Publié le 17 Aug 2018 - 22:14
SITUATION DE CONFLIT LATENT A NDIEBENE GANDIOLE

Le parc national de la Langue de Barbarie empiète sur les habitats des populations

 

Le foncier est devenu source de division à Ndiébène Gandiole, dans la Langue de Barbarie où le parc national étouffe les populations. Pour prévenir tout conflit dans la commune, le Forum civil y a tenu une session de renforcement de capacités de gestion du foncier.

 

Le constat est là. Le parc national de la Langue de Barbarie a empiété sur les habitats des populations de Ndiébène Gandiole. Celles-ci se sont plaintes auprès du Forum civil qui a tenu dans cette commune une session de renforcement de capacités des acteurs locaux sur la gestion foncière et la mise en place de cadres de concertation. En 1976, un décret présidentiel affectait 800 hectares pour la création de ce parc. Mais, à la grande surprise des populations, il occupe maintenant 2 000 ha. Et selon Daouda Diop, membre du Forum civil et coordonnateur du programme Bonne gouvernance foncière, cela va impacter sur les activités génératrices de revenus.

‘’Si les populations n’arrivent pas à connaître les limites du parc, cela pourrait entrainer la démolition de concessions’’, prévient-il. Il pense qu’il est temps que les autorités reviennent sur cet état de fait, pour éviter le pire entre les gardes et les populations qui ont toujours vécu dans la concorde et la paix.  L’adjointe au maire, Aminata Mbodj, a abondé dans le même sens, en se désolant de voir des pêcheurs entrer, des fois, de façon accidentelle dans le parc et souvent être arrêtés et contraints de payer des amendes. ‘’Si on n’y prend garde, la situation sera intenable’’, alerte-t-elle à son tour.

Ndiébène Gandiole souffre. L’océan Atlantique a fini d’imposer sa loi aux populations en les chassant de leur terroir. Depuis 2003, avec l’ouverture de la brèche, l’écosystème est affecté.  Des villages entiers sont rayés de la carte.  Doune Baba Dièye et autres sont envahis par les eaux de mer qui ont détruit des centaines de concessions. Des populations déportées vers d’autres zones de la commune qui s’est rétrécie avec l’empiétement du parc sur les habitats. Ainsi, les habitants sont dans une situation d’asphyxie. 

Dans ce contexte, cette session de renforcement de capacités devrait permettre aux populations de savoir gérer certains conflits fonciers. D’ailleurs, les participants ont vu dans cet atelier une aubaine. Désormais, ces acteurs locaux ont une meilleure compréhension des enjeux et problématiques de la gouvernance foncière et les voies et moyens de mettre des cadres de concertation pour la préservation ou le règlement à l’amiable des litiges fonciers dans la zone.

Le choix de cette commune est loin d’être fortuit, vu les problèmes qui y sont notés. Ce programme, déroulé dans onze départements du pays, est à la recherche de solutions consensuelles qui impliquent une participation de l’ensemble des acteurs qui interviennent dans le foncier.

Et selon le coordonnateur du Forum civil de Saint- Louis, Mame Latyr Fall, la demande croissante en ressources naturelles, l’insuffisance des ressources alimentaires, en eau et en énergie pour une population en croissance, la construction de nouvelles infrastructures et l’urbanisation galopante ont réveillé et renforcé les conflits autour des ressources naturelles, notamment le foncier. ‘’Ces défis mettent aussi à nu les insuffisances des instruments et mécanismes de gouvernance foncière au Sénégal’’, souligne-t-il. Il s’agit, entre autres, de l’iniquité dans l’accès à la terre, l’insécurité foncière, la fragilité des institutions et leur incapacité à gérer les litiges et les conflits qui en découlent, l’inefficacité et la méconnaissance des outils de gestion et de régulation foncière, la problématique de l’accès des couches vulnérables à la terre.

 Fara SYLLA

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