Publié le 2 Jun 2020 - 22:39
SITUATION PANDEMIQUE

Un calvaire sans fin pour les acteurs économiques

 

Nonobstant les mesures d’assouplissement qui ont été prises par le président de la République, la pandémie de Covid-19 continue de frapper de plein fouet bien des acteurs du tissu économique.  

 

Ça ne décolle toujours pas. Malgré les mesures d’assouplissement prises par l’Etat du Sénégal, plusieurs secteurs de l’économie nationale restent à terre. Les acteurs tentent difficilement de se relever, mais se heurtent encore à certaines mesures restrictives de l’Administration. Chez les transporteurs, on plaide pour une levée immédiate de l’interdiction des déplacements entre régions.

Se fondant sur les dernières mesures du chef de l’Etat, le premier adjoint au secrétaire général du Syndicat national des transports routiers, affilié à la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal, Pierre Mbakhane Gomis, s’exprime : ‘’La situation est catastrophique. Nous demandons au président de la République et à son gouvernement de lever rapidement cette mesure (l’interdiction du transport interurbain) qui ne s’explique plus, dès lors qu’on admet que le virus n’est plus un étranger qui doit quitter le pays. Pour moi, la conséquence logique de la dernière sortie du président, c’est la levée de ces restrictions, mais en respectant scrupuleusement les mesures barrières.’’

Très éprouvé par la pandémie, le secteur des transports ne profite pas pleinement des mesures d’assouplissement. Même si une amélioration a été notée pour les acteurs du transport urbain, avec le relèvement du nombre de passagers par véhicule, l’autorisation des déplacements intra-régions, etc. ‘’A partir de ce moment, et à partir de l’ouverture des lieux de culte, des marchés, des classes, des ‘loumas’, de l’autorisation du retour des paysans chez eux… le débat doit être clos. Il faut rouvrir les gares routières, car les gens sont étouffés. Nous devons nous adapter à ce virus qui est appelé à rester dans le pays. Telle est la lecture qu’il faut avoir de la dernière sortie du chef de l’Etat et le gouvernement doit en tirer toutes les conséquences’’, affirme M. Gomis.

Revenant sur les impacts, le syndicaliste soutient que ce sont des milliers de travailleurs qui, du jour au lendemain, se sont ainsi retrouvés sans revenu, sans sou. ’’Imaginez, dit-il, combien de milliers de véhicules ont été mis à l’arrêt : les bus, les minibus, des ‘ndiaga ndiaye’, les ‘7 places’… Le transport, c’est une très grande famille. Autour de chaque véhicule, il y a le chauffeur, l’apprenti, le propriétaire ainsi que les familles de tout ce beau monde. Il y a aussi les taxes municipales qu’il paie, l’argent que percevait la douane…. Et je ne parle même pas encore du vendeur de carburant, ainsi que toutes les petites activités dans les gares routières et sur la route…. Les dégâts sont énormes et il faut que l’Etat pense à la condition de tous ces Sénégalais.’’

Chez les commerçants, ‘’les pertes sont aussi incommensurables’’, tient à préciser Alla Dieng de l’Unacois-Yessal. Il confie : ‘’Les mesures restrictives ont durement éprouvé les membres de l’Unacois qui sont dans tous les secteurs. C’était devenu intenable, surtout dans les régions, avec la fermeture des ‘loumas’. Les échos qui nous parvenaient de nos membres n’auguraient rien de bon, car ces ‘loumas’ ont un caractère de subsistance dans les régions. C’était donc devenu intenable. Heureusement que le chef de l’Etat a eu une lecture correcte de la situation et a pris ces mesures.’’
 
Soutien indéfectible de l’Etat dans cette croisade contre la pandémie de Covid-19, l’Unacois-Yessal estime que la goutte d’eau qui avait fini de faire déborder le vase a été surtout la décision du préfet de Dakar d’alterner l’ouverture des commerces au niveau des marchés. Avec l’assouplissement, il témoigne : ‘’Les gens soufflent certes un peu, mais nous ne sommes toujours pas totalement tirés d’affaire. Il faut savoir que certains des membres de notre structure mènent l’essentiel de leurs activités la nuit. En ce qui concerne les commerces également, il y a les heures de fermeture qui demeurent. Mais je dois dire que nous allons continuer à soutenir toutes les mesures de l’Etat allant dans le sens de lutter contre ce virus.’’
 
