Publié le 28 Feb 2020 - 14:37

S'il vous plaît ! Ne touchez pas à la fraternité Islamo-Chrétienne !

 

Je voudrais tout d’abord prier Dieu l’Unique, le Dieu de Moise et d’Abraham, le Dieu de Jésus et de Seydina Mohamed (PSL) pour qu’Il fasse que ma plume et mon verbe soient perçus uniquement dans le sens de l’apaisement, de l’amour et de la fraternité religieuse entre les gens du Livre en général, entre Chrétiens et Musulmans en particulier, dans ce beau pays qu'est le Sénégal.

Suite à la récente déclaration d'un citoyen sénégalais acteur politique, laquelle déclaration semble de nature à opposer les chrétiens à leurs frères musulmans, j'ai cru devoir apporter ma modeste contribution pour rappeler aux enfants de Jésus et au peuple de Seydina Mohamed (PSL), que ce fût un Moine chrétien nestorien du nom de Bahira qui découvrit le "sceau de la Prophétie » entre les deux omoplates de Seydina Mohamed (PSL), lors d’un voyage avec son oncle Abu Talib à Bosra.

Je voudrais rappeler que le peuple sénégalais, majoritairement musulman, a plusieurs fois élu et honoré son brillant fils Léopold Sédar Senghor, issu de la minorité chrétienne. En plus, les guides religieux comme Serigne Falilou Mbacké, Serigne Babacar Sy et Elhadj Seydou Nourou Tall ont souvent soutenu et prié pour le chrétien Léopold Sédar Senghor dans sa haute mission de chef de l'Etat. Par cet exemple, notre pays a administré à l'humanité toute entière, un bel exemple de tolérance et de fraternité religieuse!

Je voudrais rappeler aux enfants de Jésus et au peuple de Seydina Mohamed (PSL) que le 12 septembre 2006, le Pape Benoit XVI en visite à Ratisbonne en Allemagne, avait entamé son discours sur les rapports entre la religion et la violence. Une citation involontaire de ce discours avait déclenché de vives réactions majoritairement négatives dans le monde musulman. Mais les Chrétiens et les Musulmans du Sénégal ont su faire preuve de dépassement et demeurer sereins pour préserver l’unité nationale. Par la suite, le Pape Benoit XVI, dans sa sagesse et en toute humilité, avait exprimé ses regrets aux musulmans du Monde entier.

Si l’on revisitait l’histoire du Sénégal, il serait aisé de trouver  que des hommes d’Église comme l’Abbé David Boilat dans son livre « Esquisses sénégalaises » a tenu des propos choquants sur les marabouts, les talibés, les griots et l’ethnie Séereer. Mais le peuple sénégalais pétri de maturité, a toujours su garder son calme et sa sérénité. Il s'est gardé de répondre à la provocation. Il a choisi de préserver l’unité nationale, la fraternité religieuse et la paix sociale. De surcroît, des établissements scolaires et des amphithéâtres de notre pays portent le nom de  l'Abbé Boilat, en dépit de ses  propos inconvenants contre des segments sensibles de la société sénégalaise. Je devrais dire de notre peuple. 

Comme pour nous inviter au banquet de la raison et de la fraternité, le Coran glorieux nous rappelle l’amitié islamo-chrétien en ces termes dans la sourate Al Mahida (la table servie) sourate 5, verset 82 qui nous dit ceci : « Tu trouveras certainement que les Juifs et les associateurs sont les ennemis les plus acharnés des croyants. Et tu trouveras certes que les plus disposés à aimer les croyants sont ceux qui disent : « nous sommes chrétiens ». C’est qu’il y a parmi eux des prêtres et des moines, et qu’ils ne s’enflent pas d’orgueil.»

À ce verset fédérateur qui incite à la fraternité religieuse entre Chrétiens et Musulmans, s’ajouterait un autre verset que j’ai tiré de la Sourate Al Kaafiroun: sourate: 109, Verset 6 : « A vous votre religion et à moi ma religion ».

Par ailleurs, la Constitution de notre pays rappelle en des termes très clairs, la liberté du culte: "La République du Sénégal est laïque, démocratique et sociale. Elle assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens, sans distinction d'origine, de race, de sexe, de religion. Elle respecte toutes les croyances".

