Publié le 6 Mar 2020 - 22:41
SITUATION DU COVID-19 AU SENEGAL

Pas de nouveau cas détecté 

 

Le Sénégal n’a pas enregistré de nouveau cas du Covid-19, hier. Pour le moment, le pays ne compte que 4 patients confirmés. Cependant, le monde est confronté à une pénurie d’équipements de protection. C’est pourquoi l’Organisation mondiale de la santé demande aux gouvernements et aux fabricants une augmentation de la production de 40 %.

 

A chaque tragédie, son livre de chevet. Les Sénégalais, gagnés par l’inquiétude de la recherche des cas suspects et de l’arrêt de la propagation du Covid-19, retiennent leur souffle. Il est prématuré d’évoquer une ruée comparable au phénomène enregistré dans certains pays d’Europe touchés. Mais il ne faut pas paniquer. Même si la situation ressemble à une équation inconnue, hier, aucun nouveau cas n’a été détecté au Sénégal.

Selon le directeur de cabinet du ministre de la Santé et de l’Action sociale, Docteur Aloyse Waly Diouf, ce jeudi, l’Institut Pasteur de Dakar a notifié au ministère de la Santé les résultats des tests virologiques effectués sur dix cas suspects au Covid-19. ‘’Les neufs cas suspects sont des sujets contacts identifiés, après les investigations de nos services. Le dixième cas suspect a été identifié au niveau de Keur Ayib. Les dix tests effectués sont revenus négatifs. L’état de santé des quatre patients précédemment déclarés positifs est stable. Le suivi des sujets contacts se poursuit’’, déclare Dr Aloyse Diouf.

Ailleurs, les écoles sont fermées à partir de ce jeudi et pour deux semaines en Italie, afin de se prémunir contre le coronavirus qui pousse le monde à s'équiper pour se protéger et à annuler nombre d'événements.

Personnel soignant en danger

Par ailleurs, au moment où tous les pays touchés luttent contre cette épidémie, la pénurie d’équipements de protection individuelle ‎met en danger le personnel soignant dans le monde ‎entier. C’est pourquoi l’Organisation mondiale de la santé (OMS) lance un appel aux gouvernements et aux fabricants en faveur d’une ‎augmentation de 40 % de la production face à une demande mondiale croissante. L’Organisation mondiale de la santé souligne que les problèmes croissants d’approvisionnement en équipements de protection individuelle (EPI) dus à une demande plus forte, aux achats paniques, à la constitution de stocks et à l’usage abusif mettent des vies en danger, face au nouveau coronavirus et à d’autres maladies infectieuses.

 Les soignants ont besoin de ces équipements pour se protéger eux-mêmes et éviter que leurs patients soient infectés ou infectent autrui. Or, en raison de la pénurie, les médecins, le personnel infirmier et les autres agents de santé en première ligne sont dangereusement sous-équipés pour soigner les patients atteints de Covid-19. Cela, du fait de leur accès limité aux gants, masques médicaux, respirateurs, lunettes de protection, écrans faciaux, blouses et autres tabliers.

L’OMS demande l’augmentation de la production d’équipements de protection de 40 %

Comme l’a fait observer le directeur général de l’OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, ‘’si la stabilité de la chaîne d’approvisionnement n’est pas garantie, le personnel de santé court un risque réel, partout dans le monde. Les fabricants et les gouvernements doivent agir d’urgence pour augmenter la production, atténuer la restriction des exportations et mettre en place des mesures propres à empêcher la spéculation et la constitution de stocks abusifs. Nous ne pourrons pas vaincre le Covid-19 sans protéger d’abord les agents de santé’’.

