Publié le 30 Jun 2020 - 00:54
SARA OUALY, PRESIDENT FEDERATION SENEGALAISE D’ATHLETISME

‘’Depuis 2018, l’athlétisme n’a reçu aucune subvention de l’Etat’’

 

Le président de la Fédération sénégalaise d’athlétisme a profité de son passage au Club de la presse, ce week-end, pour exposer les maux dont souffre la première discipline olympique au Sénégal. Pour Sara Oualy, l’Etat devrait mettre les moyens à la disposition des dirigeants pour soutenir les athlètes sénégalais qui ne manquent pas de talent.

 

L’athlétisme au creux de la vague

‘’Pour que l’athlétisme sénégalais revienne au-devant de la scène africaine, on a ébauché des débuts de solution. Il y a un groupe d’athlètes qui avait représenté le pays dans les compétitions de la région 2. Ces derniers s’étaient bien comportés. On compte donc sur ceux-là pour relever le défi au plan africain. Actuellement, les gosses bénéficient d’en encadrement technique adéquat. Ce qui leur manque, c’est vraiment un suivi matériel, médical et alimentaire. Ils sont talentueux, mais il leur faut un appui pour performer.’’

Besoin de soutien étatique

‘’L’athlétisme n’est pas comme le football ou le basket qui peuvent vraiment vendre leurs produits sur le marché. Partout dans le monde, l’athlétisme est soutenu par les pouvoirs publics. C’est une discipline qui ne produit pas beaucoup de retombées économiques, mais elle peut procurer à l’Etat une certaine représentativité au plan international. Aujourd’hui, la Jamaïque est sortie de l’anonymat grâce à l’athlétisme. Il appartient à l’Etat de soutenir certaines disciplines comme l’athlétisme. Il y a dix ans de cela, la discipline bénéficiait des fonds de relance d’un montant de 120 millions de francs CFA. Et ces fonds-là ont disparu. Actuellement, l’Etat a érigé des stades un peu partout au Sénégal, sans équipement. Et ces infrastructures sont partagées entre le football et les autres disciplines. Donc, on attend de l’Etat une aide beaucoup consistante. Depuis 2018, l’athlétisme n’a reçu aucune subvention de la part de l’Etat. Vous voyez combien c’est grave. Ce qu’on attend de l’Etat, c’est d’octroyer des bourses de formation à nos athlètes, équiper les stades régionaux, essayer aussi d’octroyer des indemnités aux entraineurs. Ils ne sont pas payés, du tout. A part certains qui sont des professeurs d’éducation physique, aucun club ne paie ses entraineurs. Ils sont dans le bénévolat et cela pose problème. On a un souci sur le plan des ressources humaines.

La fédération ne peut qu’émettre des idées, gérer l’athlétisme sur le plan administratif. Lorsque je prenais la présidence de la Fédération sénégalaise d’athlétisme, j’avais un programme bien ficelé. Une partie de ce programme a été déposée au niveau du Cnoss et du ministère des Sports pour pouvoir relancer la discipline. Mais cela demande des moyens humains, financiers et matériels. Partout dans les pays qui se respectent, ils dégagent beaucoup de moyens pour aider l’athlétisme. Comme je l’ai dit, c’est une discipline qui ne génère pas de retombées économiques. Il appartient à l’Etat de soutenir la discipline. Seul l’athlétisme, à travers les JO et les JOJ, parvient à faire hisser plus de 200 drapeaux. Le football ne peut pas le faire, le basket non plus. Il faudrait vraiment que l’Etat prenne la mesure de l’importance de l’athlétisme, pour qu’il puisse assurer le rayonnement diplomatique du pays. Tout le monde sait qu’il y a une guerre qui se fait entre les pays à travers le sport.’’

Union de la famille de l’athlétisme

‘’Après mon élection à a tête de la fédération, j’ai essayé de tenir un discours fédérateur pour réunir tout le monde autour de ma personne. Au niveau de Dakar, le président de la ligue a fait son devoir. Il a essayé de fédérer les dissidents autour de lui. Puisque l’athlétisme traverse une passe difficile, il faut que tout le monde essaye d’y mettre du sien pour relancer la discipline. Actuellement, on ne parle plus de division. La famille est réunie autour de l’essentiel. Avec mon grand frère Dia Ba, on travaille la main dans la main. D’ailleurs, une partie de notre élite s’entraine dans son centre (Centre africain de développement de l'athlétisme, NDLR). La dissension au niveau de l’athlétisme appartient au passé.’’

Les anciens internationaux

‘’Les anciens athlètes ont mis en place une organisation appelée Asra, qui fait partie intégrante de la fédération. Cette association nous aide sur le plan matériel et nous apporte aussi son soutien sur la mise en place des idées et le repérage des athlètes binationaux éparpillés à travers le monde. Ils nous permettent de les détecter, de les contacter et de les démarcher.’’

Procès Lamine Diack

‘’Concernant le procès de Lamine Diack, la fédération a essayé de soutenir le collectif (de soutien à Lamine Diack, NDLR). Nous ne pouvons que lui apporter un soutien moral. Lorsque les faits se déroulaient, j’étais vice-président à la fédération. Je suis très loin de cette affaire. On n’a pas eu de contact, ni de tête-à-tête. Mais à travers quelques parents et alliés, j’ai pu lui apporter mon soutien. Je n’ai pas un avis tranché sur la question. Cette affaire dépasse le cadre de la fédération. On n’a pas les moyens relationnels et diplomatiques pour le soutenir. La justice gère en toute indépendance ce dossier. On ne peut pas interférer dans le déroulement d’’un procès. Le dossier est entre les mains de la justice. On verra après la suite.’’

Bilan à mi-parcours

‘’C’est un bilan satisfaisant. Sur le plan de la formation, on a eu à effectuer pas mal de séances. On a pu se procurer un chrono électrique. On a équipé les stades régionaux de matériels, le siège de la fédération où il y a toutes les commodités qu’il faut. On a aussi organisé des compétitions.’’

LOUIS GEORGES DIATTA

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