Depuis son indépendance, notre pays a enregistré dans son histoire politique, plusieurs emprisonnements inattendus, des bavures policières de toutes sortes et des condamnations à mort de citoyens sénégalais appartenant à d'importantes communautés ethniques, confrériques ou religieuses. L'histoire du Sénégal retiendra que Abdou Ndafa Faye, l'assassin de Demba Diop a été condamné à mort le 11 avril 1967, par le régime du Président Senghor.

Deux mois plus tard, Moustapha Lô qui avait tenté d'assassiner le Président Senghor lui-même, un jour de fête de la Tabaski, a subi la sentence du Tribunal devant un peloton d'exécution. C'était le 15 juin 1967! L'honorable guide religieux Cheikh Ahmed Tidiane Sy Al Makhtoum a lui aussi, été embastillé par le régime du Président Senghor. Plus tard en 1973, Oumar Blondin Diop a trouvé la mort dans la prison de Gorée le 11 mai 1973. Nous avons encore en mémoire, le cas de l'Abbé Augustin Diamacoune Senghor, Religieux chrétien et membre de l'importante communauté Diola. Il a été emprisonné à Dakar et à Thiès, suite à son rôle dans la rébellion casamançaise. Tout le monde se souvient des circonstances de la mort du dignitaire mouride Khadim Bousso, dans sa résistance face aux forces de l'ordre chargées de l'arrêter. Enfin, Cheikh Béthio Thioune de la puissante Communauté Mouride et guide des "cantaakoon" a également subi les rigueurs de la Loi pendant de longs mois en prison, avant d'être libéré provisoirement, pour raison de santé...

En dépit des détentions et condamnations spectaculaires de ces célèbres leaders d'opinion, aucun membre de leur ethnie d'origine, de leur confrérie ou de leur religion n'a lancé un appel à l'insurrection religieuse et au soulèvement populaire!

Nul ne peut accuser les musulmans du Sénégal d'ostracisme à l'endroit de nos frères chrétiens! Aucun argumentaire politique ou historique ne saurait soutenir une telle affirmation. Encore une fois, le peuple libre du Sénégal a plusieurs fois choisi d'élire son brillant fils chrétien Léopold Sédar Senghor en qualité de Chef de l'Etat. Quand je fut Conservateur du Parc Nationale du Niokolo Koba, Senghor m'a reçu plusieurs fois au palais de la République. Il ne manquait jamais de me donner quelques leçons d'organisation, de méthode, de courtoisie et de sagesse. En ce temps là, j'étais souvent envahi par la fougue de l'adolescence, comme tous les jeunes de mon âge!

Enfin, l'histoire du Sénégal retiendra pour toujours, la visite mémorable que Monseigneur Benjamin Ndiaye Archevêque de Dakar, a rendu au Khalife général des mourides, Serigne Mountakha Mbacké Bachir, à l'occasion de l'inauguration de la grande mosquée Masaalikul Jinaan, le vendredi 27 septembre 2019 à Dakar. Rien n'est plus symbolique que cette visite pour démontrer la fraternité islamo-chrétienne dans notre beau pays, le Sénégal!

Il est vrai que tous les Sénégalais ont le droit de nourrir des ambitions politiques ou personnelles, mais nul n'a le droit de dresser les Sénégalais les uns contre les autres. Nul n'a le droit d'instrumentaliser la foi des croyants Sénégalais pour des raisons autres que la religion qui nous est enseignée par le Bible et le Coran!

S'il vous plaît! Ne touchez pas à la fraternité Islamo-Chrétienne! C'est notre trésor. C'est notre source de paix, d'amour et de sécurité !

Je voudrais terminer en priant pour que l’Unique Dieu adoré par les Chrétiens et les Musulmans éteigne les flammes de la passion, de la haine et de l’incompréhension. Qu'Il insuffle aux enfants de Jésus et au peuple de Mouhamed (PSL), un vent de paix, de pardon, de concorde et d’amour, pour que paisiblement, vive le Sénégal dans l’unité nationale et la fraternité religieuse!  

Moumar GUEYE

Écrivain

Lanceur d'alerte

Grand-Croix de l'Ordre du Mérite

E-mail : moumar@orange.sn

 

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