Publié le 8 Jan 2021 - 22:43
STRATEGIE DE VACCINATION

Le double jeu du Sénégal

 

Membre éminent de l’Initiative Covax qui regroupe 170 pays dans le monde et d’importantes structures telles que l’Organisation mondiale de la santé, le Sénégal veut passer, parallèlement à cette initiative, une commande importante de vaccins.

 

C’est un secret de Polichinelle de dire que le Sénégal s’active dans la recherche de vaccin. Un vaccin très attendu par beaucoup de pays, même s’il ne fait pas l’unanimité chez les populations. Hier, au cours de la rencontre avec la presse, le ministre de la Santé et de l’Action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr, a confirmé que le pays est en train de se préparer, depuis le début, à la perspective de la vaccination.  Il est dans une alliance de 170 pays qui ont décidé de se mettre ensemble pour la vaccination.

A l’en croire, cette initiative est d’ailleurs dans sa phase finale. ‘’Normalement, à la fin du premier trimestre de l’année 2021, nous devons recevoir les vaccins homologués dans l’Initiative Covax. Le moment venu, nous allons choisir parmi ces vaccins, selon des critères biens déterminés’’, a souligné le ministre de la Santé.

Mais depuis la dernière réunion du Comité national de gestion des épidémies (CNGE) avec le chef de l’Etat, de nouvelles instructions ont été émises.

Le président Macky Sall a, en effet, décidé de donner au Sénégal sa propre opportunité d’aller acquérir des vaccins. Cette décision phare, précise Abdoulaye Diouf Sarr, a occasionné une commande extrêmement importante de la part du président. Pourquoi cette commande ? Diouf Sarr explique : ‘’Parce que le chef de l’Etat dit que c’est très bien de continuer avec l’Initiative Covax, mais il faut aussi se donner une opportunité supplémentaire. J’allais dire même complémentaire, en nous permettant d’aller acquérir d’autres vaccins dans une initiative qui nous est propre, mais complémentaire à celle de Covax.’’

D’ailleurs, dès mercredi, le comité qui est en train de finaliser la stratégie, va déposer sur la table du chef de l’Etat cette commande extrêmement importante. Celle-ci permet au pays, en plus de ce qu’il fait dans l’alliance Covax, d’aller sur le marché pour acquérir des vaccins. 

Pour ce qui est du financement de cette commande, le ministre rassure : ‘’L’Etat va se donner tous les moyens de vacciner sa population. Sur la base d’une stratégie, l’Etat a déjà identifié des cibles. Après celles-ci, on entrera dans une campagne qui permettra de protéger les Sénégalais de manière globale.’’

S’agissant toujours du vaccin, le Sénégal a plusieurs candidats. Chaque vaccin suit un processus. C’est cela la démarche scientifique. Ce qui conforte Diouf Sarr dans ses propos soutenant qu’un vaccin s’évalue et dans l’évaluation, il n’y a pas les mêmes degrés d’efficacité. ‘’Mais nous allons prendre le vaccin qui, du point de vue de ses spécifications, sera plus efficace pour protéger nos populations’’, précise-t-il.  

Par ailleurs, le ministre a expliqué la situation dans les régions de Dakar et de Thiès. De l’avis de Diouf Sarr, 90 % de la contamination, depuis le début de la pandémie, se situe au niveau de Dakar et Thiès. Ce qui pourrait s’expliquer par le fait que c’est dans ces régions que le taux de circulation des personnes est le plus élevé. Aussi, c’est dans les localités où les occasions de regroupement sont d’un niveau assez élevé. D’où la décision d’y décréter l’état d’urgence.

Mais rien n’est définitif, met-il en garde : ‘’Nous sommes dans une perspective évolutive. Nous constatons l’évolution des choses et à chaque moment, nous avisons pour éventuellement réajuster la stratégie. Si la propagation se poursuit ailleurs, nous allons prendre des mesures pour y faire face. Cela veut dire que, pour la santé de nos populations, il faut rester vigilant et ne ménager aucun effort pour prendre les mesures pertinentes, au bon moment et au bon endroit.’’

