Publié le 9 Jan 2020 - 00:37
SECTEUR INFORMEL EN 2017

9 998,8 milliards de F CFA de chiffre d’affaires annuel réalisé par les entreprises

 

Les entreprises du secteur informel ont réalisé un chiffre d’affaires annuel de 9 998,8 milliards de F CFA, en 2017. C’est ce que révèle l’enquête régionale intégrée sur l’emploi et le secteur informel de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD) dont ‘’EnQuête’’ a reçu une copie hier.

 

Avec 96,4 % des actifs occupés du marché du travail, le secteur informel a fait un bond important en 2017. Au fait, il ressort de l’Enquête régionale intégrée sur l’emploi et le secteur informel de cette année réalisée par l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD) dont ‘’EnQuête’’ a reçu une copie hier, que le chiffre d’affaires annuel des entreprises de ce secteur est estimé à 9 998,8 milliards de F CFA. D’après la même source, ce chiffre d’affaires correspond à l’ensemble des ventes en état des produits, des ventes des produits résultant de la transformation d’autres produits et des ventes de services.

‘’La part la plus importante de ces recettes provient du commerce, avec 6 622,9 milliards de F CFA, soit 66,2 %. Le chiffre d’affaires des unités de production informelles évoluant dans le secondaire est estimé à 2 168,2 milliards de F CFA et celui des entreprises du secteur des services est évalué à 1 207,7 milliards de F CFA’’, précise le document.

En réalité, l’ANSD indique que les résultats montrent aussi que les activités de fabrication, le commerce de gros et le commerce de détail représentent plus de la moitié du chiffre d’affaires du secteur informel, environ 79,4 %. Ces trois filières ont fait respectivement des chiffres d’affaires de 1 519,9, de 2 017,5 et de 4 399,5 milliards de francs CFA. ‘’La production du secteur informel, estimée à 4 728,5 milliards de F CFA, est répartie comme suit : secondaire (2 113,2 milliards), commerce (1 461,8 milliards) et services (1 153,5 milliards). Cette production a permis la création d’une valeur ajoutée, richesse créée par le secteur informel, de 3 749,4 milliards de F CFA. Le secondaire est le secteur ayant contribué le plus à la création de cette richesse, soit 40,8 %. Cette contribution est suivie de celle du commerce (34,4 %), puis des services (24,8 %)’’, renchérit le rapport de l’ANSD.

En 2017 également, l’enquête renseigne que les actifs dans le secteur informel non agricole sont estimés à 2 499 219 F CFA. Ceci avec un taux de salarisation se situant à 10,4 % au niveau national et une rémunération mensuelle tournant en moyenne autour de 58 000 F CFA et les contrats écrits sont quasi inexistants (3,2 %). Ces résultats montrent également que la quasi-totalité, à savoir 88,3 % de la valeur ajoutée du secteur informel, provient des sept branches. Il s’agit notamment des activités de fabrication pour une valeur de 943,1 milliards de F CFA, du commerce de détail pour 871,7 milliards de F CFA, des activités de construction à hauteur de 529,1 milliards de F CFA. Mais aussi du commerce de gros qui représente 301,5 milliards de F CFA de ce chiffre, des activités de transport pour 252,9 milliards de F CFA, d’activités d'hébergement et de restauration à hauteur de 241,7 milliards de F CFA. Et d’autres activités de services que sont les tailleurs, pressing, coiffure, réparations de biens domestiques, etc., qui y ont contribué pour une somme de 217,5 milliards de F CFA.

350 milliards de F CFA de capital

Il ressort également de l’enquête de l’ANSD que le capital des unités de production du secteur informel appartient principalement aux chefs d’unités de production informelles.

En effet, sur les 350 milliards de F CFA que représente le coût du capital, 89,0 % reviennent aux unités de production. Il faut aussi noter que la location est plus ou moins bien présente, avec 8,4 % du montant global. Les biens qui proviennent des prêts ou bien qui sont d’une propriété partagée représentent 2,6 %. La location, le prêt ou la propriété partagée sont moins présents dans le milieu rural, puisque 91,7 % du montant du capital des unités de production leur appartiennent. Pour constituer le capital, l’ANSD souligne que les unités de production font recours à plusieurs moyens de financement. Parmi les moyens d’obtention de fonds, il existe l’épargne et le prêt contracté auprès des institutions financières ou de la famille.

‘’Certaines unités de production peuvent prendre à crédit certains de leurs équipements auprès de leurs fournisseurs. Globalement, dans le secteur informel sénégalais, le capital est essentiellement financé par épargne, don ou héritage. En effet, 291,4 milliards de F CFA, soit 83,3 % du capital détenu par les unités de production, proviennent de l’épargne, du don et de l’héritage’’, lit-on dans le document.

En moyenne, l’enquête révèle que la valeur ajoutée annuelle d’une unité de production du secteur informel est estimée en moyenne à 2 219 099,7 F CFA, soit environ 184 000 F CFA par mois. Les résultats montrent que les unités de production se situant dans le décile le plus faible ont une valeur ajoutée annuelle moyenne de 36 901,2 F CFA. Ces entreprises créent moins d’un pourcentage (0,2 %) de la richesse globale du secteur. En plus, une analyse de la valeur annuelle moyenne prouve que les unités de production se trouvant dans le milieu urbain créent en moyenne une richesse plus élevée (2 643 737,2 F CFA) que celles évoluant dans le milieu rural, avec un écart d’environ 961 659,7 F CFA.

