Publié le 16 Mar 2020 - 23:17
SÉNÉGAL

Coronavirus, inquiétude et désolation légitimes ! 

 

Je suis très très sérieusement inquiet vu la légèreté et l’improvisation avec lesquelles cette affaire est managée chez nous. J’ai le sentiment qu’on se croit dans un conte de fée. D’un côté on a une équipe qui a déclaré autour du Ministre de la santé devant les caméras avoir réuni toutes les conditions nécessaires et être prête à accueillir le coronavirus avec :

- une unité emménagée au service des maladies infectieuses de l’hôpital de Fann d’une capacité de 12 lits et deux autres lits qui seraient dédiés aux éventuels cas graves (Sic !)

- un SEUL laboratoire, qui effectue le test diagnostique sur toute l’étendue du territoire : l’institut Pasteur, uns structure privée de surcroît !!!!

Combien facture l’Institut Pasteur pour chaque test réalisé ?  Qui s’intéresse à combien cela coûte au contribuable sénégalais ?

Au-delà de ce business lucratif pour l’Institut Pasteur qui se frotte les mains, il s’agit d’une insulte grave à l’expertise de nos éminents biologistes du CHU et de l’université. Pour rappel le VIH 2 a été découvert au Laboratoire de virologie du CHU de Dakar et on n’a pas confiance en son expertise pour faire les tests diagnostiques d’un vulgaire coronavirus ?

Pendant ce temps, ailleurs, en particulier en France, depuis le  09 mars, les laboratoires d'analyse installés en ville peuvent réaliser des tests de Covid-19 dans un souci de rendre le test rapidement accessible n’importe où grâce à un kit  composé d’un coton-tige à insérer dans le nez du patient pour recueillir des sécrétions potentiellement contaminées.

Un test coûte 54€ et est remboursé à 70% par la sécurité sociale. Au Sénégal on trimballe encore des prélèvements de Touba jusqu’à Dakar pour effectuer le test et l’Institut Pasteur s’octroie le jackpot au grand dam de notre expertise locale.

D’un autre côté on a des compatriotes qui ont manifestement raté la foire aux neurones, qui exigent vaille que vaille la tenue des rassemblements religieux qui se profilent avec des risques avérés de propagation du virus à grande échelle sous la bienveillante inertie des autorités étatiques.

Hélas ! Lorsque l’épidémie va flamber (ce qui est très probable et imminent) et qu’on commencera à enregistrer les premiers cas mortels (nous ne le souhaitons pas mais le devoir de vérité exige de nous d’envisager cette éventualité), alors on comprendra qu’il ne s’agit pas d’un jeu d’enfant.

Reveillez-vous bon sang ! Ne voyez-vous pas ce qui se passe partout dans le monde ?

La Chine est en phase de venir à bout de cette épidémie en ayant investi massivement sur LES LITS DE RÉANIMATION pour faire face aux cas graves de pneumonie à coronavirus avec SDRA (Syndrome de Détresse Respiratoire Aiguë) mortels.

Aujourd’hui l’Italie crie au secours, ses moyens de réanimation sont débordés. Ses partenaires européens comme la France et l’Allemagne restent sourds à son appel préférant garder leur logistique de réanimation pour eux-mêmes.

C’est la Chine qui vient à son secours pour lui donner des milliers de respirateurs artificiels et des masques de protection du personnel médical.

Face à ça nous nous permettons de jouer avec le feu alors qu’on a quasiment AUCUN je dis bien AUCUN service de Réanimation qui remplit les conditions pour gérer des cas graves de coronavirus.

Je suis un pur produit du CHU de Dakar, je m’occupe au quotidien jour et nuit de cas graves de coronavirus en réanimation, je sais donc de quoi je parle et je suis bien placé pour témoigner de l’expertise des laboratoires du CHU de Dakar.

Gérer une épidémie c’est prévoir et anticiper pour avoir une longueur d’avance sur le virus surtout lorsqu’on a la chance inouïe de pouvoir tirer les leçons des expériences des autres.

À bon entendeur....

Allons rek ! Que personne ne dise après qu’on ne savait pas.

God save our country !

Mais « Yalla yalla bay sa toll »

Par Dr. Mamadou Mansour Diouf.

 

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