mardi soir contre l’accord de retrait, rien ne dit qu’ils voteront contre leur Première ministre. Theresa May avait déjà survécu début décembre à une motion de défiance, cette fois-ci déposée par son propre parti. Elle l’avait gagnée. Or, pour les députés conservateurs, la perspective du déclenchement d’élections anticipées et la possibilité d’un Jeremy Corbyn à Downing Street représente la pire des solutions. Ils pourraient bien préférer garder Theresa May et faire pression pour qu’elle reparte à Bruxelles discuter de l’Accord. Ce dont elle est parfaitement consciente.

Elle a signalé que «le résultat du vote montre ce que les députés ne veulent pas mais ne dit pas ce qu’ils veulent». Jusqu’à présent, aucun plan alternatif crédible n’a été présenté. Theresa May a donc indiqué sa volonté, si elle reste en poste, de discuter avec les différents partis avant de se présenter à nouveau devant le Parlement dès lundi pour présenter une motion sur ce que son gouvernement entend faire ensuite. Elle prévoit sans doute de retourner à Bruxelles pour discuter avec les négociateurs européens de la marge de manœuvre dont elle dispose. (…)

Juste avant le vote, Theresa May avait mis en garde les députés contre le rejet de cet accord. ‘’Un vote contre cet accord représente un vote pour plus de division, plus d’incertitude et le risque réel d’une sortie sans accord, voire de pas de Brexit du tout’’, avait-elle prévenu. Les députés ont choisi clairement de ne pas l’écouter.

Liberation.fr

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