Publié le 15 Jan 2020 - 17:18
SIGNATURE DECISION D’INVESTISSEMENT FINAL

Sangomar ouvre l’ère de l’or noir  

 

Le projet pétrolier du champ de Sangomar a reçu sa Décision d’investissement final (FID) hier. Pour la joint-venture RSSD, c’est le début d’exécution de la phase 1 dont le ‘‘First Oil’’ est prévu pour début 2023.  

 

L’instant est historique, le ‘‘fait majeur’’, comme le souligne le ministre du Pétrole et des Energies (MEP) Mouhamadou Makhtar Cissé. Après quarante années de service à Petrosen, le DG Mamadou Faye assiste, pour sa première, à la signature d’une décision d’investissement final (FID) en compagnie de ses partenaires de la joint-venture Rufisque Offshore, Sangomar Offshore, Sangomar Offshore Profond (RSSD) que sont Cairn Energy, Far Limited et Woodside. Cette FID est la première pour le pétrole offshore sénégalais, et la deuxième (après celle du GTA en décembre 2018), depuis l’annonce des découvertes d’envergure des ressources minérales au large du Sénégal.

La décision, signée hier après-midi à Dakar, sanctionne positivement tous les efforts et investissements consentis jusque-là dans le champ Sangomar. ‘‘Parcours long et difficile’’, estime Greg Mogan de Woodside ; ‘‘jour historique’’ pour le MEP. La satisfaction semblait le sentiment le mieux partagé. Concrètement, c’est le début d’exécution de la phase 1 de Sangomar. Il sera question de travaux de forage et de complétion soutenue. Vingt-trois puits seront forés et reliés par un système de réseau sous-marin qui seront progressivement installés en 2021 et 2023. La semaine dernière, le gouvernement sénégalais avait déjà donné son accord pour le décret d’autorisation de mise en exploitation du champ Sangomar.

Le premier baril dû est attendu en début d’année 2023, alors que 2022 était la date initiale. Un report de production qui est dû au fait que Petrosen et ses contractants à ce projet ont décidé d’acheter la plateforme de production, de stockage et de déchargement (FPSO) ‘‘au lieu de la prendre en location’’. D’ailleurs, l’approbation gouvernementale a été donnée vendredi dernier 10 janvier. Il devrait être sur les côtes sénégalaises en 2022. Les co-contractants de la joint-venture RSSD sont la Britannique Cairn Energy (via Capricorn Senegal LTD), comme opérateur courant avec 40 % de participation directe, les Australiens Woodside (35 %) et Far LTD (10 %), en plus du Sénégalais Petrosen (10 %). La compagnie nationale a la latitude d’accroitre ses fonds propres jusqu’à 18 %, pendant le développement.

‘‘Ce partenariat est un exemple concret de comment les investisseurs privés comme Woodside sont intéressés à investir durablement au Sénégal dans le long terme. Woodside va continuer à travailler sur les autres contrats en 2020 pour que le pétrole soit livré en 2023’’, avance Greg Mogan. En dehors de la signature de la FID, un accord Etat-hôte et la remise officielle du décret d’autorisation à M. Mogan ont ponctué l’après-midi.

Secteur privé et contenu local

C’est en 2004 que le contrat de recherche et de partage de la production (CRPP) portant sur ces blocs a été conclu. Il est prévu une production de 230 millions de barils de pétrole lors de la première phase dès 2023, dans ce projet pétrolier pour ‘‘lequel on n’est pas loin de 3 milliards de dollars sur la première phase’’, fait savoir Makhtar Cissé. Le pays s’achemine inéluctablement vers la production de l’or noir. Le ministre a insisté auprès de la joint-venture, de la nécessité de respecter le délai de début 2023 pour le ‘‘First Oil’’.

Cependant, c’est le secteur privé qui a plus été au centre de ses préoccupations. Ce dernier s’est inquiété des dispositions plutôt timides de la loi sur le contenu local concernant les éventuelles retombées que le privé sénégalais pourrait glaner de l’exploitation des hydrocarbures. Le ministre annonce qu’un dispositif réglementaire en appoint au contenu local, à travers la loi qui porte le même nom. Les décrets d’application de cette loi sont d’ailleurs en cours d’élaboration et devraient être publiés dans ce premier trimestre 2020.

Si le gouvernement tient à garantir la capitalisation des ressources humaines pour relever le défi, il se veut réaliste. ‘‘On encourage le secteur privé, mais il faut qu’il sache qu’aucun pays n’a jamais réalisé 50 % de contenu local du premier coup. C’est un domaine exigeant, dans lequel il ne faut pas cesser d’apprendre et de se perfectionner. Il faut commencer doucement, par 5 ou 10 %, avant d’évoluer vers des grandeurs plus conséquentes’’, a-t-il dit en wolof hier.

Conférence sur le pétrole et le gaz prévue, les 27 et 28 janvier

Ces activités nécessiteront l’implication des entreprises sénégalaises qui participeront à la chaine de valeur du projet, notamment aux activités liés à la base logistique logée au Port autonome de Dakar portant sur la fourniture de biens et services, transport des équipements et main-d’œuvre qualifiée. Greg Mogan avance que l’opportunité peut se présenter dès cette année pour les entreprises sénégalaises.

‘‘Cette année, Woodside va aussi implémenter la logistique (...) Les contractants majeurs en pétrole et gaz vont passer des contrats avec les entreprises locales, pour soutenir le développement de Sangomar. Il est prévu que des centaines de milliers de dollars seront injectés dans l’économie locale, les trois ans à venir, pour les biens et services. Des milliers d’emplois seront également créés’’, a-t-il avancé.

En tout cas, pour montrer que l’Etat du Sénégal se prépare à cette éventualité, Makhtar Cissé annonce que le chef de l’Etat va recevoir, ce 25 janvier, les cadres sénégalais de la diaspora qui travaillent pour les majors, pour une journée de concertation avec l’élite locale. Une entrevue en prélude à la conférence sur le pétrole et le gaz prévue les 27 et 28 janvier.

OUSMANE LAYE DIOP

 

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