Publié le 7 Jan 2015 - 11:33
SITUATION DIFFICILE DES PERSONNES AGEES ET DES RETRAITES

 Le troisième âge compte manifester en février

 

Etre un vieux ou une personne âgée est doublement difficile au Sénégal. Cette période marque la fin des revenus réguliers et le début des maladies diverses. Devant les pensions modiques et l’absence de politique d’accompagnement, les retraités comptent organiser une manifestation nationale en fin février, après avoir vainement attiré l’attention des autorités sur leur sort. 

 

Suite à la publication par EnQuête d’un dossier sur le troisième âge, la semaine dernière, le mouvement national des associations de retraités et personnes âgées  du Sénégal a fait parvenir à la rédaction un document pour un complément d’informations par rapport à ce qui a été dit sur le sujet intitulé : ‘’3ème âge de galère’’. Représentant 15% de la population, si on se fie au document reçu, les personnes âgées font face à de nombreuses difficultés parmi lesquelles on peut citer «l’insuffisance d’organisation et de système de prise en charge», le coût élevé des consultations médicales, etc. 

Affectés par le poids de l’âge, ils souffrent de plusieurs pathologies dont les plus fréquentes sont la prostate, le diabète et les maladies cardiovasculaires avec des traitements coûteux et qui nécessitent un suivi. Ce qui les amène d’ailleurs à demander à l’Etat d’instaurer à leur profit une assurance médicale, avec ‘’concertation’’ préalable.

Pour ce qui est des revenus, un salarié à la retraite touche 20% à 60% d’allocation de retraite. Ceci, de façon mensuelle ou bimestrielle, quel que soit le régime auquel il est affilié. Par exemple, certaines personnes ne perçoivent que 15 000 F comme allocation. Des veufs ou veuves doivent se contenter de 50% de la toute petite pension de leur conjoint (e). Du fait de ces sommes modiques couplées à la non-activité, ils ont un accès difficile voire impossible au crédit bancaire ou à un fonds spécial d’appui et de réinsertion. Il en est de même pour l’accès à la terre et au logement.

Et pourtant, révèle le mouvement dirigé par Khassim Ndiaye, l’immense majorité des individus de plus de 60 ans supporte plus de 45% des ménages avec une dizaine de bouches à nourrir, si ce n’est davantage. Les coûts de la vie ne cessant de monter et les pensions n’étant pas revalorisées, le pouvoir d’achat des retraités s’en trouve forcément réduit. Malgré tout, le mouvement regrette que les concernés ne bénéficient d’aucune réduction dans les factures d’eau et d’électricité, ni d’un tarif préférentiel dans les transports publics, etc.

Face à tous ces problèmes, les retraités et personnes âgées ont réfléchi sur leur sort et pensent avoir trouvé les solutions pouvant rendre plus acceptable leur existence. On peut citer parmi les remèdes le paiement intégral et mensuel des pensions relevant de l’Institut de prévoyance retraite (IPRES) au même titre que les retraités de la fonction publique. Ainsi les retraités se disent surpris et rejettent la décision annoncée par le PCA de l’IPRES, Racine Sy, selon qui les pensions seront désormais mensuelles mais divisées par deux, avec une augmentation de 10%. Cette division par deux n’est pas du tout conforme aux attentes des concernés qui parlent de «goutte d’eau dans l’océan».

Une manifestation nationale

Il y a aussi la régulation demandée des pensions inférieures à 15 000 F en les indexant sur le salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG), le rétablissement à 100% de la pension de la veuve ou du veuf chef de famille. On relève également dans cette liste de solutions la suppression de la fiscalité sur les pensions, des tarifs réduits dans les transports en commun, l’assurance vieillesse universelle, l’instauration d’une minimum vieillesse pour les non-bénéficiaires de pension…

Afin de mieux faire connaître leur quotidien aux autorités, les membres du Mouvement ont écrit au président de la République, sans obtenir de réponse. Ils ont également été reçus par les dirigeants de l’IPRES. Ceux-ci leur ont fait comprendre qu’ils ne peuvent rien faire pour eux en raison d’importantes sommes dégagées. Un décaissement de 60 milliards du fonds de l’institution effectué par l’Etat et un autre de plusieurs milliards justifié par un redressement fiscal. Un argument balayé par les retraités qui rappellent que l’IPRES a toujours bénéficié d’une exonération. Convaincus sans doute que l’autorité n’est pas encore prête à se pencher sur leur sort, les membres des différentes associations comptent faire ‘’un appel au peuple’’ à une manifestation nationale, avant fin février 2015. 

BABACAR WILLANE

 

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