Si, dans les transports et le commerce, quelques efforts allant dans le sens d’un dégel ont été notés, dans le milieu de la restauration, tout est encore à l’arrêt. A en croire le président de l’Aphor (Association des professionnels de l’hôtellerie et de la restauration) Pape Beranger Ngom, les restaurants ne peuvent pas rouvrir à cause du couvre-feu. ‘’En dehors, par exemple, des restaurants qui se trouvent en ville et qui vendent surtout à des gens de l’Administration et de quelques entreprises, la grande majorité des restaurants marchent la nuit. Tant que le couvre-feu ne sera pas levé, s’ils ouvrent aussi, ils ne font pas recettes. Je pense que les gens sont obligés de fermer encore boutique, en attendant que les choses reviennent à la normale. C’est trop risqué d’ouvrir dans les conditions actuelles’’.
 
Toujours égal à lui-même, le président de l’Aphor interpelle l’Etat sur le respect, par les hôteliers, des prescriptions gouvernementales visant le maintien des emplois. Selon lui, beaucoup de patrons n’ont pas respecté la disposition concernant à payer à leurs travailleurs au moins 70 % de leurs salaires. ‘’Or, ça doit être la contrepartie du dispositif de financement et d’appui mis en place par le gouvernement. Nous demandons donc aux autorités d’être très regardant sur ces questions’’. Monsieur Ngom peste, aussi, contre les trois milliards accordés au patronat, dans le cadre du crédit hôtelier.
 
Par ailleurs, dans le transport et le commerce, on attend avec impatience les financements promis par le gouvernement. Pour les premiers, il s’agit de 5 milliards 250 millions F CFA répartis comme suit : Dakar Dem Dikk 600 millions par mois pendant 3 mois (avril, mai juin), Aftu 500 millions par mois pour les trois mois. Pour le transport interurbain, il est promis 400 millions par mois et enfin 50 millions pour les garages. Mbakhane Gomis précise : ‘’Certes, ça ne suffit pas à rembourser tout le préjudice subi, mais l’Etat n’était pas obligé de le faire. C’est pourquoi nous ne pouvons que l’en remercier. Mais imaginez, même pour une voiture qui rapportait 10 000 F par jour, c’est 900 000 F les trois mois. C’est sûr que les gens n’auront pas ce montant.’’
 
Du côté de l’Unacois-Yessal, l’on se bat surtout pour que le secteur informel ne soit pas oublié dans la clé de répartition des financements. ‘’J’en ai parlé au ministre dernièrement. Nous avons décelé dans le document de base quelques obstacles qui pourraient exclure du circuit bon nombre des acteurs de l’informel. Or, l’économie informelle représente plus de 90 % du tissu économique’’ ; souligne Alla Dieng.
 
Ces critères qui risquent d’exclure le secteur informel du fonds de 200 milliards destinés au financement des entreprises
 
Il ressort du document de présentation du mécanisme de financement des entreprises impactées par la crise, que l’Etat impose un certain nombre de critères pour avoir accès aux crédits. D’abord, il faut retenir que, dans les 200 milliards F CFA, 100 milliards sont réservés aux PME dont le chiffre d’affaires varie entre 100 millions et 2 milliards F CFA. Les autres 100 milliards sont réservés aux grandes entreprises avec un chiffre d’affaires supérieur à 2 milliards F CFA. Ce qui signifie qu’une bonne partie des PME n’ayant pas 100 millions de chiffre d’affaires sont exclues de ce mécanisme de financement dont le taux est de 3,5 % pour une maturité entre 3 et 6 ans, avec un différé de paiement de 1 an.
 
A en croire les services du ministère de l’Economie, du Plan et de la Coopération, le montant maximal pour les prêts est limité à la masse salariale brute. Parmi les critères d’éligibilité à ces fonds, il faut être immatriculé au RCCM avant le 29 février 2020, avoir au moins 5 employés en CDI ou CDD à la même date, avoir perdu au moins 33 % de son chiffre d’affaires du fait de la pandémie. Il faut aussi déposer les états financiers des trois dernières années, entre autres. Ce qui est hors de portée de la plupart des entreprises de l’informel.  
 
Toujours pour bénéficier de ces fonds, il faut également justifier non seulement du maintien des employés, mais aussi du paiement de 70 % au moins de leurs salaires. En outre, l’Etat impose l’utilisation de ces fonds soit dans le paiement des salaires et coûts fixes pour une durée de trois mois, soit dans des investissements permettant le maintien de l’activité. Il ne faudrait pas non plus payer des dividendes avant le règlement de toutes les échéances dues au titre du prêt pour l’exercice écoulé, ni rembourser un prêt d’actionnaire, encore moins payer des intérêts sur compte courant associé.
 
MOR AMAR

 

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