Publié le 13 Feb 2020 - 06:38
SCANDALE DU COUD

Cheikh O. Anne sert une citation directe à Pape Alé et à Mody Niang

 

Non satisfait d’avoir servi une citation directe à Pape Alé Niang et à Mody Niang, le pool d’avocats constitué par l’ex-DG du Coud pour laver son honneur dans ce qui est convenu d’appeler le scandale du Coud, demande le mandat d’arrêt ou de dépôt contre les mis en cause. En plus d’une amende de 10 milliards de francs CFA et le retrait du livre des rayons.

 

Cheikh Oumar Anne joint l’acte à la parole. Après avoir annoncé une plainte dès la publication, il y a de cela quelques semaines, du livre du journaliste-chroniqueur de Sen TV, ‘’Scandale au cœur de la République : le dossier du Coud’’, le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation technologique a adressé, hier, une citation directe à Pape Alé Niang et à Mody Niang.

Dans la citation directe, le pool d’avocats constitué par l’ancien directeur général du Coud et comprenant Mes El Hadj Diouf, Fatimata Sall, Baboucar Cissé et Babacar Ndiaye, reproche au journaliste-chroniqueur des propos diffamatoires contenus dans son livre.

En effet, dans le document parcouru par ‘’EnQuête’’, Me El Hadj Diouf et Cie soutiennent que Pape Alé, dans son livre, accuse le plaignant d’avoir autorisé des décaissements irréguliers non justifiés de 20 millions pour les amateurs des courses hippiques, 15 millions pour un ‘’ndogou’’ à Claudel sans aucune pièce justificative et d’avoir aussi alloué, sans aucune base légale, des indemnités allant de 120 000 à 200 000 F au personnel du Coud dont le seul mérite est d’être proche de lui. Il l’accuse aussi d’avoir attribué à la dame Mariama Ndiaye une indemnité de 100 000 F à titre de carburant, alors qu’elle n’a pas de véhicule. Soulignant que le plaignant, dans le recrutement du personnel, a commis de nombreuses irrégularités inhérentes au favoritisme, au népotisme et au clientélisme politique, le journaliste a écrit, selon eux, que Cheikh Oumar Anne a recruté 155 personnes natives de Ndioum incompétentes, la petite sœur de son épouse à qui il a offert les deniers du Coud, un véhicule acheté à EMG à 12 millions : ce qui l’a mis dans l’obligation de recruter les deux filles d’Aminata Kane Ndao, Chef du service administratif, des étudiantes payées à chaque fin du mois sans travailler et à créer des emplois fictifs.

Selon les avocats de Cheikh Oumar Anne, Pape Alé Niang prétend aussi, dans le livre, que leur client manipule la comptabilité du Coud, le logiciel Ciel ; ce qui porte atteinte à la régularité, à la sincérité et à l’image fidèle des états financiers, qu’il a gaspillé les deniers publics et s’est fait plaisir en payant un sac Mikael Kross à 380 USD à l’aéroport JFK avec l’argent du Coud. Plus grave encore, ils soutiennent que Pape Alé Niang affirme que le plaignant s’est rendu coupable des délits de faux et usage de faux relatifs aux justificatifs des dépenses de 89 millions dépensés lors de la visite du chef de l’Etat sur le campus social le 31 juillet 2015, avec la complicité de Babacar Diouf qui a remis de fausses factures. Il poursuit en soutenant, selon Me El Hadj Diouf et Cie, que Cheikh Oumar Anne s’est rendu complice des délits d’escroquerie, de fraude, de détournement de deniers publics sur les régies d’avance de la caisse pour la restauration des étudiants, pour un montant de 802 millions, entre janvier et juin 2015, et a acheté, à cet effet, le kilogramme de niébé a 4 500 F. Cela, en plus de subventions irrégulières, injustifiées et parfois fantaisistes, sans aucune base légale, d’une valeur de 216 millions en 2014 et de 238 millions durant les 8 premiers mois de 2015.

Au regard de tout cela, ils soutiennent que Pape Alé Niang a aligné, dans son livre, des affirmations mensongères et accuse le plaignant d’être auteur des pillages du Coud qu’il a trait comme une vache laitière par divers procédés de détournement, de fausses facturations, de népotisme, de paiements irréguliers et indus, de surfacturations, d’abus de biens sociaux, de détournements d’actifs, de complicité de faux et d’usage de faux.

En termes clairs, il l’accuse, selon eux, de s’être rendu, dans le cadre de l’exercice de ses fonctions, coupable de concussion, de fraudes, de corruption, de détournements de deniers publics, de faux et usage de faux, de surfacturations, d’escroquerie, des diverses actions pénales sévèrement punies par la loi. Ces imputations et allégations sont d’autant plus choquantes qu’il s’agit, selon eux, d’une pure invention d’un journaliste qui se dit journaliste d’investigation, qui a écrit des faits inexacts pour justifier sa collaboration lucrative avec certaines autorités politiques.

‘’Il est indiscutable qu’un journaliste sérieux et respectueux de la déontologie de sa profession n’aurait pas écrit ces allégations et imputations mensongères sans demander des preuves ou même un commencement de preuves ou des écrits susceptibles de corroborer de tels propos ou de chercher à sourcer ses écrits auprès de la personne incriminée avant de les publier’’, écrivent Me El Hadj Diouf et Cie dans la citation directe.

Selon eux, Pape Alé Niang, en faisant publier un livre qui contient des mensonges grossiers sans procéder à aucune enquête sérieuse, ni vérification auprès de l’intéressé sur ces fausses allégations, a violé gravement les obligations que lui impose la loi : ‘’Que le journaliste ne peut publier que des informations vérifiées ou, dans le cas contraire, les accompagner des réserves qui s’imposent.’’ ‘’La légèreté et la mauvaise foi de Pape Alé Niang et de ses complices sont mises à nu par tous les passages contenus dans ce livre. L’intention de nuire, de porter atteinte à l’honneur et à la considération du plaignant, sont manifestes’’.

Convaincus de la culpabilité manifeste de Pape Alé Niang et de Mody Niang, le pool d’avocats de l’ex-DG du Coud demande au juge, après avoir déclaré les prévenus des infractions pour lesquelles ils sont poursuivis et les condamnés à telles peines d’emprisonnement et d’amende après les réquisitions du ministère public, recevoir la constitution de partie civile de Cheikh Oumar Anne et lui allouer la somme de 10 milliards de francs CFA. Ceci, étant donné la gravité des imputations et toute la publicité qui s’en est suivie, l’intention manifeste de nuire et la mauvaise foi notoire qui caractérisent le livre et la forte possibilité que, pour cette besogne, le journaliste auteur du livre ait pu tirer un substantiel profit. ‘’Il y a lieu de les condamner solidairement au paiement de cette somme’’, fulminent-ils.

Mieux, Me El Hadj Diouf et Cie pensent qu’il y a lieu d’ordonner le retrait du livre du marché et l’arrêt de sa commercialisation si mieux n’aime le tribunal, ordonné le retrait de tous les passages diffamatoires qui portent atteinte à l’honneur et à la considération de la partie civile et le tout sous astreinte de 10 millions par jour de retard. Au besoin, ils demandent au juge de décerner un mandat d’arrêt ou de dépôt contre eux et de fixer la contrainte par corps au maximum.  

ASSANE MBAYE

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