D’ailleurs, les prix sont montés en flèche. Ceux des blouses ont doublé, ceux des respirateurs N95 triplé et ceux des masques chirurgicaux sextuplé. Le réapprovisionnement peut prendre plusieurs mois et les marchés sont largement manipulés, avec des produits souvent vendus au plus offrant. Jusqu’ici, l’OMS a fourni près d’un demi-million d’équipements de protection individuelle à 47 pays, mais les stocks s’épuisent rapidement. D’après les modèles de l’OMS, les besoins pour la riposte au Covid-19 concernant les masques médicaux, les gants utilisés pour les examens médicaux et les lunettes de protection sont estimés respectivement à 89 millions, 76 millions et 1,6 million par mois. Les récentes recommandations de l’OMS insistent sur l’usage rationnel et approprié des EPI, dans le cadre des soins de santé et sur la gestion efficace des chaînes d’approvisionnement.

L’Organisation mondiale de la santé collabore avec les gouvernements, les fabricants et le Réseau des chaînes d’approvisionnement en cas de pandémie, pour renforcer la production et assurer l’approvisionnement aux pays les plus touchés et aux pays à risque. Pour répondre à la demande mondiale croissante, elle estime qu’il faut augmenter la production de 40 %. Les gouvernements devraient prévoir des incitations pour amener les fabricants à produire davantage et, par exemple, réduire les restrictions concernant les exportations et la distribution des équipements de protection individuelle et autres fournitures médicales. L’OMS fournit quotidiennement des recommandations en appuyant la stabilité des chaînes d’approvisionnement et en livrant du matériel essentiel aux pays qui en ont besoin. 

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VIRUS COVID-19 DANS LE MONDE

Chamboulement et branle-bas de combat

L'Italie, premier foyer européen qui a passé mercredi la barre des cent morts (107 morts pour 3 089 cas) a pris des mesures exceptionnelles. Toutes les écoles et universités sont fermées à partir d’hier et jusqu'au 15 mars. Les autres Etats luttent comme ils peuvent. Le FMI, la Banque mondiale et la Fed annoncent des mesures.

Le Premier ministre italien, Giuseppe Conte, n'a pas exclu que les hôpitaux puissent être débordés, en cas de croissance exponentielle des cas graves. Selon lui, non seulement l'Italie, mais aucun pays au monde ne pourrait affronter une telle situation. En quelques semaines, les masques, gels désinfectants, gants ou combinaisons de protection sont devenus des denrées rares dans de nombreux pays. Après la France qui a réquisitionné les stocks et la production des masques, la Russie a interdit, mercredi, l'exportation de matériel médical de protection, imitée par l'Allemagne. Le ministre allemand de la Santé, Jens Spahn, a osé pour la première fois prononcer le mot de "pandémie", affirmant que "l'épidémie de coronavirus en Chine (s'était) transformée en pandémie mondiale", à l'heure où Covid-19 touche 81 pays et territoires, a infecté près de 95 000 personnes et fait plus de 3 200 morts. La compagnie aérienne allemande Lufthansa a annoncé, avant-hier, qu'elle allait immobiliser 150 de ses appareils, soit un cinquième de sa flotte, en raison de la baisse du trafic aérien résultant de l'épidémie.

Le nouveau coronavirus affecte, dorénavant, tous les continents, sauf l'Antarctique, et perturbe la vie quotidienne dans un nombre croissant de pays. Face au danger, les autorités annulent ou reportent tout événement ou rassemblement susceptible de propager la maladie.

L’Euro de football et les JO de Tokyo en suspens

A Londres, les producteurs du nouveau James Bond, "No time to die" ("Mourir peut attendre") ont annoncé le report de sa sortie mondiale en novembre. Les compétitions sportives sont également chamboulées. En Italie, toutes les rencontres, y compris les matchs de football, devront se tenir à huis clos jusqu'au 3 avril. Le sort de deux événements sportifs majeurs est en suspens : l'Euro de football (12 juin-12 juillet) et les Jeux olympiques de Tokyo (24 juillet-9 août). Les rassemblements religieux sont également ciblés. L'Arabie saoudite a décidé de suspendre temporairement la Oumra - le petit pèlerinage musulman entrepris tout au long de l'année.

