Publié le 18 Sep 2020 - 17:57
SANTE – REGION CARREFOUR

Diourbel a besoin de 8 nouveaux hôpitaux

 

La revue annuelle conjointe 2019 du secteur de la santé s’est tenue, mercredi, dans la salle de conférence de la gouvernance de Diourbel. Elle a permis de constater les gaps en matière de personnel et d’infrastructures, mais aussi d’avoir un aperçu sur les progrès réalisés depuis 2018. La proposition forte est d’éclater le district de Touba en trois districts sanitaires.

  

La position géographique de la région de Diourbel (elle est frontalière avec 5 régions) est un atout du point de vue économique, mais un handicap pour le secteur de la santé. La révélation a été faite par le médecin-chef de la région médicale de Diourbel, Dr Mamadou Dieng, lors de la réunion consacrée à la revue annuelle conjointe de 2019.

D’après la blouse blanche, ‘’du point de vue sanitaire, cette position constitue une vulnérabilité, parce qu’il est difficile de faire un contrôle, car la région est frontalière avec 5 régions. Le système est très sollicité par d’autres régions et les districts proches transfèrent le plus ici leurs patients. Le centre hospitalier régional Heinrich Lübke de Diourbel reçoit des malades de Thiès, Fatick, Kaolack et Matam. C’est pourquoi la région doit avoir un système de santé solide et résilient’’.

Présentement, la carte sanitaire de la région de Diourbel, pour 2017-2021, fait ressortir un besoin en nouvelles infrastructures sanitaires. Il est prévu la construction de 20 postes de santé et l’érection de 12 cases de santé en postes de santé. La région a besoin de 8 hôpitaux, compte non tenu des 3 hôpitaux existants. La région souffre d’un déficit en logistique.

Pour le personnel, le besoin est de 102 médecins et 150 chirurgiens-dentistes. Ces gaps en médecins spécialistes tels que les gynécologues, les pédiatres, les neurologues pourraient être résorbés, pense le médecin-chef de la région médicale, ‘’avec l’avènement de l’hôpital de Touba et l’ouverture du service pédiatrie de l’hôpital Lübke, et surtout avec la mise en place du nouveau plan d’investissement du ministère’’. 

La région médicale est aussi en train de travailler sur la mise en place d’un Samu régional. Il pourrait être fonctionnel d’ici 2021. Durant cette rencontre, le médecin-chef de la région médicale a proposé le découpage du district sanitaire de Touba en trois districts.

Progrès

Lors de cette rencontre ayant réuni plusieurs acteurs, il a été aussi fait le constat des progrès au niveau des programmes prioritaires et des réalisations. A titre d’exemple, le Programme élargi de vaccination (PEV) où les objectifs de couverture ont été atteints. Il en est de même pour la détection et la prise en charge des cas de tuberculose.

Dans cette région, nonobstant ces réalisations, il reste plusieurs défis. Il s’agit surtout de relever le défi lié au couple mère-enfant où on a noté quelques difficultés relatives à la faiblesse du taux d’achèvement en CPN (consultation prénatale), à la faiblesse aussi du taux de prévalence contraceptive et surtout du taux de recrutement PEV et de la mortalité néonatale.

D’ailleurs, le couple mère-enfant est l’une des priorités de la région de Diourbel. Dans la lutte contre la mortalité maternelle et néonatale, la région est en train de mettre en place des interventions au niveau des centres de santé et des hôpitaux, pour améliorer la prise en charge du couple mère-enfant, en essayant de booster les activités à haut impact sur le couple.

Pour la mortalité maternelle, il y a l’intégration des services, la disponibilité de la césarienne et la mise en place de blocs Sou et la mise en œuvre de paquets d’activités solides pour gérer les urgences obstétricales et néonatales.

Sur ce volet, le docteur Adama Haidara Mbacké, Médecin-Chef du district sanitaire de Mbacké, a plaidé pour la mise en place d’un bloc Sou au niveau du centre de santé de Mbacké, parce qu’au niveau de la région, pratiquement, il n’y a pas de centre de santé qui dispose de bloc opératoire. Interpellé sur cette doléance, le Dr Dieng répond : ‘’On sait que ces blocs opératoires dans les centres de santé permettent déjà de réduire les délais de prise en charge, d’éviter que les hôpitaux soient engorgés et de régler beaucoup de questions au niveau de ces centres de santé, surtout les problématiques des urgences obstétricales et néonatales. Aujourd’hui, si Bambey dispose d’un bloc opératoire, il y a certains cas qui ne seraient plus évacués à Lübke. Il serait bien de mettre à ce niveau un bloc opératoire Sou, c’est-à-dire pour les soins obstétricaux de base, pour éviter et diminuer les évacuations.’’

Il a été aussi constaté quelques difficultés dans le suivi et la prise en charge des personnes vivant avec le VIH, parce que le dépistage, qui était initialement à des taux très élevés, a connu une baisse, entre 2019 et 2018. Cette baisse est constitutive au fait que beaucoup de partenaires se sont retirés et aujourd’hui, les services de santé peinent à atteindre ce pourcentage de personnes dépistées pour VIH.

A ce niveau, la CNLS (Conseil national de lutte contre le sida) et la DLS (Division de lutte contre le sida) sont en train de mobiliser des ressources pour accompagner la région.

L’autre question soulevée concerne les gaps au niveau des infrastructures et du personnel de santé.

Dettes dues à la Pra et aux structures de santé

Les créances dues à la Pharmacie régionale d’approvisionnement (Pra) sont de 72 668 851 F CFA. Elles ont beaucoup impacté le fonctionnement de la Pra et porté un rude coup à l’initiative ‘’Yeksina’’ qui a été finalement abandonnée. Les établissements de santé, les centres de santé et les postes de santé courent, eux, derrière les dettes que la CMU tarde à honorer.

‘’C’est une dette qui couvre les années 2017, 2018, 2019. Tout récemment, l’agence de la CMU a procédé à des remboursements qui couvrent une moitié de 2017. Donc, il reste une bonne partie de 2017 et les années 2018, 2018 et 2020 à payer aux structures de santé, particulièrement les centres de santé. Pour les hôpitaux, le problème ne se pose pas, parce qu’ils ont été payés. Mais la dette qui persiste et qui plombe le fonctionnement des structures de la santé et des postes de santé, c’est la dette qu’on appelle la dette pour les prestations offertes aux enfants de 0 à 5 ans. Cette dette a un peu impacté la disponibilité des médicaments, parce que comme vous le savez, ces enfants bénéficient d’une dotation gratuite en médicaments et ces médicaments proviennent de la Pra’’, déclare le médecin-chef de la région médicale.

Le chef du Service régional de la CMU a répondu à ces interpellations, pour dire que ‘’l’agence a injecté 819 millions sur une dette qui était de 1,2 milliard’’. A ses yeux, des efforts ont été consentis. ‘’On ne doit maintenant de l’argent qu’aux centres et postes de santé. D’ailleurs, l’agence est dans une dynamique de tout apurer. La Banque mondiale a mis de l’argent pour que toutes les créances soient payées au plus tard au mois de décembre’’, annonce-t-il. 

Boucar Aliou Diallo

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