Publié le 8 Oct 2019 - 20:34
SECURITE AERIENNE ET TERRESTRE

Le Sénégal fortifie ses frontières

 

Face à l’hybridation des menaces, le gouvernement sénégalais a fait appel à l’expertise de l’Américain Securiport pour mieux superviser les points de passage stratégiques aériens et continentaux.

 

On est en novembre 2016. Le Français d’origine centrafricaine Otto ‘‘Prince Charmant’’ Longola est livré par les autorités sénégalaises, après une demande d’extradition introduite par le doyen des juges du tribunal de grande instance de Bordeaux. Le spécialiste des braquages était recherché par la justice française depuis 2013 et une notice rouge d’Interpol pend sur sa tête. N’eût été le système de contrôle intégré de Securiport, Longola serait passé entre les mailles du filet de sécurité à l’aéroport Léopold Sédar Senghor.  Un autre citoyen français ayant enlevé deux enfants et deux terroristes radicaux seront appréhendés la même année, grâce aux signalements du système de contrôle de Securiport relié à la liste de surveillance d’Interpol.

Avec l’environnement international propice aux mobilités aériennes et aux actes extrémistes, les pouvoirs publics sénégalais, au cours de la dernière décennie, se sont entourés de garanties pour moderniser ses infrastructures et améliorer ses services publics. Une partie de cette initiative, menée par le plan d’action du gouvernement, comprend des efforts cruciaux pour assurer la paix et la sécurité du pays et du peuple sénégalais. Et pas que pour l’aviation civile.

‘‘D’ici la fin de 2019, 10 nouveaux postes frontaliers, y compris les ports maritimes et les frontières terrestres, seront pleinement opérationnels avec un équipement de pointe qui comprend une technologie logicielle de nouvelle génération’’, souffle une source proche du milieu sécuritaire. Une extension de la carte sécuritaire, au vu de la situation alarmante chez le voisin malien et au Burkina Faso soumis à des attaques extrémistes quasi-quotidiennes. Bien avant l’aggravation de la situation actuelle dans ces deux pays, le gouvernement sénégalais était dans la logique d’une montée en puissance face à l’hybridation des menaces. Les détails techniques sont très au point, puisqu’une combinaison de données et de biométrie permettra de montrer ‘‘non seulement qui vous êtes, mais plus important encore, en termes de personne d’intérêt, qui vous n’êtes pas’’. Tous les points de passage importants, d’entrée ou de sortie du pays devraient en être dotés par ce renouveau de la gestion des frontières du Sénégal.

Contenu local

Le projet de modernisation de la frontière a été lancé en 2011, lorsque le gouvernement a fait appel à Securiport, une société privée américaine, pour la mise en œuvre de solutions d’immigration à l’aéroport international Léopold Sédar Senghor (Ailss). Depuis, cette spécialiste de la sécurité a mis en place et a exécuté avec succès un système de contrôle des frontières avec des résultats on ne peut plus convaincants. ‘‘Quand les personnes arrivent dans le pays et sont accueillies avec l’hospitalité sénégalaise, le système exclusif de Securiport s’active en coulisses. Il alerte les responsables de la sécurité lorsque les informations biométriques ne correspondent pas, quand des documents volés sont détectés ou lorsqu’un voyageur est identifié sur une liste de surveillance d’Interpol ou nationale’’, nous explique-t-on. C’est ce qui aura permis les arrestations d’individus évoquées plus haut.

A l’évidence que le système de l’aéroport international de Dakar a été concluant, le contrat de Securiport a été étendu pour couvrir des opérations à divers points de contrôle frontaliers dans tout le pays.

Si la sécurité de la population et du pays reste la priorité absolue, la sécurité améliorée des frontières se traduit également par une stabilité accrue et, parallèlement, par un accroissement des investissements étrangers. ‘‘Securiport a récemment commencé à installer son équipement de gestion des frontières (matériel et logiciel) dans tout le pays. Dans certains cas, cela a nécessité le développement d’une infrastructure civile pour s’adapter aux nouvelles normes. Le gouvernement continue de collaborer avec la société privée pour veiller à ce que les politiques et les lois nationales soient respectées, et Securiport a fait de grands progrès pour s’assurer que sa main-d’œuvre locale est composée à plus de 90 % de Sénégalais et que l’entreprise collabore avec les sociétés et les fournisseurs locaux pour aider à soutenir l’économie locale’’.

Un transfert de technologie est également prévu, car ‘‘le personnel et les fonctionnaires du gouvernement sont régulièrement formés aux dernières technologies et aux mises à jour des normes internationales’’ pour mettre les élites locales au diapason des évolutions de la sécurité.

OUSMANE LAYE DIOP

Section: