Publié le 8 Aug 2014 - 22:26
SERVICE D’AIDE MEDICALE URGENTE (SAMU) GRAND – YOFF

Le martyre des patients

 

Qui dit médecin, dit sauveur ! C’est de moins en moins le cas dans certains hôpitaux, centres de santé et autres services du même acabit au Sénégal. Dans plusieurs hôpitaux, les malades se plaignent du manque de sérieux de certains médecins dans l’exercice de leur fonction. Ils dénoncent des retards préjudiciables à la santé des populations et qui jurent avec le serment d’Hippocrate. Les patients qui se sont déplacés mercredi soir au SAMU de Grand-Yoff en ont fait l’amère expérience. Dans la soirée, un patient, excédé par la situation, a contacté EnQuête pour se plaindre. Un déplacement sur les lieux a permis de constater une situation inquiétante.

Il est 23 heures, des taxis et quelques personnes sont à la devanture du service d’aide médicale d’urgence de Grand-Yoff, sis sur les deux voies de Liberté 6. A l’intérieur, un nombre important de patients attendent leur tour pour se faire soigner. Les visages sont inquiets. D’autant que les accompagnateurs assistent impuissants à la douleur des patients qui se demandent quand est-ce qu’ils pourront voir un médecin.

Assise sur un blanc réservé aux malades, Khady Sall, la soixantaine, teint clair, avec son voile blanc, attend le tour de son enfant qui s’est gravement blessé en tombant d’une charrette. La vieille dame traduit l’exaspération de  tous. « Nous n’avons trouvé qu’un seul médecin de garde qui consulte les malades, depuis plus de 2 heures. Ce qui est déplorable. L’autre médecin (faisant allusion au 2e médecin) vient juste de débarquer », soutient la dame. Abdou Karim Faye ne laisse pas terminer la dame et se lance dans une très longue explication.

« Les patients sont là depuis un bon bout de temps en train d’attendre ce médecin. Il n’y avait qu’un seul médecin qui assurait toutes ces urgences. Ainsi, beaucoup ont boudé. Ils ont laissé leurs tickets pour aller se faire consulter ailleurs. Car les urgences n’attendent pas », informe M. Niang, tenant un bébé dans ses mains. « On le paie pour travailler. Dans le travail, l’assiduité et la ponctualité sont primordiales surtout chez un médecin. Les autorités doivent prendre des mesures contre cette race de médecins », fulmine-t-il. C’est parti pour une série de récriminations. ‘’Il a eu le culot de se pointer ici à une heure tardive, alors qu’il sait très bien qu’il y a des malades qui l’attendent. Je pense qu’il ignore que c’est un service d’aide médicale urgente», renchérit un malade.

Assis sur la table de son bureau, le médecin retardataire essaie de prendre le train en marche. Mais notre présence sur les lieux l’incommode. Taille moyenne, mince, de teint un peu clair, il se montre discourtois et se braque lorsqu’on l’interpelle sur son retard et sur les complaintes des patients. « Suis-je le seul à être en retard ? Vous les journalistes, venez-vous tout le temps à l’heure ? Ne pourrais-je pas avoir des contraintes ? Sortez de mon bureau, j’ai du boulot à finir ! Ecrivez tout ce que vous voulez », lance-t-il d’un ton belliqueux.

Les membres du personnel se montreront plus courtois, en confirmant le retard important. Mais, ils se garderont de faire des commentaires. 

SAMBA DIAMANKA

 

 

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