Le directeur du centre de détection des jeunes talents de Fatick, Abdou Salam Lam, est bien placé pour analyser le Championnat d’Afrique U20 (8 au 22 mars). Pour lui, l’équipe du Sénégal qui a perdu (1-3) en ouverture contre le Nigeria n’est pas encore prête.

Le Sénégal a perdu d’entrée (1-3) face au Nigeria au CHAN U20. Qu’est-ce qui a fait la différence entre les deux équipes ?

On se rend compte que l’équipe du Nigeria est très collective, qui a l’habitude de jouer ensemble. Donc, tactiquement, c’est une équipe qui est déjà prête. On se rend compte que les joueurs ont quelque chose qu’ils ont mis en place et qu’ils ont assimilé. Peut-être qu’ils ont suivi une formation pendant longtemps parce qu’ils ont des automatismes. Donc, il y a des leaders, des stratégies quand ils ont le ballon, et quand ils ne l’ont pas également.

Il y a de bonnes individualités. Du côté sénégalais, on voit déjà… c’est vrai qu’il y a une sélection, mais l’équipe n’est pas encore en place. En début de jeu, on a vu nos joueurs se chercher. Malheureusement, il n’y avait pas une symbiose dans l’axe central, ce qui a fait qu’on a pris des buts. Mais après les rectificatifs, on a fait jeu égal. Et je pense que les gosses ont vendangé beaucoup d’occasions. Ça se voit que l’équipe est en train de se mettre en place, mais elle n’est pas encore en place. Contrairement à l’équipe du Nigeria où c’est un déroulé. Elle est déjà prête, l’entraîneur même s’est permis de faire une revue d’effectif.

Quel impact peut avoir une défaite d’entrée sur le moral ?

Une défaite d’entrée… on n’aborde pas la compétition de la meilleure manière. Ça va complexifier le problème, c’est-à-dire qu’on est obligé de gagner les deux matches qui restent pour se qualifier pour les demi-finales. Autrement, il faut sortir les tablettes parce que tout restera à jouer entre la Côte d’Ivoire et le Congo.

Vous avez vu les deux prochains adversaires du Sénégal jouer dimanche. Est-ce que ça reste jouable pour les Lionceaux ?

Rien n’est encore joué. En revanche, la tâche restera très difficile parce que la Côte reste une équipe très engagée. Ensuite, le Sénégal et la Côte d’Ivoire se connaissent parce qu’ils ont eu à jouer des matches amicaux. Toutes les deux autres équipes (Côte d’Ivoire et Congo) ont plus de métier que le Sénégal. Donc, la tâche reste difficile mais pas impossible.

Est-ce que ce manque de métier n’est pas dû aux absences répétées du Sénégal des compétitions continentales de petites catégories ?

A coup sûr ! C’est la raison pour laquelle il ne faudrait pas qu’on soit très sévère avec les gosses. Parce que depuis 1995, on n’a pas eu une équipe nationale junior à ce stade de la compétition. Je pense qu’il faut utiliser ce tournoi pour montrer qu’on renoue avec la compétition, mais il faut garder ce retour de manière régulière. Si nous arrivons à avoir une équipe comme celle de la deuxième mi-temps d’hier, c’est déjà bon. Mais il faudra être régulier dans cette compétition.

ADAMA COLY