Publié le 12 Jul 2019 - 02:12
SENEGAL / BENIN - LE MATCH DES FANS

Une victoire pour deux !

 

Les supporters béninois, composés en majorité de jeunes étudiants, ont vibré, hier, au rythme du match Sénégal-Bénin. Malgré une victoire du camp opposé, c’est à cœur joie qu’ils ont festoyé dans leur fan-zone.

 

‘’Ce soir, nous allons nous faire un troisième lion ! ‘’, Entend-on avant même le coup de sifflet du match Sénégal-Bénin comptant pour les quarts de finale de la Can. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la fan-zone béninoise, sise à Sacré-Cœur 2, a démarré en trombe. On se croirait sur les gradins du stade du 30 Juin, au Caire.  

Hier, c’est avec beaucoup de confiance que les Béninois résidents à Dakar ont suivi le duel tant attendu entre les Lions et les Ecureuils. Chants, danses et hymne national… Une ambiance bon enfant maintenue jusqu’à la fin du match, malgré le score.

Si, sur le terrain, les joueurs courent et transpirent, devant l’écran, les supporters sont passés par toutes les couleurs, toutes les émotions. Entre les tirs ratés des joueurs, les multiples fautes, le tout couronné par deux cartons jaunes et un rouge, l’atmosphère était plus qu’électrique.

Mounié, Adéoti, Olivier Verdon ont tenu en haleine des téléspectateurs assoiffés de victoire. Sans oublier le gardien de but Allagbé qui a bénéficié d’applaudissements nourris lors de ses brillantes sorties. Les acclamations sont devenues plus appuyées, suite à la maladresse du gardien sénégalais Alfred Gomis, qui a failli provoquer un but contre son camp. Les deux équipes jouaient pour gagner et se sont neutralisées pendant les 45 premières minutes du match.

Une prouesse, selon les supporters du Bénin, d’autant plus qu’ils considèrent que le Sénégal est une grande équipe qui a l’habitude des compétitions. ‘’Les gars jouent pour ne pas encaisser de but. C’est l’objectif principal’’, analyse Ladislas Lando, Président de l’Amicale des étudiants et stagiaires béninois au Sénégal. Effectivement, la défense béninoise a tout de même fait souffrir le Sénégal. ‘’C’est vraiment de la résistance et il semble que le système de jeu mis en place par l’entraineur depuis le début a été le même jusqu’à présent. Un bloc bas qu’il a remonté légèrement en première période’’. Une autre analyse, cette fois du président du Haut conseil des Béninois de l’extérieur/Section Sénégal, Mathieu Fréjus Hounyovi.

Selon lui, ‘’Sénégal vs Bénin, c’est un match de la fraternité qui tient toutes ses promesses. On espère qu’avant la fin du match, une des deux équipes se débrouillera pour gagner afin de nous éviter l’épreuve des palpitations lors des tirs au but’’. Le sourire aux lèvres, il trouve une équipe sénégalaise joueuse, entreprenante qui fait face à des Béninois solides. Deux équipes qui se craignent visiblement et qui devraient se lâcher en seconde période. L’homme se dit sénégalo-béninois. Il est né et a grandi au Sénégal et est sûr de gagner, quel que soit l’issue de la rencontre. ‘’Raison pour laquelle cette fan-zone a préparé une fête qui aura lieu, quel que soit le résultat’’, affirme-t-il.

Inutile de rappeler que la seconde partie du match a commencé avec un avantage offensif côté sénégalais. ‘’Montez sur eux !’’, crie un supporter exaspéré, transpirant à grosses gouttes.

Le match de la fraternité

Les yeux rivés sur l’écran géant dans une chaleur d’été, encourageant par des chants leur équipe, les supporters béninois y ont cru, refoulant toute idée selon laquelle le vaudou y serait pour quelque chose.

Même si, évidemment, à la 66e mn, après l’ouverture du score du Sénégal, les mines joyeuses et pleines d’espérance, les yeux pétillants ont laissé place à… un lourd silence.  Et là, les journalistes sénégalais de plusieurs organes de la place n’ont bien sûr pas su retenir leur joie. Quand le cœur s’exprime, la neutralité journalistique s’envole. Côté béninois, le ciel s’est assombri. Les mains sur la tête, des cris de désespoir, des têtes baissées… Bref, difficile de croire à ce qui est en train de se passer. Tout d’un coup, la chaise perd son utilité, on préfère se mettre debout. A l’écran, le jeu béninois ralentit et cela inquiète.

Pourtant, ils y ont cru jusqu’au bout. Jusqu’à la dernière minute de jeu, on chantait. ‘’Les gars, on supporte les joueurs jusqu’au bout’’, lance Beauneste Goumanbou, le vice-président de l’amicale. Finalement, c’est leur pays hôte qui finit par l’emporter.

A la fin du match, loin d’être tristes, les supporters béninois ont entonné en chœur l’hymne national du Bénin. C’est l’euphorie en bordure de route. ‘’Vous avez très bien joué. C’est à reconnaître, même si on pouvait passer ce cap, la victoire du Sénégal est amplement méritée’’, pense Clarisse, pressée de courir rejoindre la troupe festoyant avec les habitants du quartier. Une très belle image de fair-play et de fraternité renchérie par la levée des drapeaux respectifs des deux pays et la reprise des deux hymnes nationaux.

Par ailleurs, les autorités béninoises estiment que l’entraineur Michel Dussuyer doit être félicité, parce qu’il a du mérite, avec les joueurs qu’il a, pour avoir passé le cap des huitièmes de finale. ‘’Ce match et tout ce qui s’ensuit témoignent des excellentes relations entre ces deux pays, entre le président Patrice Talon et le président Macky Sall. C’est un nouveau départ pour le Bénin, qui a une équipe courageuse et vertueuse, qui brillera à l’avenir. Félicitations !’’. Ces propos sont du consul du Bénin, Moussa Cassé.

La soirée s’est terminée en fête comme prévu. Des plats et de la boisson pour tous !

EMMANUELLA MARAME FAYE

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