 ‘’La structure globale de la répartition de la valeur ajoutée du secteur informel, selon les différents déciles, est la même pour tous les milieux de résidence (capitale, autres milieux urbains et rural), caractérisée par une valeur ajoutée moyenne du décile supérieur largement supérieure à la moyenne et aux autres valeurs ajoutées des déciles inférieurs’’, font savoir les enquêteurs de l’ANSD.

Une production mensuelle variant entre 300 et 450 milliards F CFA

Pour ce qui est de la valeur ajoutée annuelle moyenne des unités de production du secondaire, elle est évaluée à 3 422 189,1 F CFA. Celle des services à 3 149 528,3 F CFA et du commerce à 1 362 528,3 F CFA. ‘’Une analyse suivant les différents déciles révèle que la valeur ajoutée annuelle moyenne des services des trois déciles inférieurs est supérieure à celle des activités du commerce et de l’industrie. L’écart entre la valeur ajoutée du décile supérieur et celle du décile inférieur est beaucoup plus important dans les activités industries, comparé aux écarts entre ces déciles dans les autres activités’’, développe l’ANSD.

L’enquête de l’agence en charge des statistiques dévoile aussi que la production mensuelle des unités de production du secteur informel fluctue entre 300 et 450 milliards de F CFA. Après un rythme quasi constant autour de 400 milliards de F CFA, de novembre à mars, la production augmente ‘’significativement’’ au cours du mois d’avril. Puis elle ralentit ‘’progressivement’’ jusqu’au mois de juillet, avant de reprendre au mois d’août.

Il convient de noter que dans le secteur informel, la valeur ajoutée mensuelle moyenne par personne (production du facteur travail) est évaluée à 131 205,0 F CFA. Une étude selon les différents secteurs d’activité laisse voir que les individus s’activant dans les services ont la productivité mensuelle moyenne la plus élevée estimée à 195 032,5 F CFA. Ils sont suivis par ceux des unités de production du secteur secondaire avec 170 095,6 F CFA. Et enfin par les acteurs travaillant dans le commerce avec 93 003,9 F CFA.

‘’Cette même structure est retrouvée dans les autres centres urbains et dans le milieu rural, avec les services classés premiers en termes de productivité, ensuite les industries et, enfin, le commerce. A Dakar urbain, le secteur secondaire a la plus grande productivité estimée à 261 372,3 F CFA. On constate que la productivité mensuelle du facteur travail est plus élevée à Dakar urbain et se situe à 154 470,2 F CFA, celle des autres milieux urbains est de 148 439,1 F CFA et pour le milieu rural 106 248,7 F CFA’’, souligne le rapport.

Ce que recommandent les enquêteurs de l’ANSD

Au terme de leur travail, les enquêteurs de l’agence en charge de la statistique ont reformulé dans le document des recommandations. En fait, d’après eux, la part de la main-d’œuvre potentielle dans la main-d’œuvre élargie, de plus 50 %, est ‘’révélateur’’ soit ‘’d’une faiblesse ou de l’inexistence’’ d’un système d’information du marché du travail. Ceci, pour apparier les ménages demandeurs et les entreprises offreurs d’emplois. Soit d’une économie ‘’incapable’’ d’absorber toutes la force de travail.

‘’Dans le premier cas, l’Etat devrait, à moyen terme, réorganiser le marché du travail par la mise en place d’un dispositif permettant d’apparier les demandeurs et les offreurs d’emplois. Dans le second cas, à long terme, des mesures structurelles s’avèrent nécessaires et elles consisteraient en un changement de cap devant s’appuyer sur une meilleure orientation de l’investissement productif vers des secteurs porteurs et à fort capacité de main-d’œuvre’’, conseillent-ils.

Par rapport aux actifs occupés, 94,6 % sont en emploi informel. En ce sens, pour les salariés, ces derniers ont signalé que l’employeur ‘’ne verse pas’’ les cotisations au titre de la protection sociale. Et les chefs d’unités de production informelle ont des entreprises informelles et les aides familiales sont considérées pourvues d’un emploi informel. ‘’Avec un tel niveau d’emploi informel, nul besoin d’autres indicateurs pour dire que les travailleurs de l’économie sont dans la précarité et la vulnérabilité. Les acteurs du système de protection sociale et l’Etat doivent inciter les chefs d’entreprises à formaliser leurs entreprises, d’une part, et à déclarer leurs employés à tous les niveaux des entités responsables de la protection sociale, d’autre part’’, plaident les enquêteurs.

Vu l’importance du nombre de personnes s’activant dans le secteur informel et la faible part de l’impôt dans la richesse créée par les unités de production informelles, d’après eux, l’Etat ‘’gagnera davantage’’ avec la formalisation de celles-ci. ‘’Cette formalisation constitue aussi une étape nécessaire pour pallier les nombreuses difficultés rencontrées par les unités de production du secteur informel. Il est connu que l’accès au crédit, l’écoulement de la production par l’accès aux grosses commandes, la disposition d’un local professionnel sont plus accessibles ou faciles pour les unités de production formelles’’, font-ils savoir.

Sur ce, les enquêteurs pensent qu’il faudra ainsi sensibiliser ces unités sur l’importance de s’immatriculer au Ninea et tenir une comptabilité et faire comprendre aux acteurs l’importance de leur adhésion à la sécurité sociale. Les autorités étatiques sont également appelées à développer des politiques économiques pour l’accompagnement à l’accès au crédit auprès des différentes institutions financières.

MARIAMA DIEME

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