En France, le sanctuaire de Lourdes, qui attire chaque année des millions de pèlerins catholiques, a annoncé qu'il fermait ses piscines, les bassins sacrés où environ 350 000 personnes s'immergent chaque année. L'Africa CEO Forum d'Abidjan, qui devait rassembler, les 9 et 10 mars, 1 800 décideurs économiques et politiques dont plusieurs chefs d'Etat, a été "reporté à une date ultérieure", selon les organisateurs. Le Louvre, le musée le plus visité au monde, qui était fermé depuis dimanche, a en revanche rouvert ce mercredi.

La patronne du Fonds monétaire international, Kristalina Georgieva, a déclaré mercredi que cette crise appelait "une réponse au niveau mondial", tandis que les pays membres de l'institution ont promis "tout le soutien nécessaire pour limiter l'impact" de l'épidémie et restaurer la croissance. La Banque centrale américaine (Fed), la plus puissante du monde, avait baissé en urgence mardi ses taux d'intérêt, une décision inédite depuis la crise financière de 2008.

Mardi, le G7, qui regroupe les six pays occidentaux les plus riches et le Japon, avait évoqué la possibilité de recourir à la relance budgétaire. De son côté, la Banque mondiale va débloquer d'urgence 12 milliards de dollars pour aider les pays à contenir l'épidémie. Sans pouvoir encore évaluer précisément l'impact économique du coronavirus, le FMI a confirmé que la croissance mondiale serait, en 2020, "inférieure" à celle de 2019.

La barre des 3 000 morts franchie

Le virus continue de progresser dans le monde, mais il ralentit dans deux des pays les plus durement touchés. Il s’agit de la Chine et de la Corée du Sud. En Chine continentale, où l'épidémie a pris naissance en décembre dernier, le bilan a franchi jeudi matin la barre des 3 000 morts. Avec 31 nouveaux décès, le total fait 3 012. Mais la quarantaine à laquelle Wuhan, épicentre de l'épidémie, et sa province centrale du Hubei sont soumises depuis fin janvier, ainsi que la limitation des voyages dans le pays, semblent porter leurs fruits, avec une tendance à la baisse des nouveaux décès, ces dernières semaines.

Le pays s'inquiète toutefois de nouvelles contaminations depuis l'étranger. Au moins 13 Chinois rentrés de l'étranger ont été réinfectés, ces derniers jours, dont 8 mardi, de retour d'Italie, troisième plus gros foyer après la Chine et la Corée du Sud. Les voyageurs qui arrivent à Pékin en provenance de la Corée du Sud, de l'Italie, de l'Iran et du Japon se retrouvent désormais en quarantaine pendant 14 jours. En Chine, le manque initial d'équipements de protection a entraîné la contamination de milliers de médecins et infirmières. Le pays a depuis converti des lignes de production de manteaux, couches et même téléphones portables pour fabriquer masques et combinaisons intégrales.

Les pays encore épargnés se font moins nombreux chaque jour. Des premiers cas ont été annoncés en Pologne, en Argentine, au Chili, au Sénégal, en Hongrie, en Slovénie ou à Gibraltar ainsi que deux cas au sein des institutions européennes. L'Irak a fait état de son premier décès au Kurdistan et l'Espagne déplore son deuxième mort.

Aux Etats-Unis, deux nouveaux décès mercredi ont porté le bilan à 11 morts et le Congrès a accepté de débloquer plus de 8 milliards de dollars pour endiguer l'épidémie. Le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, a déclaré un état d'urgence dans l'Etat, après avoir annoncé que le coronavirus avait tué un patient près de la capitale Sacramento, la première victime répertoriée hors de l'Etat de Washington (Nord-Ouest), depuis le début de l'épidémie sur le sol américain.

A un mois de la Pâque juive, qui attire en Israël des milliers de juifs du monde entier, le pays, qui recense 15 cas, impose désormais une quarantaine de deux semaines aux voyageurs en provenance de France et de plusieurs autres pays européens (Allemagne, Suisse, Espagne et Autriche).

VIVIANE DIATTA

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