“Nous allonsfermer les postes desanté,si...’’

L’intersyndicale des travailleurs des collectivités territoriales du Sénégal demande au ministère de la Santé et de l’Action sociale de payer aux agents de santé des collectivités locales la prime Covid-19. Elle dénonce ‘’une discrimination et une injustice’’ et annonce un nouveau plan d’action.
Les agents de santé des collectivités locales, qui n’ont toujours pas vu la couleur de l’argent de la prime Covid-19, ne décolèrent pas. Ils continuent de dénoncer ‘’une discrimination et une injustice’’ du ministère de la Santé et de l’Action sociale à leur endroit. Ayant décidé d’aller jusqu’au bout de leur combat, ils ont annoncé, hier en conférence de presse, un nouveau plan d’action.
Le premier acte consiste à adresser un message au président de la République pour lui faire part de la ‘’discrimination’’ dont sont victimes ces travailleurs. D’autant que c’est le chef de l’Etat qui a décidé d’octroyer des primes Covid-19 aux travailleurs évoluant dans le secteur de la santé publique. Après cette saisine, ils comptent procéder, dès le 5 janvier prochain, au port de brassard rouge dans les structures de santé municipales. Les agents de santé des collectivités territoriales ont, également, annoncé qu’ils procéderont à un arrêt de travail, le mercredi 13 janvier, sur l’ensemble des structures municipales. Ce mercredi, ils vont déposer un préavis de grève auprès de la direction du travail et de la sécurité sociale. Toujours dans le but de montrer leur mécontentement, ils prévoient, une semaine avant l’expiration du préavis de grève, d’effectuer une marche nationale de protestation, avant de tenir une grève générale.
‘’À chaque fois qu’il y a des avantages qui sont accordés aux autres, nous sommes obligés de nous mobiliser pour nous battre. Les avantages qui sont octroyés aux agents de l'Etat doivent nous parvenir, surtout que nous sommes dans une dynamique de la fonction publique locale. Donc, nous ne comprenons pas cette discrimination’’, déclare le président de l’Intersyndicale des travailleurs des collectivités territoriales du Sénégal qui réunit quatre organisations syndicales de la CNTS. Sidiya Ndiaye d’ajouter : ''Ce qui est inquiétant, c’est que le ministre de la santé et de l’Action sociale est également le maire de Yoff. Il y a un centre de santé qu’il gère (Philippe Senghor). Comment peut-on concevoir qu’il paye les agents de l’Etat et qu’il refuse de payer son propre personnel ?’’.
En effet, le ministère de la Santé et de l’action sociale (MSAS) avait promis de payer la prime Covid-19 aux agents des collectivités territoriales. Cependant, le syndicaliste soutient que seule une partie de ces travailleurs a reçu, non pas la totalité de la prime, qui s’élève à trois cent mille francs CFA, mais trois mois de prime, soit un montant de cent cinquante mille (150 000) francs CFA. En outre, dit-il, les agents figurant sur la liste complémentaire n'ont jusqu’ici rien reçu.
‘’Le personnel de santé n’est pas content’’
Ainsi, M. Ndiaye et Cie veulent qu’on leur dise comment cet argent est géré. Il s’agit d’abord de 74 milliards, puis de 11 milliards de francs CFA. Ce qui fait un total de 75 milliards de francs CFA. Ils ne comprennent même pas pourquoi le montant de la prime est évalué à 50 000 francs CFA par mois. ‘’Quelle est la part du budget alloué à ces primes. Qui en a bénéficié et qui n’en a pas ? Pourquoi ?’’, s’interroge Sidiya Ndiaye. ‘’Normalement, on devait créer, selon l’orthodoxie, une commission nationale chargée de faire le fichier pour qu’il n’y ait pas d’erreur. Mais, dans la précipitation, on a voulu gérer l’argent de manière informelle. Et aujourd’hui, le résultat est là’’, fulmine-t-il.
Très en colère, il peste : ‘’Le personnel de santé n’est pas content. Si le gouvernement croit que les postes de santé ne sont pas importants, on a qu’à les fermer. S’ils sont fermés, les hôpitaux ne pourront rien faire. Rien du tout’’. D’ailleurs, si la situation persiste ‘’nous allons tous baisser les bras. Nous allons, nous-mêmes, fermer les postes de santé’’, prévient-il.
L’intersyndical des travailleurs des collectivités territoriales du Sénégal demande donc au MSAS de mettre fin au traitement ‘’inique’’ et ‘’discriminatoire’’ des agents de santé des collectivités territoriales qui sont pourtant en première ligne de contact avec les malades. ‘’Il ne faut pas oublier que ce sont les centres et postes de santé qui reçoivent les malades pour les prélèvements et leur orientation vers les centres de traitement’’. Et selon le syndicaliste, ‘’cette injustice a fini d’exaspérer ces travailleurs émérites’’ qui ont décidé de se faire entendre pour rentrer dans leur droit. Pourtant, poursuit-il, cette situation aurait pu être évitée, si tous les travailleurs de la santé exerçant dans les structures étatiques, municipales et agents de santé communautaire (ASC) avaient perçu cette prime à la même période et de la même manière.
‘’Au Sénégal la seule santé qui vaille est celle relevant du domaine public. Les collectivités territoriales, pour ceux qui semblent l’ignorer, sont des démembrements de l’Etat, et à ce titre, elles méritent la même considération que toutes autres institutions de la République’’. Ils invitent à ''mettre fin aux deux poids deux mesures et à traiter tous les agents de santé de façon égalitaire’’.
BABACAR SY SEYE