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ABDOULAYE DIOUF SARR

Les raisons de la cascade de décès

Le nombre de cas graves et de décès devient de plus en plus inquiétant, avec cette deuxième vague. Pour le ministre de la Santé Abdoulaye Diouf Sarr, il faut une précocité dans la prise en charge, pour éviter la multiplication des cas graves et donc des décès.

Depuis l’annonce de la deuxième vague, le nombre de décès et de cas graves ne cesse de croitre. Une situation qui préoccupe énormément les populations. Déjà, dans le bilan d’hier, il y a eu 5 décès et 35 cas graves sont pris en charge dans les services de réanimation des différents hôpitaux. Abdoulaye Diouf Sarr analyse le grand problème occasionnant les décès et les cas graves à deux niveaux. 

D’abord, fait-il remarquer, il y a une corrélation parfaite entre le nombre de cas, le nombre de décès et le nombre de cas graves. ‘’Donc, si le nombre de cas augmente de cette manière exponentielle, il faut s’attendre à ce que le nombre de cas graves augmente. De manière corrélative, s’attendre aussi à ce que le nombre de décès augmente’’.

Selon lui, la solution, c’est surtout la précocité de la prise en charge. Ce qui n’est pas toujours le cas. ‘’Beaucoup de patients arrivent à la dernière minute. Je lance un appel, de la manière la plus solennelle, pour que les populations, de manière globale, amplifient ce message. Il faut lutter contre la stigmatisation, lutter contre le déni et demander aux personnes malades dans les domiciles de ne pas se cacher, de se présenter aux structures de santé, le plus tôt possible. Cela nous donnera les meilleures chances de les sauver’’, supplie-t-il.

Par rapport à l’évolution des statistiques, il rappelle qu’au mois d’août, le Sénégal était à un nombre global de plus de 3 000 cas. Au mois de septembre, la courbe a chuté à 1 000. Au mois d’octobre, à plus de 600 et en novembre, à 400 et quelques cas. Le ministre de la Santé de préciser : ‘’On disait, en son temps que, toute chose étant égale par ailleurs, nous pouvons maitriser la pandémie. Mais il s’est passé, il faut le reconnaitre pour s’en désoler, un relâchement global qui nous a occasionné dès le mois de décembre une recrudescence de la situation. On s’est rendu compte que de 477 cas au mois de novembre, on est reparti à 3 000 cas au mois de décembre ; soit l’équivalent presque à la situation du mois d’août. Donc, il était important de le reconnaitre’’, fait-il savoir. 

De l’avis du ministre, les mesures prises avant-hier, c’est pour revenir à l’écosystème d’une riposte efficace pour tout le monde.

En ce qui concerne les tests, il rappelle que le Sénégal n’est pas dans une logique de tester toute la population. Les cibles des tests restent encore les cas suspects et les voyageurs. Selon Abdoulaye Diouf Sarr, il n’y a pas de soucis à se faire du point de vue de la disponibilité des tests. D’autant plus, a-t-il annoncé, que la plateforme Diatropix va permettre de produire au niveau national des tests de diagnostic rapide.  ‘’D’ici la fin du mois de janvier, la production sera suffisante pour lancer dans nos systèmes de santé les tests de diagnostic rapide. Je peux rassurer et dire que, par rapport aux tests, le Sénégal est confortable en termes de stock et de possibilité de faire des tests’’, souligne le ministre de la Santé et de l’Action sociale.

On en sait un peu plus sur la maladie des pêcheurs. Hier, le chef du département de la Santé a affirmé qu’ils ont reçu une première réponse de leurs partenaires de Nantes. ‘’Ils nous disent que la piste algale s’avère sérieuse. D’ailleurs, la même maladie a été identifiée à Cuba, avec exactement les mêmes formes. Et une investigation est bien en cours à ce niveau pour une dernière confirmation de la perspective’’, informe le ministre. 

De plus, souligne-t-il, il faut éviter de confondre vitesse et précipitation, car il s’agit d’études scientifiques sérieuses. Les investigations sont toujours en cours pour une dernière perspective.

En début du mois de novembre, une étrange maladie est apparue dans plusieurs localités du Sénégal. Elle infecte les pêcheurs qui reviennent de mer. Ils ont des lésions souvent graves. Plusieurs cas ont été identifiés. Parmi lesquels 18 ont été hospitalisés.

V. DIATTA ET M. AMAR

 

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