Publié le 11 Mar 2015 - 15:40
SEMINAIRE DE LA BANQUE MONDIALE SUR L’ENSEIGNEMENT PRIVE

Le financement de l’éducation en question

 

L’enseignement privé est très dynamique au Sénégal. Mais du fait qu’il est financé essentiellement par les ménages, il exclut les fils des moins nantis. Un séminaire qui s’est tenu hier à la Banque mondiale a eu pour objectif de trouver les moyens de diversifier son financement avec l’intervention du secteur privé notamment.

 

Le sous-secteur de l’enseignement privé enrôle 16% des effectifs des élèves du Sénégal tous niveaux confondus.  Ceci est la preuve, aux yeux des autorités et de leurs partenaires, que malgré son dynamisme et l’image positive dont il bénéficie au Sénégal, l’enseignement privé reste pour le moment très peu développé. D’où l’organisation d’un séminaire hier au siège de la Banque mondiale pour voir comment arriver à une participation efficace du secteur privé dans l’éducation.

L’objectif est donc de réfléchir sur les mécanismes de renforcement du secteur privé dans le système éducatif et de partager les expériences concluantes des autres pays. Ceci afin de mieux intégrer l’aspect équité permettant de prendre en compte les enfants des pauvres exclus pour délit de pauvreté. En effet, 50% des ménages démunis n’ont pas accès à l’enseignement privé moyen. Le ministre de l’Education nationale, Serigne Mbaye Thiam, venu présider la cérémonie, a d’abord précisé qu’il ne s’agissait pas de privatiser l’éducation, car celle-ci reste une prérogative de l’Etat. Mais il est question ici d’encourager les initiatives privées, surtout si l’on est convaincu comme Raja Bentaouet Kattan de la Banque mondiale que ‘’les 6% du PIB injectés dans l’éducation sont déjà trop élevés et que la capacité pour augmenter les ressources publiques semble limitée’’.

En plus, la nécessité de se tourner vers le privé semble d’autant plus convaincant que d’après le ministre, le taux de réussite à ce niveau est beaucoup plus élevé que dans le public. Et cela, à un moment où ce sous-secteur n’a pas été pris suffisamment en compte ni dans le programme de développement de l’éducation et de la formation (PDEF) exécuté ces 10 dernières années, ni dans le programme d’amélioration de la qualité, de l’équité et de la transparence de l’éducation et de la formation (PAQUET-EF). Il ne faut pas cependant que les réussites cachent les défis. Car, d’après Serigne Mbaye Thiam, ‘’les conditions d’étude des élèves ne sont plus les meilleures. Le secteur compte beaucoup d’écoles sises sur des sites peu appropriés et font souvent recours à l’intervention d’enseignants fonctionnaires, du fait du faible nombre de personnels qualifiés’’.

Pendant ce temps, la subvention de l’Etat reste très limitée, 1,7 milliard. Ce qui est considéré comme largement insuffisant. A cela s’ajoute le sentiment de certains acteurs, comme le directeur de l’enseignement privé Malick Soumaré, qui pense que les critères d’éligibilité à la subvention favorisent davantage les écoles qui n’en ont presque pas besoin, parce qu’ayant fini d’équilibrer les charges et les revenus. Il faut savoir que pour bénéficier de la subvention, il faut être en règle avec le fisc et les institutions de prévoyance retraite et maladie.

Les écoles périurbaines et rurales lésées dans la subvention

Ce qui est en d’autres termes une faveur supplémentaire accordée aux enfants des milieux déjà favorisés, car les établissements privés éligibles sont majoritairement ceux des villes, les écoles périurbaines et rurales étant très peu développées pour répondre aux critères. Un point de vue que le ministre ne partage pas forcément. Il affirme que les critères évaluent le nombre d’élèves, d’enseignants qualifiés, les primes à l’examen… Il n’exclut pas toutefois de mieux intégrer l’aspect équité dans la répartition, en faisant attention notamment aux zones d’implantation.

Malgré tout, du fait de la faiblesse de la diversification des sources de financement, ce sont essentiellement les parents qui financent l’enseignement public. Plus de 91% des revenus viennent des ménages. C’est donc tout à fait logique que les enfants des pauvres qui n’ont pas les moyens de payer en soient exclus. 

BABACAR WILLANE

 

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