Publié le 18 Jun 2020 - 01:44
SÉNÉGAL ET LE RESTE DE L’AFRIQUE DE L’OUEST FACE À LA COVID-19

Un virus de plus en plus meurtrier

 

Après plus de trois mois de lutte contre le nouveau coronavirus, les pays d’Afrique de l’Ouest essaient encore de contenir la propagation de la maladie.

 

En l'espace de 72 heures, le Sénégal a enregistré 14 décès. Le bilan des morts liées au coronavirus s'alourdit (70) et les personnels de santé multiplient les alertes. Un peu plus de trois mois après l'entrée du virus, l'évolution de la pandémie dans la sous-région est assez rapide. Le pays de la Téranga fait partie des pays les plus affectés par la Covid-19 de l'Afrique de l'Ouest. Le Nigeria a passé la barre des 15 500 cas confirmés (407 décès). Il est suivi du Ghana qui compte plus de 11 000 infectés (48 morts), la Côte d'Ivoire en compte 5 439 (46 décès) et la Guinée se rapproche de la barre des 5 000 avec plus de 4 600 contaminations officielles dont 25 décès.

Or, durant les premières heures de la lutte sur le continent, le Sénégal était cité en exemple, en raison des multiples cas de guérison et d'un nombre faible de décès. Entre le 2 mars et le 5 avril, deux personnes infectées ont perdu la vie.

En effet, le pays a été le premier à utiliser le traitement à base de chloroquine, suite à un partage d'expériences avec les personnels de santé chinois. Le 18 mars, ces derniers ont témoigné, lors d'une rencontre Chine-Afrique, de l'efficacité de ce traitement en moins de 10 jours. Sauf que Pékin a opté, en plus, pour un confinement de Wuhan, une réduction drastique des déplacements, la détection et l'isolement précoces.

A côté de l'exemple chinois, la Corée du Sud a su circonscrire la propagation du virus, grâce à une méthode de tests massifs, de désinfection fréquente des lieux publics et de traçabilité. Autant de mesures difficiles à mettre en œuvre en Afrique, en considérant le niveau économique des pays.

La CEDEAO, consciente de cette réalité et de la forte mobilité entre ses pays membres, a décidé, le 23 avril, de mettre en place une stratégie sous-régionale en appui à celle propre à chaque Etat membre. Elle s'est donc impliquée dans la formation des acteurs, la fourniture de kits de test et la généralisation de l'utilisation de la chloroquine.

Déconfinement au cœur du chaos

Mais, à ce jour, le bilan est peu reluisant. Les chiffres gonflent. Le nombre de tests dans plusieurs pays est bien loin de la réalité du terrain. Le Nigeria et le Ghana, qui ont confiné chacun leurs deux plus grandes villes depuis avril, ne sont pas épargnées. Dès les prémices de la pandémie, le Maroc a pris des mesures drastiques pour tenter de contenir la propagation du virus. Au moment de la déclaration de l’état d’urgence sanitaire le 20 mars, le pays ne comptait que 77 cas de la maladie. Tous les événements publics ont été suspendus, de même que les voyages internationaux, tandis que les déplacements urbains et entre villes ont été soumis à un contrôle draconien. Avec 8 921 cas confirmés, 212 décès, il fait partie des premiers pays à avoir osé le confinement et la fermeture des frontières, après l'infection de 7 personnes.

Plus de trois mois après le début de la crise, le pays présente l'un des taux de létalité les plus faibles au monde (2,6 %). Plus de 7 800 malades ont été guéris (90 %) et le pays soutient 15 pays africains en matériel médical. Les pays ouest-africains, à l'image de l'Europe, se ''dé-confinent'' progressivement pour ne pas avoir à souffrir d'une "économie totalement à genoux.

Selon plusieurs spécialistes de la santé, le pire est à craindre, si les populations abandonnent les mesures barrières. 

EMMANUELLA MARAME FAYE

 

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